« Le calendrier de l’Avent » de Catherine Dutigny, un livre qui donne furieusement envie de faire souffler l’esprit de Noël tout au long de l’année:-)

Pour avoir déjà lu avec délectation, puis chroniqué ici même le dernier ouvrage en date de Catherine Dutigny, « Blog-Not », c’est bien volontiers que je m’apprête à présent à souffler avec vous, fidèles lecteurs ou nouveaux arrivants, les dix premières bougies de son fabuleux calendrier de l’Avent, toujours et encore disponible via la plateforme Amazon Kindle sous forme numérique ou imprimée, à votre convenance🙂

 

 

À vrai dire, je me doutais bien, d’entrée de jeu, que l’histoire n’allait pas s’en tenir à la simple promesse d’un conte de Noël légèrement surréaliste qu’il y a de quoi lire à raison d’un chapitre par jour comme on ouvrirait soigneusement une porte après l’autre à la manière d’un adulte discipliné, ou dévorer tout aussi bien d’un seul tenant comme le ferait un enfant impatient de partir à la conquête de sensations gustatives nouvelles au gré des friandises qui s’y cachent… Et en effet, on ne tarde pas à y découvrir qu’Abel, ce retraité au quotidien apparemment anodin, qui se trouve avoir acheté un peu par hasard un calendrier de l’Avent de l’an de grâce 1889, et être rongé de curiosité à la perspective d’en percer les secrets, transforme sa vie et celle de nombreux autres congénères, humains ou animaux, en une formidable aventure au fil des jours et des vœux qui les accompagnent.

Particulièrement scrupuleux dans l’exécution des 24 consignes quotidiennes que lui distillent les mystérieux auteurs de ce calendrier, animé d’une bonne volonté à toute épreuve, prêt à se réconcilier avec ses ennemis ou à se frotter aux affres d’Internet dès les dernières lueurs de 2008 pour aller au bout de son désir de vaincre effectivement ses démons les plus tenaces, Abel insufflera ainsi un vent d’amour, de tendresse, d’espérance, de tolérance et de concorde parmi des esprits parfois très refermés sur eux-mêmes jusque-là, et réalisera, presque avec le même degré de hasard que celui qui avait prévalu à l’acquisition du calendrier, l’un de ses vœux personnels les plus chers… Comme quoi, il arrive que bonté et persévérance soient encore récompensées en ce bas monde:-)

 

 

Les détails de l’intrigue, je vous invite évidemment à les découvrir au gré des pages de ce livre d’une émouvante beauté où Catherine Dutigny manie une fois encore, mieux que tant d’autres, une riche palette de mots, de sentiments et d’univers, tout à l’image de l’originalité et du vécu des divers protagonistes. Tantôt d’une ironie aigre-douce et raffinée, tantôt avec sérieux et gravité, tantôt dans un registre enjoué, elle parvient sans mal à nous faire osciller entre rire aux éclats et larmes de crocodile, expectative et satisfaction d’assister à des retournements aussi réjouissants qu’inattendus pour tous ces personnages qu’elle sait nous décrire avec tant d’empathie et d’attention qu’ils nous semblent si attendrissants, qu’il ne reste qu’à les aimer pour ce qu’ils sont, avec leurs forces et leurs faiblesses !

 

 

Certes, c’est une histoire de Noël à la base, avec tout juste ce qu’il faut de références et de magie pour sentir monter la fièvre de l’impatience à mesure qu’approche le fatidique Minuit Chrétien. Mais pour qui, comme moi, veut croire à l’universalité et à l’intemporalité du message de Noël, tout aux antipodes de la dimension commerciale qu’on a trop coutume de donner à cette fête, pour qui veut encore croire à la force du cœur par delà les barbelés qui se dressent par trop souvent entre les religions, les cultures ou les territoires,  c’est assurément un ouvrage qu’il n’y a aucun mal à lire à tout moment de l’année pour redonner lumière, chaleur et énergie à son âme, à le lire à haute voix ou l’offrir à tous ceux, petits ou grands, de 7 à 127 ans, qui s’autorisent encore à croire qu’il y aura toujours du bon en eux-mêmes, dans les autres et dans notre avenir commun… !

 

 

Excellente lecture à vous, et joyeux Noël, donc;-):-)

« Cactus Orchidée » d’Emma Casanove, un merveilleux hymne à l’amitié et à la découverte de soi, par delà la logique et les convenances sociales

Dans le cadre de mes sérieuses résolutions pour une année 2018 déjà bien entamée, mais encore loin d’avoir trahi le gros de ses secrets, j’ai décidé de me remettre à alimenter de mes nouveaux écrits à la fois le présent blog, ainsi que son frère jumeau sur Blogger, la plateforme de Google. Et pour l’heure, je commencerai par republier ma critique initialement postée sur Amazon / Kindle, au sujet de la première nouvelle en date d’Emma Casanove, écrivaine aux origines et aux influences multiples que je suis avec beaucoup d’intérêt sur Facebook et Twitter depuis quelques années, parue à l’automne 2012 aux éditions Chloé des Lys

Couverture de l'ouvrage Cactus Orchidée d'Emma Casanove

Tout commence par une relation a priori impossible parce que contraire aux conventions, aux exigences sociales, par une amitié forte, de plus en plus passionnelle entre deux êtres tellement plus insondables et à fleur de peau qu’il n’y paraît. D’une part, il y a Zoé, 40 ans, professeur d’espagnol fraîchement nommée directrice de sa fac, mère de famille dont l’hyperactivité, la réussite, le souci d’exemplarité et de perfection sont paradoxalement à l’image des doutes et de l’insatisfaction qui la rongent de l’intérieur ; et de l’autre, Thomas, 20 ans, l’un de ses nombreux étudiants, dont le vécu parfois aux confins de l’inavouable, les non-dits, et le cheminement psychique ne cessent de tendre à Zoé le miroir de ses propres questionnements. De leur complicité et de la complexité de ces liens, scrutés, jugés, discrètement moqués ou jalousés de toutes parts, naîtront des échanges fusionnels, parfois d’une violence et d’une sincérité d’autant plus inouïes que chacun de ces deux personnages se révèle alors à l’autre et à lui-même dans ce qu’il a de plus irrationnel…

Ce livre étant avant tout à l’image de la vie, avec ses trajectoires rarement rectilignes ou son lot de rebondissements spectaculaires auxquels le destin arrache les protagonistes de justesse, mais si bien écrit, si captivant que le suspense demeure intact jusqu’à la dernière phrase, cette amitié durera jusqu’à ce que Thomas découvre un secret qu’il n’aurait même jamais imaginé enfoui dans les tréfonds de son corps, et que Zoé, pour sa part, manque de porter le coup de grâce à son couple… À moins que leurs chemins ne se recroisent aux antipodes, et fassent un jour l’objet d’une suite… ???

Par ce tout premier ouvrage, publié il y a déjà plus de cinq ans, certes, mais qui n’a assurément pris aucune ride, Emma Casanove nous livre donc ici une émouvante et passionnante histoire, toujours agrémentée de très intéressantes réflexions sur la vie, l’amour ou la frontière entre celui-ci et l’amitié, enrichi de très fines description du monde intérieur de Zoé et Thomas, avec tout ce que cela suppose de tourments de leurs âmes en quête de nouveaux repères ! Un livre qui m’a vraiment bouleversé, que je vous conseille donc chaleureusement, et qui me donne bien envie d’en lire d’autres, de la même autrice:-)

Pour de plus amples renseignements sur Emma Casanove, notamment ses autres ouvrages et les moyens de vous les procurer dans le format de votre choix, le cas échéant, ou pour suivre tout simplement son actualité en-dehors des habituels réseaux sociaux, rendez-vous sur son site, emmacasanove.fr🙂

SUR UN AIR D’AMOUR-CLASH : « LILA » DE LAURENCE DÉLIS, MA SUGGESTION LITTÉRAIRE DE JUIN:-)

Ne souhaitant pas m’arrêter en si bon chemin après ma recommandation de lecture du mois dernier et ma version française des paroles de « 99 Luftballons » d’il y a près de deux ans, j’ai choisi de continuer à emprunter le pont entre les arts, et de vous suggérer aujourd’hui, en lien avec le refrain de « Should I Stay Or Should I Go » dont je vous proposerai une traduction en rimes en toute fin de billet, de lire le premier roman d’une autre fidèle amie des mondes virtuels, à savoir « Lila » de Laurence Délis, paru à l’automne 2015 aux éditions Ipagination, disponible, entre autres, directement auprès de l’éditeur, sur papier ou en version numérique (formats Epub sans DRM ou Kindle).

En vérité, bien que cet ouvrage représente effectivement sa prime incursion dans l’univers des livres, Laurence Délis n’est pas exactement ce qu’on pourrait appeler une novice de la plume, étant donné qu’elle avait déjà pris du plaisir à manier les mots à l’adolescence, et qu’elle y est revenue depuis 2013 environ, au sortir d’un silence littéraire d’une trentaine d’années pendant lesquels elle avait troqué la feuille contre la toile pour se consacrer pleinement à son activité d’artiste peintre, nous honorant désormais d’un joli bouquet de textes largement agencé autour des couleurs de l’amour, mais sans exclusive… Forte de son expérience d’auteur et d’animatrice sur le site d’Ipagination, stimulée, depuis peu, par une intéressante communauté informelle de blogueurs particulièrement réceptive à ses mots et ses réflexions dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler « l’agenda ironique », la voilà donc qui parvient de nos jours, pour notre plus grand bonheur, à trouver un point d’équilibre entre ces deux fibres créatrices de rêves, d’imaginaires, de sensations hétéroclites, de profondes émotions ou d’envies de croire en un avenir meilleur, à jouer tantôt avec la couleur des mots et des styles, tantôt avec celle de ses paysages, comme en témoignent ses écrits, par ici, ou ses tableaux, par là.

Fidèle à son habitude de confier systématiquement le rôle du héros ou du narrateur à un personnage masculin, généralement imprévisible, impulsif et d’une fragilité qui lui confère toute son humanité, de quoi s’offrir d’agréables latitudes avec sa propre condition de femme et transposer à l’écriture un sens du détail qu’elle a déjà eu tout loisir d’affûter dans la peinture, elle y ajoute ici un élément essentiel à une histoire en mouvement perpétuel : son choix de rédiger l’intrigue sous forme d’un journal intime tout au long duquel Gabriel, presque aussi éperdument amoureux de ses montagnes que de son inégalable  Lila des Landes (avec ce « presque » qui finira par tout changer), s’adresse directement à celle-ci afin de reconstituer a posteriori, à peu près aussi  minutieusement que dans un scénario de film ou une pièce de théâtre, les pièces d’un puzzle relationnel à jamais inachevé… Et c’est justement cette instabilité permanente au sein de leur couple, cette dualité entre attirance et répulsion, proximité et éloignement, qui m’a tenu en haleine jusqu’à la chute, chaque chapitre amenant incontestablement son lot de suspense, de surprises et de brusques revirements, tout à l’image de leurs caractères hautement indomptables, à mesure que passent les jours, puis les semaines, les mois et les années, comme autant d’actes et de scènes d’une tragédie de notre siècle.

À l’inverse d’un traditionnel conte de fées, tout ne fait que débuter lorsque Gabriel, qui avait entraperçu Lila lors d’un premier voyage sur la côte atlantique, décide de prendre un congé sabbatique pour vivre à ses côtés aussi longtemps que possible, car Lila, elle aussi follement amoureuse de Gabriel, mais foncièrement attachée à son environnement océanique, sa liberté et ses amis, redoute de s’engager plus durablement dans une vie commune qui impliquera nécessairement des concessions. Dans ces moments où tout, à commencer par la proximité géographique, est censé les unir, les coeurs s’éloignent et se ferment à la raison, et seuls les liens entre leurs corps en fusion leur donne l’énergie de communiquer à nouveau. Et a contrario, lorsque les chemins de leurs vies se séparent dans la mesure où Gabriel doit / veut retourner gravir quelque sommet alpin pendant que Lila noie ses contradictions dans des travaux de traduction ou des escapades chez des amis, tous leurs faits et gestes respectifs semblent marqués du sceau de l’absence ou de la peur de ne plus trouver moyen de se comprendre la prochaine fois qu’ils se reverront, leurs échanges par mail ou téléphone portable préfigurant d’ailleurs très souvent les difficultés qu’ils auront alors à surmonter.

De même, tout à l’inverse de la formule « ils se marièrent, eurent beaucoup d’enfants et vécurent heureux jusqu’à la fin des temps », c’est de haute lutte qu’ils arriveront à faire perdurer leur relation, à se marier et à fonder une famille, sans jamais se résoudre pour autant à élire définitivement domicile chez l’un(e) d’eux. De quoi exaspérer plus d’une fois leurs proches qui ne veulent pas croire que tout puisse être d’une complexité à ce point irrémédiable entre eux, mais qui n’en contribueront pas moins à les prémunir de cette petite goutte d’eau qui ferait déborder pour toujours le vase de leurs excès, entre autres lorsque Gabriel, trop possessif et jaloux pour envisager que Lila puisse se satisfaire d’autre-chose que de liens exclusifs, se terre dans un mutisme désespérant dans l’espoir de ne jamais devoir entendre qu’elle est tombée enceinte, conscient que le futur enfant réclamera bien davantage qu’une petite part d’amour, ou lorsque Lila tentera, à son tour, de lui cacher sa seconde grossesse jusqu’au dernier instant.

Lila, c’est donc le titre du livre, mais surtout ce prénom, répété délibérément au fil des pages et du temps qui passe, parfois avec une insistance frisant l’obsession dont je me fais ici l’écho d’une manière tout aussi intentionnelle…, très précisément parce que Gabriel est obsédé jour et nuit par Lila, au point de ne plus vraiment être en mesure de distinguer la réalité de son être ou de leur relation de la femme idéale qu’il passera sa vie à chercher en vain, parce que Lila est à la fois sa raison et sa déraison d’être, parce que c’est encore elle, Lila, qui aura le mot de la fin malgré elle, pour s’être entêtée une fois de trop, parce que Lila sera vouée à ne plus vivre que dans ses rêves, dans ses mots qu’elle ne lira jamais ou à travers leur descendance, sans que l’histoire ne nous dise s’il parviendra à se nourrir de leur amour ou à retrouver un jour sa paix intérieure. Lila et Gabriel ont, tous deux, le don de déranger, d’agacer, d’effrayer, d’ébranler constamment la confiance du lecteur en leur aptitude à réfréner leurs pulsions destructrices avant qu’il ne soit trop tard, mais la délicatesse et la sensibilité de l’écriture et le recul de Gabriel, désormais disposé à une introspection et à une certaine objectivité dont il était foncièrement incapable dans le feu de l’action, ont suscité, au contraire, toute mon empathie, ma compréhension et mon estime pour ces deux êtres à qui la vie, leurs déséquilibres psychiques, la distance, le temps et les préjugés des autres n’auront tout simplement pas permis de flotter sur les eaux d’un long fleuve tranquille, de sorte que je retiendrai surtout de ce magnifique ouvrage que leur histoire est une émouvante leçon de tolérance, de respect des différences, de courage et de ténacité face à l’adversité, un vibrant appel à vivre, à recevoir, donner et partager de l’amour dans un monde qui déborde déjà assez de haine, une ode à la liberté absolue des sens et à celle de tout être humain à disposer librement de son corps !

Étant donné que je partage avec l’auteur cette passion pour la musique, ce qui m’amène à en écouter énormément à tous les stades d’ l’existence, c’est tout naturellement que j’ai ressenti l’envie d’associer un morceau de musique ou une chanson à la tonalité du livre, et que mon choix initial s’est porté sur les paroles de l’indémodable « Je t’aime, moi non plus », composées par le regretté Serge Gainsbourg. Mais peut-être ne mériterais-je pas tout à fait mon pseudo TransEuropeEscape si j’avais omis d’attacher de l’importance à un tout petit détail qui m’a fait creuser un peu plus loin : c’est que les phases de vie commune de Gabriel et Lila, qu’elles se déroulent sur la Côte Ouest ou tout à l’autre bout du pays, en plein massif alpin, sont toujours délimitées par des voyages en train, moyen de transport que nos deux protagonistes n’empruntent donc jamais ensemble pour joindre leurs domiciles affectifs respectifs. De fait, les rails, bien que jamais évoqués en tant que tels dans le récit, deviennent une sorte de métaphore implicite de l’infime ligne de démarcation entre retrouvailles et (risque de) rupture des liens, entre proximité et éloignement, entre osmose charnelle et glaciation des sentiments, entre le désir de Gabriel de rester / retourner chez Lila et sa brusque envie de partir / de faire dmi-tour alors qu’il venait tout juste d’arriver à la gare la plus proche de chez elle…

Voilà pourquoi j’ai finalement jeté mon dévolu sur un autre classique, dans un genre bien plus punk cela dit, en l’occurence le célèbre « Should I Stay Or Should I Go » (dois-je rester ou partir ?) du groupe britannique « The Clash », où il est aussi beaucoup question d’indécision, de contradictions permanentes, de jeux de séduction, d’attraction, puis de répulsions. Et puisque j’ai tout de suite réalisé qu’il y avait parfaitement moyen de transposer les paroles du refrain en vers libres sans trop y perdre, ni en substance originale, ni en rythme, c’est avec délectation, puis avec le plaisir d’une mission accomplie, que j’aimerais rendre cet hommage très personnel à Lila, elle aussi traductrice à ses heures, et en cela, lointaine consoeur dans un monde parallèle qu’il ne m’aurait jamais été donné de découvrir sans l’intermédiation des mots de ma fidèle amie de plume Laurence Délis:-)

Un petit souci pour lancer la vidéo ? Cliquez ici:-)

L’original, tout d’abord :

Should I stay or should I go now
Should I stay or should I go now?
If I go, there will be trouble.
And if I stay, it will be double.
So, come on and let me know (« and so you got to let me know » après la seconde strophe)!
Should I stay or should I go?

Ma traduction, ensuite :

Est-ce que j’dois rester ou partir ? (bis)
Si j’ m’en-vais, y aura des dégâts.
Si j’ reste, c’est deux fois plus qu’y en aura.
Allez, dis-moi à quoi m’en tenir / faudra bien qu’ tu m’ dises à quoi m’en tenir!
Est-ce que j’ dois rester ou partir ?

BLOG-NOT DE CATHERINE DUTIGNY : MON COUP DE COEUR LITTÉRAIRE DU MOIS… ET UNE OCCASION EN OR DEFAIRE REVIVRE MON PROPRE BLOG:-)

Depuis la publication de mon dernier billet en juillet 2014, cela fait donc à nouveau près de deux ans que cet espace a fait les frais des innombrables péripéties de mon quotidien, de la longue et douloureuse maladie, puis du décès de mon père, au deuil qui s’en est suivi, d’une terrible déception amoureuse aux incertitudes d’un avenir où je ne manquerai pas d’être confronté à des responsabilités tellement plus immenses qu’elles ne l’ont été par le passé. Deux ans, aussi, que je n’en brûlais pas moins d’envie de vous dire au fil des présentes pages tout le bien que je pense que ma fidèle amie et inspiratrice de plume Catherine Dutigny, également connue sous le doux nom d’Elsa Saint Hilaire, comme j’ai déjà coutume de le faire sur les principaux réseaux sociaux depuis-lors…

Et voilà que son tout nouveau roman « Blog-not », disponible dès à présent auprès de son éditeur, sur Amazon ou chez votre libraire habituel, tombe à pic en pleine période des ponts de mai pour m’inciter à échafauder des liens entre mon destin et celui de l’un de ses héros, à trouver dans une si palpitante intrigue la force et l’inspiration qui puissent me porter vers des rivages plus ensoleillés à l’avenir… !

Alors, qui est, au juste, cette fameuse Catherine / Elsa ?

Dans la vie, elle est diplômée de Sciences Po, riche d’un parcours professionnel passionnant et diversifié, rédactrice et membre du comité de lecture à La Cause Littéraire, écrivaine se plaisant à aborder le plus naturellement du monde un large éventail de genres et de styles, du conte pour enfants au roman policier, avec un fort agréable penchant pour l’humour et les personnages en marge des conventions de tous ordres, entre autres cordes à son arc…

Dans mon coeur, depuis ce jour de la fin 2013 où j’ai eu la chance de la lire pour la première fois, elle est devenue, tout d’abord, cette intéressante et intelligente correspondante avec qui j’ai toujours aimé me livrer à des discussions argumentées sur l’actualité, l’art ou la musique, en plus de commenter ses derniers écrits, puis, avec le temps, une confidente et amie qui a eu la gentillesse de m’offrir l’un des plus beaux témoignages d’estime, de reconnaissance et d’affection qu’on puisse recevoir d’une femme / fan de lettres de son haut rang : à savoir qu’elle m’a permis d’accompagner la mise en ligne progressive des 50 premiers chapitres de son roman-feuilleton Carnets secrets, », l’histoire d’un chat parlant le langage des Humains, participant activement à démêler les fils de leurs destins entrecroisés,  via une page Facebook dédiée dont je rédige les différents statuts et assure l’administration. Soucieuse de rendre ses écrits accessibles à des publics aussi variés que possible, de s’adapter au mieux à toute la palette des habitudes de lecture, elle n’a cessé d’apporter une contribution décisive au blog de mon amie Tippi Rod où cohabitent en parfaite harmonie les versions électroniques et les enregistrements audio d’un impressionnant choix de textes, pour le plus grand bonheur de ceux qui éprouvent des difficultés / sont dans l’impossibilité de lire des ouvrages imprimés sur papier puisqu’il n’est pas donné à tout le monde de maîtriser l’outil informatique au point de s’acharner à scanner un livre de 200 pages via son logiciel d’OCR avant de pouvoir en exploiter le contenu dans des conditions à peu près décentes.

Plus récemment, j’ai aussi pu lire et chroniquer son fabuleux « Calendrier de l’Avent », un bel et émouvant ouvrage initialement paru en novembre 2008 par lequel elle rend toutes ses lettres de noblesse à la portée universelle de ce que devrait être et rester l’esprit de Noël.

« Un titre qui n’est ni français ni anglais et qui sert d’illustration au livre. Mais que m’est-il encore passé par la tête? », s’interroge-t-elle en tête de gondole de la page consacrée à son dernier-né, plus de deux siècles après le règne de Napoléon Ier à qui d’aucuns ont tout de même prêté l’intention de faire creuser un tunnel sous la Manche en vue de sceller une alliance franco-anglaise définitivement à notre avantage;-)…

Quelques indices prometteurs en quatrième de couverture, mis en musique et en images par la talentueuse Naïade :

Rien ne laissait présager une telle issue.

Le corps d’une jeune fille découvert dans la Seine par un vieux marinier, quelques vêtements et un mot trouvés sur la berge : le suicide d’une adolescente ne semble faire aucun doute. Par acquit de conscience, le commissaire Guedj, conseillé par une graphologue, analyse les maigres indices afin de ne rater aucune éventualité. Puis apparait un deuxième papier issu des affaires de la noyée. Cet extrait de Lithium va bouleverser l’enquête.

Il y a d’abord Alex, l’agaçant petit ami de Clarisse, la fille de l’experte, qui rêve de devenir journaliste. Et puis cette maison de retraite où une infirmière se consume d’amour pour un étrange collègue. Ou encore ce blog, qui attire comme un aimant des jeunes internautes en mal de vivre. Une seule certitude, certains vont amèrement regretter de jouer au détective.

Pour avoir enfin eu tout loisir de lire, oh non, que dis-je, de dévorer goulument ce livre dans son intégralité, de réaliser en quoi les paroles des morceaux de Nirvana ne représentent qu’une très pâle réplique contemporaine des Fleurs du mal de Baudelaire, bien que tous deux produisent parfois des effets identiques sur des personnes en souffrance psychique, c’est une réponse infiniment plus personnelle qui s’impose à cette question : de fort belles choses, ma foi:-)

S’il est vrai que Catherine Dutigny n’est pas encore aussi célèbre qu’elle ne le mériterais au titre de ses propres mots, reste qu’elle a mis toutes les chances de son côté pour gravir quelques marches de plus vers la consécration, que ce soit grâce à cette intrigue chargée de suspense jusqu’au point final, , à son style d’écriture, fluide, entraînant et parsemé de jolies formulations, au grand soin qu’elle a manifestement pris à se documenter, de manière à ce que tout paraisse aussi crédible que possible, à tous ces protagonistes dont elle dépeint les traits de caractère avec tant de finesse d’esprit et de souci du détail qu’on en ressent spontanément l’envie de s’intéresser à leur psychologie avant de les juger ou de les ranger précipitamment dans les tiroirs de nos idées préconçues, en dépit de leur part d’irrationnel / d’imprévisible et d’un hasard qui tire à merveille les ficelles de l’histoire pour laisser planer une indispensable part d’ombre échappant à notre curiosité. De surcroît, les âmes très sensibles peuvent être rassurées quant au fait que tout se termine bien mieux qu’on n’osait l’espérer, sur des notes d’allégresse et de confiance en l’avenir qui dépassent de très loin le schéma par trop classique de l’opposition entre bons et méchants…

Et puis, il y a deux terrains sur lesquels on suppose aisément quelques incursions autobiographiques. D’une part, bien sûr, dans la description de la graphologue à qui vient l’idée de réitérer l’exploit d’écrire un roman sur la base du fait divers dans lequel elle se trouve chaque jour un peu plus impliquée, tantôt à son insu, tantôt de son plein gré. De l’autre, ce qui me fascine et me remplit d’une franche admiration depuis ma première lecture de son texte « Dissonances et synthonies », sur Ipagination à l’époque, à savoir sa parfaite connaissance de l’univers des musiques métalliques, qu’elles soient heavy, death, hard, grundge ou que sais-je d’autre. Quelle belle manière, pour elle qui a seulement trois printemps de moins que ma mère à son actif dans la vraie vie, de prouver qu’il n’y a pas d’âge pour rester jeune, alerte et ouvert d’esprit, tout comme il n’y a pas non plus d’âge pour vieillir prématurément à force de n’apprécier la musique que comme une drogue à consommer aux côtés des autres au lieu d’y chercher prioritairement inspiration et extase artistique !

Émotif par nature, je me suis beaucoup attaché au père Mathieu, le marinier vieillissant qui vit reclus sur sa péniche à Conflans-Sainte-Honorine, à la santé toujours plus chancelante depuis le décès de son épouse, un homme si charmant, perspicace et persuasif qu’on n’a envie de lui en vouloir ni pour son caractère peu engageant au départ, ni pour sa fâcheuse tendance à pratiquer sciemment de la rétention de pièces à conviction, qu’on lui en devient même reconnaissant au fil des chapitres dans la mesure où c’est précisément l’évolution maîtrisée de son attitude, de la méfiance à la joie d’être en si bonne compagnie, qui donne un tour encore beaucoup plus croustillant à l’intrigue, que même Delage, l’adjoint de Guedj, pourtant si pressé d’arriver à ses fins d’ordinaire, accepte de bonne grâce de s’exercer à l’art de la patience parce qu’il comprend bien vite qu’il vaut tellement mieux entrer dans son jeu pour s’assurer de sa collaboration que d’appliquer les consignes de service à la lettre, jusqu’à trouver refuge chez lui à un moment où il ne voit pas à qui d’autre il pourrait confier toutes ses angoisses…

Et sans vouloir souffler la fin de l’histoire à qui n’y serait pas encore arrivé, je n’ai pas pu m’empêcher de verser quelques larmes d’émotion au moment où il annonce qu’il se donnera les moyens de réaliser son voeu le plus cher, celui de transmettre aux générations futures un savoir qu’il s’était déjà résigné à imaginer à jamais perdu après sa mort. D’une part, c’est le plus beau cadeau que l’auteur ait pu lui faire, et qui sait, peut-être qu’à l’idée de savoir que sa vie n’a pas été vaine, qu’il est encore parfaitement apte à séduire les femmes, il se portera mieux que jamais ! Et de l’autre, quelle plus belle réponse que celle d’arriver à redonner un sens nouveau à sa vie grâce au potentiel de la toile pendant que certains, à commencer par Frédéric, le blogger au génie maléfique agrémenté de pulsions quasi-bestiales, se servent de ces mêmes outils pour exploiter les failles psychologiques d’adolescentes en mal de repères jusqu’à les persuader qu’elles auraient déjà perdu le combat contre l’insignifiance et la laideur, et n’auraient donc plus qu’à en finir au plus vite. Le tout, sans avoir besoin de verser dans le militantisme, juste parce que le cours des choses en incite certainement plus d’un(e) à parvenir à des conclusions similaires !

EN RÉSUMÉ ET EN CONCLUSION : LISEZ-LE, CE BEAU ROMAN:-)

»Blog-not » de Catherine Dutigny ;
212 pages, 16,00€ ;
Paru aux éditions RROYZZ le 27 avril 2016)
ISBN-10: 2363720520
ISBN-13: 978-2363720528
disponible auprès de son éditeur, sur Amazon ou chez votre libraire habituel

Paroles traduites par mes soins : « 99 Luftballons » de Nena, la chanson qui allait faire détester à jamais la guerre au gamin de 9 ans que j’étais alors

Dernière modification substantielle : le mardi 15 octobre 2019.

 

Qui d’entre vous, y compris parmi les plus jeunes, n’a pas déjà entendu distraitement / écouté avec délectation plusieurs dizaines de fois dans sa vie ce tube planétaire, voire interstellaire, si célèbre que même les Américains, à qui l’on avait pourtant destiné un « 99 Red Balloons » bien à eux afin de ne pas heurter de front leur accoutumance à l’hégémonie de l’anglais dans la culture pop, n’en persistaient pas moins à en jouer la version originale allemande pour ne pas se sentir déconnectés du reste de l’Humanité ?! Quel DJ ne l’a pas déjà sorti de ses cartons de vinyles ou de je ne sais quelle platine numérique à la mode pour entraîner l’assistance vers la piste de danse et lui extirper des cris de joie ou des hurlements extatiques encore amplifiés par de colossales quantités d’alcool ou de boissons énergisantes, sans qu’il ne soit nécessaire, pour cela, d’avoir la moindre notion préalable d’allemand, et, a fortiori, la moindre notion de la portée des paroles sur lesquelles on était en train de se trémousser le plus innocemment du monde;-) ?!

D’autres, peut-être, s’en souviennent avec nostalgie parce qu’ils l’associent immanquablement à leur enfance ou leur première rencontre amoureuse…:-)

Quoi qu’il en soit, en ces temps où nous ne sommes jamais qu’à quelques menues encablures du prochain événement sportif susceptible, selon les cas, d’unir les peuples dans une joyeuse célébration du dépassement de soi ou de leur fournir un redoutable ersatz de guerre, d’une part, et en cette année du trentième anniversaire de la chute du Mur de la Honte, de l’autre, j’aimerais néanmoins vous narrer, par le truchement de ma traduction de paroles, cette histoire de ballons de baudruche, au contexte historique et géopolitique autrement plus sérieux qu’un match de football ou qu’un jeu de stratégie sur console, qui m’avait fait comprendre dès mon plus jeune âge à quoi pourrait mener la bêtise humaine si nous n’y prenions garde.

Car en 1983, en pleine crise des euromissiles, l’Europe en général, l’Allemagne en particulier, servait de macabre « terrain de jeu » aux deux superpuissances mondiales qu’étaient alors les États-Unis et l’URSS dans le cadre de ce qu’on appelait la Guerre Froide, au point d’en être divisée en deux blocs séparés plus ou moins hermétiquement par le « Rideau de Fer », un ensemble de barbelés et autres équipements gardés par des armées entières et des mitrailleuses automatiques programmées à dessein pour exécuter sans sommation tout ce qui bougeait dans le périmètre de leur radars, y compris les oiseaux qui avaient le malheur de ne pas saisir toute la relativité de l’expression « libre comme l’air » en pareil endroit…

La partie la plus emblématique de ce rideau était incontestablement le Mur de Berlin, érigée en « rempart antifasciste et anti-impérialiste » par le génie maléfique de la propagande du Parti socialiste unifié de RDA, qui coupait en deux parts inégales la capitale historique de l’Allemagne, tout en encerclant méticuleusement Berlin Ouest dans l’espoir, finalement vain, de l’isoler à la longue du reste du monde occidental.

Au déploiement de missiles SS20 par les Soviétiques dans leurs États satellites du Pacte de Varsovie, surtout en Tchécoslovaquie et en RDA, l’Amérique de Ronald Reagan avait répondu dans l’immédiat par la dissémination de ses missiles Pershing II sur le territoire de ses alliés de l’OTAN à la suite d’une demande explicite du gouvernement ouest-allemand qui remontait déjà à 1979, puis, à plus longue échéance, par son « Initiative de Défense Stratégique (IDS), plus connue sous son appellation médiatique / propagandiste de « Guerre des Étoiles »… Autant d’armes à capacité nucléaire réelle et sérieuse ou de projets aussi effrayants que démesurés de nature à transformer la Guerre Froide en véritable troisième conflit mondial au moindre incident.

Et encore : l’Histoire ne peut dire ce qu’il serait advenu de l’Humanité vingt ans plus tôt, déjà, si l’Administration Kennedy avait fini par céder, dans le prolongement de la crise des missiles de Cuba à l’automne 1962, à la volonté farouche et maintes fois réitérée de Franz Josef Strauß, alors ministre de La Défense et anticommuniste viscéral, de doter la RFA de la bombe atomique afin de lui conférer sa propre force de dissuasion et de riposte… !

En revanche, ce qui ne fait désormais plus aucun doute de nos jours, mais qui a beaucoup été passé sous silence à l’époque, et pour cause, c’est qu’au moment où les 99 ballons de Nena commençaient à prendre de la hauteur dans les Charts, le monde entier, déjà échaudé par la mort tragique des 269 passagers d’un vol civil régulier de la Korean Airlines abattu par l’aviation soviétique le 1er septembre pour avoir violé l’espace aérien de l’URSS, a failli être enflammé pour de bon par deux étincelles de trop. Soient, en somme, trois occasions de frôler la guerre planétaire en moins de trois mois, rien de moins… !

Tout d’abord, c’est une fausse alerte nucléaire sur une base soviétique qui a failli mettre le feu aux poudres le 26 septembre, et c’est uniquement au pragmatisme de l’officier de garde qu’on doit d’avoir évité à l’URSS de répliquer par de véritables tirs à des réflexions du soleil que le logiciel de bord d’un satellite de détection précoce avait interprétées à tort comme des lancements de missiles balistiques depuis une base américaine. Puis, du 7 au 11 novembre, ce fut autour de  l’opération Able Archer 83, un exercice militaire de l’OTAN dans lequel URSS et RDA avaient vu de véritables préparatifs à une attaque dans le monde réel, la tension étant seulement retombée pour un temps lorsque les services de renseignements de l’Est ont commencé à s’apercevoir de leur nouvelle méprise… Comme quoi, la série télévisée Deutschland 83 n’a tout de même pas pris tant de largesses que cela avec l’Histoire… !

Mis au monde par une mère allemande dont une partie de la famille était restée à l’Est avant tout par choix de ne pas abandonner ses biens aux forces d’occupation ou aux pillards, j’étais alors persuadé d’être né et de vivre du bon côté du Mur, celui où règnent la liberté, la justice et la prospérité, où l’on avait donc toutes les bonnes raisons du monde d’oeuvrer à la chute de « l’empire du mal » communiste après s’être débarrassé du 3e Reich quarante ans plus tôt. Et ce n’était pas la police aux frontières est-allemande qui m’aurait fait changer d’avis si elle n’avait pas eu la bonne idée de bien vouloir attendre juillet 1989 pour m’offrir l’un des plus grands moments de frayeur de ma jeunesse, à savoir celui de manquer de me retrouver en centre de rétention administrative, puis expulsé vers la France pour tentative d’entrée irrégulière sur le territoire, simplement parce que mon père avait omis de signer son passeport et que moi aussi, j’y figurais encore en tant qu’enfant de moins de 15 ans.

Mais dans le contexte d’une révolte pacifiste massive outre-Rhin qui allait atteindre son paroxysme en 1984 avec des chaînes humaines d’une centaine de kilomètres de long et des slogans tels que « lieber rot als tot » (plutôt rouge que mort), d’une révolte qui se nourrissait aussi bien de cette course folle aux armements dévastateurs que des risques incalculables liés à la construction, à l’exploitation et au démantèlement de centrales nucléaires dont il était bien permis de douter du caractère exclusivement civil, cette chanson a largement contribué à faire voler en éclat la vision manichéenne des événements qui s’était jusque là imprimée dans mon jeune cerveau, car au fil des discussions avec ma mère au sujet des paroles et de ses interrogations sur l’état de la planète tout entière, je me suis mis à réaliser combien nous, Occidentaux, mettions aussi beaucoup d’huile sur le feu à tant vouloir imposer aux autres notre mode de vie, le cas échéant par la force, quitte à ce que celle-ci soit loin d’être circonscrite à des cibles militaires.

Dès cette époque, donc, j’ai détesté la guerre, non seulement du fait de cette peur originelle d’en devenir moi-même victime à l’occasion d’une attaque nucléaire, tout comme mes ancêtres de part et d’autre du Rhin l’avaient été au fil des conflits à répétition entre la France et l’Allemagne par la faute des armes conventionnelles ou chimiques, mais aussi et surtout, à mesure qu’augmentait mon niveau de prise de conscience des problèmes de ce monde, parce que l’ex-Yougoslavie, le Rwanda, le Darfour, le Yémen ou la Syrie n’ont eu de cesse de me confronter aux récits des morts inutiles, des destructions, des actes de torture, de cruauté gratuite, voire de génocides.

Ce 9 novembre 1989 où le Mur est enfin tombé, je m’en souviendrai encore longtemps comme l’un des plus beaux jours de ma vie, bien que je n’aie assisté à cet immense moment d’Histoire qu’au travers des émissions spéciales de toutes les chaînes de télévision ou des stations de radio qu’il m’était donné de capter depuis ma chambre à Strasbourg. Aux anges que j’étais, tout simplement, à l’idée de sentir se réaliser mon rêve de réconciliation de l’Europe et la volonté de réunification de tout un pays ; assez naïf et idéaliste, aussi, pour pouvoir me payer le luxe de ne pas encore devoir m’imaginer que l’avenir serait beaucoup moins rose, qu’en 2015, un gouvernement autrichien ferait réinstaller des barbelés en guise de « rempart anti »migrant » à l’endroit même où les Hongrois avaient ouvert la toute première brèche dans le rideau de fer 26 ans plus tôt à l’occasion du fameux piquenique paneuropéen

Et aujourd’hui encore, j’ai le plus grand mal à retenir une larme à l’écoute de la dernière strophe des paroles que voici, « enfin », vous direz-vous peut-être… !

« Si tu as un peu de temps pour moi ?

Alors, je vais chanter pour toi

Une chanson sur les 99 ballons

En plein vol vers l’horizon.

Peut-être que tu es tout juste en train de penser à moi.

Alors, je vais chanter pour toi

Une chanson sur les 99 ballons,

Et tout ça pour ça…

99 ballons

En plein vol vers l’horizon,

On les a pris pour des ovnis tout droit venus de l’Espace…

Voilà pourquoi un général a envoyé à leurs trousses un escadron de chasse,

Pour donner l’alerte, au cas où elle serait vraie, la menace.

Et dire que là-bas à l’horizon,

Il n’y avait que 99 ballons !

99 pilotes de chasse,

Chacun d’eux était un grand guerrier.

Ils se sont pris pour le Capitaine Kirk.

À un grand feu d’artifice ils se sont livrés.

Les voisins n’ont rien pigé,

Et se sont tout de suite sentis agressés.

Dire que là-bas, à l’horizon,

On a juste tiré sur 99 ballons !

99 ministres de la guerre,

Allumette et bidon d’essence à la main

Se sont pris pour de grands malins,

Ont déjà flairé le gros butin,

Ont crié à la guerre et voulu le pouvoir.

Franchement : qui aurait pensé qu’on en arriverait là avec cette histoire

Pour 99 ballons…

99 ballons…

99 ballons… ?!

99 ans de guerre

À des vainqueurs n’ont plus laissé aucune place.

Il n’y en a plus, des ministres de la guerre,

Ni des pilotes de chasse.

Aujourd’hui, je fais mes rondes,

Et vois le monde en ruines s’étaler.

J’ai trouvé un ballon.

J’ pense à toi, et j’ le laisse s’envoler

… … … … …

 

TWITTER 2.0 : SUR LES AUTOROUTES DE L’INFORMATION ET LES DÉCOMBRES DU COMPTE KNACKSLASH, LE CHANTIER À JAMAIS INACHEVÉ DE LA « VOIE DE SON MAÎTRE »…

Article actualisé le 29/03/2014 dans le cadre de la refonte de mes profils sociaux, publié à l’origine sous un titre bien plus euphorique, en écho à ma ferme conviction que cette migration-là serait la bonne, que j’aurai la force mentale de ne plus jamais reproduire les erreurs du passé… Or, comme vous le découvrirez plus en détail dans un prochain billet, la voie de son maître me conduit désormais vers la « Siliknoll Valley » des tweets, d’où le paragraphe en texte barré, dont les liens de référence sont désormais majoritairement obsolètes, et je réalise qu’au bitume de l’autoroute, je préférerai à jamais les rails de chemin de fer, d’où le nouveau nom du présent blog, en hommage au Trans-Europ-Express et au titre éponyme de Kraftwerk, ce groupe qui fut manifestement l’un des premiers à avoir su faire parler les machines une quarantaine d’années avant que mes amies ElisaH et TippiRod ne donnent le meilleur d’elles-mêmes pour léguer leur voix à la postérité.

Pour illustrer en musique ce deuxième volet de ma trilogie twittérienne, suite chronologique à son prologue et sa première partie, voici un autre Kraftwerk de circonstance, à envoyer « à fond la caisse » pour les 23 minutes à venir, sur les enceintes de votre autoradio, bien sûr;-):-)


Un petit souci pour lire la vidéo d’ici à ce que j’implémente intégralement les balises HTML 5 / ARIA requises, ou juste une petite envie de récupérer la bande son via votre ripper préféré ? Alors, cliquez ici, et tout devrait s’arranger à souhait;-):-)

Chères lectrices, chers lecteurs, que vous veniez de Twitter ou d’ailleurs,

En ce beau Dimanche de Pâques, où Chrétiens et Juifs s’accordent à fêter le triomphe de la vie sur la mort et l’espoirs d’un renouveau, aussi bien dans la Nature qu’en notre for intérieur, permettez-moi, en complément à mes meilleurs voeux de bonheur, de bonne santé, de prospérité et d’épanouissement, de vous annoncer que

LE 30 JUIN PROCHAIN, JE FERMERAI DÉFINITIVEMENT MON COMPTE TWITTER @KNACKSLASH, AU PROFIT DE MON NOUVEAU PROJET D’AMATEUR DE MOTS ET DE MUSIQUE, « LA VOIE DE SON MAÎTRE », matérialisé notamment par un nouveau profil Twitter, mon compte Facebook, mon blog Tumblr et ma page d’auteur sur le site du Jeu des Six Mots, afin de vous livrer, au fil de mes envies et de mes préoccupations du moment, des analyses ou des sélections de liens volontairement plus ciblées et abouties que ce qu’il m’a été donné de vous faire partager jusqu’à présent sur Twitter, sous le coup de l’instantanéité et de l’absence de recul inhérentes à ce média-là.

De quoi me redonner enfin, par ailleurs, non seulement le temps et les moyens intellectuels de réfléchir à la marche du monde sur le présent blog, en déshérence depuis bien trop longtemps pour mériter d’avoir encore des lecteurs abonnés à ses mises à jour, sans être constamment bousculé par les lois de l’immédiateté et de la superficialité, mais aussi, et je dirais surtout, le temps de reprendre toute ma place dans le vrai monde pour ne pas m’y retrouver totalement marginalisé et isolé à force d’avoir pris le virtuel comme la seule réalité qui puisse répondre à mes aspirations profondes !!!

 

Non : ceci n’est ni un poisson d’avril désespérément tardif, ni un avant-projet de cadeau pour le 38e anniversaire de mon ami d’enfance Kira Neris, prévu ce jour-là, mais simplement le fruit d’une lassitude grandissante à l’idée de passer des soirées entières à m’adonner à la vaine illusion de pouvoir infléchir le destin de l’Humanité en quelques clics, à la perspective de construire, avec certains de mes abonnés, des liens que la distance rend encore infiniment plus complexes et aléatoires que dans la vraie vie ; sans même que celle-ci ne profite vraiment de mon colossal investissement ! Concrètement, après une prometteuse phase d’expansion et d’épanouissement humain, grosso modo au premier semestre 2011, marquée par des rencontres inoubliables avec des personnes telles que ma très chère et fidèle amie Céline, Ceinwynn, notre Heidi des alpages aux talents si multiples, Denise Girard, acrobate des mots et des images, qui résiste aux aléas de la vie comme le fer à un simple feu de cheminée ou Madeleine Bleue, l’accélération des événements et l’aggravation substantielle des conflits et autres injustices dans le monde m’ont amené à m’engager bien plus radicalement que prévu sur la voie de ce que d’aucuns qualifieraient de web-journalisme ou web-militantisme, jusqu’à être tellement submergé, happé par le souffle de l’info en continu qu’avant même d’avoir eu le sentiment de contribuer un minimum à améliorer le sort de qui que ce soit par l’entremise de la toile mondiale et/ou de mes commentaires sur toutes sortes de faits d’actualité, moi, qui étais venu chercher dans l’univers des gazouilleurs de quoi partager et construire un monde d’amour, de confiance et d’espoir, dans le prolongement des rêves véhiculés par les Printemps Arabes et le mouvement des Indigné(e)s, je me suis trouvé, plus d’une fois, embarqué dans des dynamiques de haine, de confrontation, de colère et d’incompréhension ; sans compter les innombrables cauchemars ou nuits blanches que m’ont procuré à la fois les vidéos ou autres témoignages de la violence en Syrie et l’absence de toute perspective raisonnable d’un règlement pacifique à court terme par là-bas, a fortiori dans le contexte d’une région aux allures de poudrière où Israël et l’Iran auraient, à eux seuls, assez d’armes pour précipiter l’Humanité dans une 3e Guerre Mondiale, et où le dilemme entre la non-intervention de la Communauté Internationale au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et la constitution de groupes armés se donnant pour mission de faire chuter le régime du président Bachar Al Assad avec l’aide croissante de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie Saoudite risque de devenir, très bientôt, synonyme d’une « afghanisation » profitant avant tout à des régimes pas franchement réputés pour leur attachement à la démocratie et au respect des Droits Humains !

 

Souvent, c’est aussi par amitié pour des personnes dont je me sentais particulièrement proche que je me suis impliqué dans des combats ou des régions du monde finalement bien éloignés de mes préoccupations quotidiennes ; rien de plus logique dans un esprit de partage, d’échange de connaissances ou de points de vue et de solidarité entre êtres humains susceptibles de s’enrichir de leurs différences ou de leurs souffrances respectives !!! Or, entre les personnes tellement enfermées dans leurs schémas mentaux que rien de ce qui leur est extérieur ne semble plus les affecter, les égocentriques, si avides de scoops ou d’infos à fort potentiel de diffusion qu’ils sont disposés à retweeter, si ce n’est piller ou plagier n’importe qui / quoi pour cultiver leur notoriété aux dépens des autres, les opportunistes chroniques qui ne me retweetent que lorsque j’ai la chance de croiser leur chemin au bon moment, c’est-à-dire lorsque je poste, quelques minutes après les avoir retweetés ou mentionnés, des contenus particulièrement susceptibles de leur plaire, mais qui auraient pu, tout aussi bien, m’ignorer pendant toute une soirée ou relayer un point de vue contraire au mien sans jamais se donner la peine de faire part de leur propre avis (sans doute parce qu’ils ne daignent même pas avoir d’opinion personnelle, un tantinet réfléchie), etc…, j’ai aussi eu, bien souvent, le malheur de devoir affronter les travers du genre humain dans mes relations plus personnelles avec certains de mes abonnés, avec, en prime, le fait d’avoir passé des heures à me servir de plus en plus péniblement du zoom d’écran de Mac OS X ou me faire lire du texte au moyen de VoiceOver, par une voix de machine au timbre encore bien trop robotique pour paraître humain à la longue, d’avoir dévoré jusqu’à 80 articles de bout en bout en une soirée pour m’assurer de leur qualité avant de les relayer là où d’autres ne se basaient que sur les gros titres pour remplir leur quota de tweets en quelques clins d’oeil… ! Dommage pour celles et ceux qui ont fait ou continuent à faire preuve de respect et de professionnalisme dans leur ouvrage, car, au vu du peu d’échos que trouvent parfois leurs écrits ou leurs liens par rapport à ceux de personnes qui se situent délibérément dans une optique promotionnelle=quasi-commerciale, leurs travaux sont parfois si mal récompensés que moi-même, je peine à les relever dans la masse / qu’ils ont déjà claqué la porte de Twitter longtemps avant moi, à l’instar de la regrettée Aube Walter, par exemple… !
De plus en plus polluée par une logique à peine moins capitaliste et oppressante que la télévision ou les médias traditionnels, à qui elle a d’ailleurs tendance à servir d’auxiliaire publicitaire plus ou moins bienveillant en assurant une large diffusion à leurs contenus (cf. les live-tweets des débats politiques), la twittosphère informationnelle devient une jungle où règnent les lois du plus fort, de la compétition, du buzz, de la critique systématique et du moins-disant intellectuel (pour ne pas dire la quasi absence de recul et de réflexion chez certains) ; et avant d’enterrer pour de bon toute envie de penser, de créer et d’écrire par moi-même, avant de perdre ma foi dans les mérites des réseaux sociaux, en général, avant de sacrifier complètement ma véritable identité et ma propre liberté d’expression à une nébuleuse de préoccupations ou d’intérêts qui finiraient par les desservir, si je n’y prenais pas garde, il est grand-temps que je me livre, ici et ailleurs, à une réaction de fond, proportionnelle en tous points à l’immensité des défis et aux évidents signes du destin !!!

 

 

Alors que les présidentielles françaises s’approchent à si grands pas que l’heure devrait être venue, pour chacun(e) d’entre nous, de s’interroger sur ce qu’ils/elle fera dès que l’incertitude et le vacarme de la campagne auront laissé place à la certitude d’un résultat, quel qu’il soit, j’envisage, pour l’essentiel, deux options :

  1. Soit la France, poussée au bord de l’implosion socioéconomique par 5 ans de national-sarkozisme et des décennies de mondialisation néolibérale rampante, se trouve effectivement à l’aube d’une nouvelle page de son Histoire, comme le suggère Jean-Luc Mélenchon (et François Hollande, dans une moindre mesure), auquel cas ma place n’est certainement pas exclusivement devant un ordinateur, mais beaucoup plus intensément sur le terrain, au contact des acteurs de la révolution populaire à venir ;
  2. Soit ce pays décide de reconduire Nicolas Sarkozy dans ses fonctions=d’accélérer son déclin et son délitement, ou de ne pas donner aux forces de progrès une majorité suffisante pour imprégner le quinquennat à venir de réformes qui soient à la mesure de nos défis, de faire primer le masochisme et les intérêts individuels sur notre destinée collective, auquel cas il me faudra bien assurer mes arrières, comme tout le monde, avant que nous ne prenions irrémédiablement le même chemin que la Grèce, si ce n’est envisager de m’exiler dans des contrées plus clémentes pour y refaire ma vie, de sorte que mes écrits ou mes actions risquent alors de s’adresser à un public quelque-peu différent de ce qu’il est aujourd’hui… !

Bref : d’une sorte de machine cérébrale relayant inlassablement les malheurs du monde par simple acquit de conscience / sentiment de culpabilité envers les autres, produisant des idées à l’échelle industrielle dans le vain espoir de rester dans la course de vitesse de mise à jour des tweets, il faut absolument que je sache redevenir un créateur de conscience, d’idées et de beauté, heureux et fier de son oeuvre, infiniment plus désireux et capable qu’aujourd’hui de faire partager cette dernière aux âmes de bonne volonté, infiniment plus apte, aussi, à en vivre, ne serait-ce que moralement !!!

Peut-être me remettrai-je, un jour, à refaire de la politique à plein-temps sur Twitter, mais à ce compte-là, probablement sous un tout autre pseudo, sans aucun lien avec ma véritable identité ou ma production actuelle, histoire de ne devoir ni m’enfermer dans les contingences éditoriales passées, ni faire montre de la moindre obligation de réserve envers les autorités de ce pays, dont certaines ont déjà été tentées d’utiliser ma dépendance financière à leur égard pour me mettre hors d’état de leur nuire ! Plus jamais, je ne commettrai l’erreur de m’abonner à près de 800 personnes (au point de ne plus arriver à suivre aucune d’entre elles dans ce véritable esprit d’échange et d’enrichissement mutuel qui m’est pourtant si cher…)

À moins de faire mien le principe selon lequel, au grand dam de toutes les grandes âmes, réelles ou autoproclamées, le seul et unique objectif de la politique est d’arriver à exercer autant de pouvoir que possible sur les autres sans que ceux-ci ne réalisent combien je m’y prends à leurs dépens / , de pénétrer dans cette caste des heureux élus dont l’Histoire ne manquera pas de retenir les noms, juste pour le principe de me venger à tout prix de n’avoir que trop vécu dans la soumission et l’anonymat, auquel cas il me faudrait néanmoins cesser, pour de bon, d’avoir le moindre scrupule à m’approprier, voire perfectionner certaines techniques d’autopromotion et de manipulation mentale grossière à l’égard des masses populaires : afficher une assurance et une arrogance à toute épreuve pour m’attribuer toutes les qualités possibles et imaginables, me dire victime de quelques dizaines de complots et de procès en diffamation pour susciter la compassion et l’admiration des masses, appliquer à ma timeline le summum de la démagogie manichéenne afin de déifier mes amis ou admirateurs / de diaboliser aussi bien mes adversaires que les indifférents, présumés mécréants ou autrement médiocres, accuser d’emblée mes détracteurs de tout ce qui pourrait mettre en péril la légitime supériorité et l’invincibilité morale de mon discours, quitte à m’aventurer résolument dans le registre du surnaturel, du spirituel, voire du divin, pour transformer mes propos en pure parole d’évangile et faire dire à Dieu ni plus, ni moins que ce qui m’arrange, mais que les réalités bassement terrestres ont la fâcheuse habitude d’infirmer… Au lieu de n’obtenir, au mieux, qu’une dizaine de retweets par soir, de la part de mes 640 abonnés, peut-être me suffirait-il alors de m’abonner à 600 twittos sans même m’intéresser de trop près à leurs écrits pour être suivi de très près par 5000 personnes, dont certaines rivaliseraient de zèle et de fanatisme pour témoigner publiquement de leur assujettissement volontaire à la suprématie présumée de ma prose providentielle, de donner des leçons à tours de bras avant même que les autres n’envisagent d’avoir à en recevoir, d’être encore plus médiocre et ordurier que ceux dont je dénonce la médiocrité ou les propos outranciers… Mais, puisque le succès d’une telle démarche ne pourrait reposer que sur une stratégie du fait accompli, intrinsèquement incompatible avec tout effet d’annonce, sur un suprême détachement d’avec mes convictions, mon amour des autres et ma façon de vivre au quotidien, dans ce qu’il est convenu d’appeler « la vraie vie », vous n’aurez désormais plus aucun mal à imaginer que ce n’est pas moi qui vous en dirai plus en mon propre nom, pour autant que me vienne, un jour, l’idée de passer effectivement des présentes paroles de science-fiction aux actes d’un jeu de rôle, beaucoup plus limité dans le temps que ne l’a été mon compte @knackslash, jeu dont la seule finalité serait, en vérité, de sensibiliser nombre d’entre ceux qui ne liront probablement jamais ces lignes à leur propension à succomber aux sirènes de la facilité intellectuelle, du suivisme, du mépris ou de l’intolérance, d’autant que la mise en pratique de ce plan machiavélique m’obligerait, dans un évident souci d’intégrité morale, à me sentir suffisamment en paix avec les autres et moi-même dans le vrai monde pour ne surtout pas finir par prendre un malin plaisir à me servir des univers virtuels pour sombrer à mon tour dans la fascination du pouvoir et de l’emprise sur autrui dans le réel… !

En espérant sincèrement que vous serez nombreuses / nombreux, comblé(e)s de bonheur et de curiosité à l’idée d’emprunter avec moi la nouvelle voie de mes méninges, je vous remercie chaleureusement de votre fidèle et amicale présence à mes côtés, vous embrasse bien fort et vous dis « à très, très bientôt », que ce soit par ici, ailleurs sur la toile ou dans la vraie vie !!!

Si le virtuel n’était qu’un doux rêve, et le retour au réel un réveil d’autant plus douloureux ? d’iCloud à l’orage de la désillusion…

Et si Apple ne produisait, en réalité, que les éoliennes de l’informatique du futur…, autrement dit, du vent transformé en juteux bénéfices au prix de notre liberté… ???

 

 

Parmi les nouveautés qu’Apple vient d’annoncer à la WWDC, ce lundi 6 juin, et dont j’aurai encore amplement le temps de vous reparler d’ici à ce qu’elles soient effectivement disponibles en version « grand public », je n’ai pas manqué de retenir le lancement imminent d’iCloud, service destiné à se substituer majestueusement à MobileMe en ce qu’il permettra non seulement de stocker toutes sortes de fichiers sur un disque dur virtuel, de synchroniser périodiquement quelques catégories de données, de mettre ses albums photos à la disposition d’un public plus ou moins restreint ou de monter un site Internet entièrement en osmose avec les fonctionnalités d’iWeb, mais surtout de déléguer en temps réel sa vie électronique tout entière aux « nuages », autrement dit à de gigantesques data centers disséminés sur l’ensemble du Globe, tant et si bien qu’il deviendra bientôt relativement secondaire de savoir au moyen de quel matériel y accéder puisque tout, y compris le tarif et les modalités d’utilisation du service, ne seront plus, pour nous autres clients finaux, qu’une simple question de logiciel ! À charge ensuite, pour des entreprises asiatiques sciemment reléguées au rang d’ateliers bon marché de la toute-puissante pomme croquée, de nous fabriquer illico les quelques résidus de hardware en guise de chaînons manquants entre ce qu’il reste de nos méninges et ce que leurs « nuages » aspirent à devenir : à savoir l’instrument privilégié d’une désintégration librement consentie de nos individualités dans le flux continu de l’uniformisation des consciences, instrument aux effets d’autant plus ravageurs que le nuage, auquel notre imaginaire prête volontiers cette extraordinaire aptitude à changer de forme, de contenance et de trajectoire quand bon lui semble, symbolise à lui seul notre ardent désir, à tous, de prendre de la hauteur pour transcender enfin les frontières, géographiques ou cognitives, de notre triste condition quotidienne… !

 

Loin de moi, l’idée de rejeter la mise en réseau de l’Humanité : sans les bienfaits de l’Internet, des moteurs de recherche, de projets collaboratifs tels que Wikipedia, des sites de streaming comme Youtube ou Last.fm, des portails des principales administrations ou entreprises de ce monde, jamais je n’aurais pu m’épargner autant de recherches ou de démarches fastidieuses, exercer aussi aisément mon rôle de citoyen libre et informé, accumuler et partager autant de connaissances en si peu de temps, découvrir autant d’artistes ou d’oeuvres de qualité échanger si fréquemment et facilement avec des personnes dont j’ignore parfois à combien de milliers de kilomètres elles se trouvent de chez moi… ! Jamais je ne pourrais espérer que quiconque ne me lise dans des contrées si lointaines, de sorte qu’il ne me resterait plus, à ce compte-là, qu’à faire tout autre-chose que de léguer les présentes lignes à votre appréciation, voire à une éphémère postérité ! De même, alors qu’il ne m’a pas fallu un an, à compter de ma première connexion à Internet en juin 1997, pour tomber sous le charme des achats en ligne (y compris, évidemment, auprès de l’incontournable iTunes Store, archétype de l’abondance facilement accessible grâce à la convivialité de ses rayons virtuels et à la fonction de paiement en un clic), malgré le bilan économique et écologique plus que douteux du commerce électronique, je serais très mal placé pour vouloir faire marche arrière treize ans plus tard. Mais de là à accepter de mon propre chef, sous l’effet de la mode et des pressions publicitaires, d’abandonner progressivement des utilitaires aussi intrinsèquement locaux que mon traitement de texte au profit d’une version « cloud » qui stockerait en ligne la moindre de mes manipulations de clavier dans l’unique éventualité où je sois pris d’une soudaine envie de commencer cette phrase sur mon iMac, de la poursuivre sur mon MacBook Pro et d’y mettre la dernière main de maître sur mon iPhone 4, à troquer le cadre protecteur de mon ordinateur de bureau contre une confidentialité toute relative sur des serveurs distants dont je ne contrôle ni le fonctionnement, ni le niveau de sécurisation, à monnayer de la musique ou des livres réputés à bas prix (mais loin d’être bradés pour autant, compte tenu de la modique rémunération des auteurs et les faibles coûts de reproduction à l’unité), disponibles partout et sur tous mes supports à la fois, contre la traçabilité universelle de mes habitudes de consommation auprès d’une entreprise avançant avec détermination sur la voie d’un monopole mondial encore plus puissant et répressif envers les artistes que nulle autre major de l' »ancienne économie », il y a comme un abîme que j’ai l’intime conviction de ne pas avoir intérêt à franchir de sitôt, persuadé que de confier une trop grande part de vie privée à des appareils physiquement invisibles, parce que situés hors de ses murs, serait presque aussi fantaisiste que d’extirper l’esprit du corps ou de faire briller le Soleil en pleine nuit en-dehors du Cercle Polaire…

 

Bref : même si ces lignes me paraîtront peut-être ridiculement réactionnaires dans quelques années parce que mes élans geekesques et sociaux-conformistes auront eu raison de moi, j’ai comme l’impression qu’il y a, derrière cette vision idyllique des nuages électroniques portés par un vent de liberté, l’évident signe précurseur d’un violent orage de déshumanisation, qu’après le doux rêve de liberté, de communication tous-azimuts et de consommation facile, viendra le cauchemar de la perte d’identité, qu’aux ténèbres de l’inconscience collective organisée succèdera le réveil douloureux de la conscience de ne plus maîtriser notre destin, que ce soit en notre qualité de Non-Américains librement soumis à des mastodontes de droit californien, ou en tant qu’individus de plus en plus contraints à des formes de « socialisation » obéissant aux seules desiderata d’un oligopole médiatique planétaire qui risque de faire passer Rupert Murdoch pour un enfant de chœur dans une dizaine d’années si nous ne cherchons pas, dès à présent, à en limiter le pouvoir au strict nécessaire !

 

 

Voilà pour Apple, actualité oblige, mais il est bien vrai que cela pourrait tout aussi bien s’appliquer aux produits et services de ses concurrents, à commencer par Facebook, Twitter, Microsoft ou Google, tant ces entreprises-là participent à leur façon de cette même logique impériale. En tous cas, n’hésitez pas à me faire part de votre point de vue, surtout si vous êtes de celles / ceux qui trouvez votre compte dans les services de cloud computing, et souhaitez m’en présenter quelques avantages ! D’ici là, bonne continuation, et à très bientôt pour une deuxième partie, beaucoup plus personnelle !

Twitter 1.0 : mon irremplaçable amitié avec Céline, les Printemps Arabes et ma brève envi de me remettre à écrire…

Première partie de ma trilogie twittérienne en devenir, actualisée en dernier lieu le 29/03/2014, dont vous pouvez également lire dès à présent le prologue et le deuxième volet

Il y a des jours où Twitter m’a semblé si dépeuplé, tant elle me manque, ma si chère Céline, depuis ce 23 juin 2013 où elle y a posté son dernier message… Mais aussi longtemps qu’elle ne perdra pas sa raison d’exister et de lutter dans le vrai monde, moi non plus, je n’aurai aucune raison de vous abandonner !!!

Cliquez ici si la vidéo ne se lance pas ou si vous préférez la visualiser en grand format à la source !

Il était une époque, pas si reculée qu’elle n’en a l’air, où ma rage d’écrire et de partager avec l’Humanité les moindres fruits de mon hyperactivité cérébrale se manifestait avant tout par la rédaction d’articles de blog où de textes prédestinés à atterrir au musée des œuvres électroniques négligées, faute d’être tombés entre les mains, les yeux ou les coeurs de lecteurs assez curieux, patients, attentifs et bien intentionnés à mon égard, mais dont je continue néanmoins à assumer discrètement la paternité et le contenu pour y avoir consacré tellement de temps, de fougue, de passion et d’engagement personnel. Puis, il y a un an, environ, est arrivée cette phase où la célèbre plateforme de microblogging Twitter a pris tant d’importance dans mon existence virtuelle que j’en ai presque oublié la possibilité de communiquer autrement que via des messages de 140 caractères, prolongés, le cas échéant, par des publications sur TwitLonger ou Amplify.com, subjugué que j’ai soudain été par l’incroyable perspective d’entraîner d’illustres inconnus dans les dédales de ma pensées sous une forme plus accessible au commun des mortels et d’aborder, quasiment en temps réel, au rythme de mes réflexions et des rebondissements de l’actualité, une palette de sujets assez vaste pour couvrir avec une régularité de métronome à peu près tous mes centres d’intérêts, sans réprimer pour autant mes envies de créativité et d’originalité en décidant, par exemple, au paroxysme de mon épanouissement, de live-tweeter les déboires de l’équipe de France et le déroulement des principales rencontres de la Coupe du Monde de football sous forme d’alexandrins, avec un léger parti-pris pour la sélection allemande en raison de mes racines familiales germaniques…

Puis, un certain mercredi 1er décembre dernier, alors que ma vie, qui avait déjà relevé de la descente aux enfers depuis le non-renouvellement de mon contrat de traducteur à la Commission européenne en mai 2001, semblait condamnée à se résumer aux ténèbres éternelles parce qu’un charlatan d’ophtalmologiste, pour qui la carte de son parti comptait infiniment plus que la dignité de ses patients, avait décidé de sacrifier progressivement l’acuité visuelle du seul œil qu’il me reste pour me faire payer au prix fort les quelques activités associatives que j’avais menées avec ses adversaires politiques dans les années 1990 et mon refus de me faire jeter sans autres formalités dans la catégorie des aveugles complets, encouragé en cela par son statut de conseiller général en lien direct avec tout ce que le Département compte de structures administratives et d’associations de personnes handicapées à la solde des pouvoirs publics, capables de me pourrir l’existence au quotidien en vertu d’une « vision » totalitaire de la déficience visuelle, selon laquelle la cécité intégrale constituerait le seul remède valable à la pathologie de la malvoyance profonde, et les tracas à répétition autour de mes allocations une réponse adéquate à mon désir de discerner encore un tout petit peu plus qu’ombre et lumière…, alors que mon unique salut, / la perte de tout espoir sérieux de guérison dépendait, à ce moment-là, d’un rendez-vous chez le Pr Sahel, spécialiste de réputation mondiale, accessoirement conseiller scientifique attitré de la sacrosainte Fédération des Aveugles de France, en mesure de calmer les ardeurs du Conseil Général et de l’association locale des aveugles en cas de besoin…, rendez-vous pris, de surcroît, pour un certain lundi 13 décembre, jour de la sainte patronne de la lumière, ma route a soudain croisé, au détour de son abonnement à mon flux Twitter, celle d’une dénommée Céline, dont la simple présence a suffi à aiguiser ma curiosité en raison d’une étrange cabriole de VoiceOver, l’utilitaire de lecture d’écran par synthèse vocale intégré à Mac OS X…

Imaginez, en effet, qu’une voix de synthèse, pour humaine que soit, vous restitue le contenu d’un site web, ligne par ligne ou, au mieux, un paragraphe après l’autre, et qu’elle s’exclame soudain « Céliiiiiiiiine !!! », dans toute la mesure permise par les prouesses d’une machine, à la lecture d’un pseudo Twitter composé du prénom « Celine » (sans accent aigu) et d’une série d’idéogrammes chinois parce qu’elle prend ces caractères « non-standards », étranger à l’alphabet latin, pour des espèces de mélanges entre points d’interrogation et d’exclamation, un peu comme si je vous disais, d’un air à moitié angoissé, à moitié agacé: « Mais qu’est-ce que tu fabriques, Celiiine ???!!! Ça fait trois heures que je t’attends ! » ! Comment ne pas être particulièrement attentif à chacun de ses messages dans ces conditions-là, indépendamment de leur teneur, et ne pas prendre toute une soirée à les décoder à un moment où je ne voyais même plus assez clair pour activer mes droits d’accès au match en retard de Ligue 1 OM-Rennes via mon décodeur TV ?

Tiré de ma léthargie extrême, de cette sorte d’état second où je végétais d’un jour à l’autre dans l’attente du verdict médical, quelque-peu amusé et agréablement distrait par ce curieux bug technologique, aussi belge que le fabricant de ma synthèse vocale, motivé à remobiliser mes dernières forces à la découverte de ses écrits, j’ai donc été particulièrement intrigué et captivé par l’éclectisme de son fil Twitter, sa capacité à lancer d’interminables discussions sur la base de quelques phrases postées inopinément, sans cohérence évidente entre elles, et son art de manier si élégamment les armes du rire, des jeux de mots, des slogans détournés, des observations et des anecdotes diverses dans un souci évident de « provocation positive », c’est-à-dire pour susciter des réactions sans jamais créer un climat d’incompréhension, d’intolérance, de haine ou de mépris…, avant de me résoudre à dévorer goulument son blog en bon amateur de gastronomie littéraire fine et d’y laisser, illico, le premier d’une longue liste de commentaires passionnés, empreinte numérique initiale dont je suis encore on ne peut plus fier à l’heure qu’il est, un exploit pour qui sait combien je suis souvent tombé de très haut dans mes rapports avec les autres, notamment les femmes (mais là, pour une fois, même mes attentes les plus folles ont bien fini par être dépassées, car jamais je n’aurais pensé être à nouveau apte à faire d’une femme, objet de méfiance sui generis, une vraie amie dont je ne supporterais plus de me passer à l’heure qu’il est).
Le propre des relations humaines étant d’obéir déraisonnablement à des raisons que la Raison ignorera à jamais, autrement dit, d’être irrationnelles et fondamentalement inexplicables, il se trouve que ce sont, tout d’abord, mes lectures et cette façon si engageante de Céline de me mettre en confiance qui m’ont incité à la considérer comme une véritable amie, tellement pus proche de moi que beaucoup d’autres personnes dans la « vraie vie », et à lui faire part, bien trop vite et brutalement, de tout ce que j’avais sur le cœur depuis des années, au risque de trop lui en demander d’emblée et de lui donner une occasion en or de reprendre son chemin en quelques clics grâce à l’anonymat et au caractère intrinsèquement furtif des rencontres sur la Toile. Mais son exceptionnelle grandeur d’âme a précisément consisté à ne pas me fuir dès la première occasion d’être mal à l’aise avec moi, à faire tout son possible pour ne pas répondre par la violence gratuite à un flot de paroles que mon état de surtension nerveuse chronique avait souvent rendu assez violent et agressif, à ne jamais profiter, et encore moins abuser de ma position de faiblesse pour exercer sur moi un pouvoir autre que celui de la fascination et de l’exemplarité morale, à ne ménager aucun effort pour dépasser ses propres appréhensions, à me faire transformer la force de ma colère et de mon désespoir en autant d’énergie positive et créatrice, à me faire croire à une issue heureuse, génératrice de perspectives nouvelles, à me rester plus fidèle que jamais, allant jusqu’à être la première personne à écrire sur ma timeline publique, en guise de vœux de Nouvel An: « j’aime beaucoup te lire; suis heureuse et fière de te compter parmi mes amis! », à m’écouter, me conseiller et m’offrir le simple réconfort de sa présence quotidienne, parfois via l’échange d’une bonne dizaine de messages privés par jour, à accomplir l’incroyable prouesse de me détendre et me faire rire pour m’amener à dédramatiser, de temps à autres, le poids de ces heures si lourdes que je sentais passer chaque seconde, et à être au fait de certaines choses dont peu de gens ont pu ou voulu prendre conscience auparavant. Alors, s’il va de soi que cela n’allait avoir aucune incidence sur ma situation médicale objective, assortie d’une angoisse existentielle de plus de quatre mois parce que personne n’osait plus rien prévoir (diagnostic d’une cataracte à Paris, renvoi chez un collègue du Pr Sahel à Strasbourg afin de réaliser des examens complémentaires préalables à toute opération au plus près de mon domicile, histoire d’éviter les allers/retours incessants en TGV Est, indices d’un léger décollement de rétine de nature à compromettre sérieusement la faisabilité de l’intervention, deux mois d’attente pour obtenir un créneau d’IRM dans notre charmante capitale européenne, pour lever l’incertitude quant à l’état de ma rétine et décider, au final, de tenter l’opération envers et contre tout, le mercredi 20 avril…), il n’empêche que j’avais probablement besoin de contacts si chargés en émotions fortes et sincères pour continuer à éprouver le courage et l’envie de mener le perpétuel combat de la vie, mais que Céline, à elle seule, ne serait jamais arrivée à m’aider à créer un environnement virtuel serein, paisible, positif et attrayant si nos échanges avaient continué à fonctionner en vase clos, et n’avaient eu de public que les apparences !

C’est pourquoi je n’ai alors pas tardé à chercher activement, dans son entourage, mais pas seulement, d’autres personnes avec qui je puisse créer, par la fabuleuse entremise de l’écriture, le seul endroit sur Terre où l’on me juge encore davantage sur mes idées et mes qualités humaines objectives que sur les dommages collatéraux d’un handicap de plus en plus lourd à porter, indépendant de ma volonté; avec un succès si flagrant que ce qui me semblait tenir, au départ, d’une sorte de « shoot de fin de soirée » (comme d’autres réclament leur dose journalière de stupéfiants) s’est vite transformé en une expérience unique que j’espère bien pouvoir poursuivre encore longtemps, notamment sur l’espace supplémentaire offert par le présent blog.

Galvanisé par la dynamique révolutionnaire de toutes celles et tous ceux qui, des régions françaises affectées par les permis d’extraction de gaz de schiste à la Place Tahrir du Caire, ont eu le courage de se soulever contre ce qu’on leur présentait pourtant comme l’essence même du destin de la Société, réconcilié au moins partiellement avec le genre humain pour avoir perçu, chez certain(e)s de mes semblables, des relents d’aspiration à un monde meilleur, plus humain, solidaire et supportable, ou simplement moins hostile aux plus vulnérables d’entre nous, pressé d’en découdre avec la tyrannie d’un corps qui avait fini par prendre l’ascendant sur les vestiges de normalité socio-biologique que mon esprit s’acharnait à conserver par un sain instinct de survie, impatient de mettre toutes les chances de mon côté pour étendre à l’univers réel l’atmosphère positive et libératrice que j’avais réussi à créer autour de ma présence sur Twitter, je m’étais habitué à l’idée que malgré les faibles chances de succès que l’on me prédisait à la suite de mon opération du fait de sa complexité, le pire serait de laisser les choses en l’état pour le seul bonheur de ceux qui réclamaient déjà ma tête de mon vivant. C’est donc avec un soupçon de résignation dans la perspective d’un échec, mais réchauffé par la flamme de l’espoir et la sensation de ne pas être entièrement abandonné à mon sort, pour avoir reçu tant de marques de soutien, d’affection et de tendresse de la part de personnes dont certaines habitent à l’autre bout du Globe, que je suis parti me faire opérer en ce mémorable 20 avril, pour quitter l’hôpital dès le lendemain, sous de premiers signes plutôt encourageants, bien qu’il m’ait fallu près d’une semaine pour réaliser combien la situation s’était réellement améliorée… Autant dire que pour moi, le 21 avril revêt enfin une signification infiniment plus heureuse que ce souvenir, continuellement réchauffé par l’actualité, de ce triste dimanche où Jacques Chirac s’était un peu trop bien servi de Jean-Marie Le Pen pour écarter Lionel Jospin du second tour de la présidentielle et se faire élire avec un vrai score de république bananière, que je n’ai jamais pris autant de plaisir à célébrer Pâques, cette magnifique fête du renouveau et de l’espérance retrouvée !!!

Certes, mon gain d’acuité visuelle reste assez limité par rapport à ce que je percevais il y a une petite quinzaine d’années, de quoi enterrer, à court et moyen terme, le rêve de mener une vie proche de celle d’un bien-portant, de passer le permis de conduire pour être totalement indépendant dans mes déplacements au lieu de m’en remettre à quelques âmes charitables motorisées, aux taxis ou aux transports en commun sur des trajets hors de portée de mes pieds, et de reprendre une activité professionnelle normale sans devoir cumuler un triple handicap (ne pas être assez productif pour satisfaire aux cadences infernales du marché de la traduction, me le faire reprocher sans arrêt par une clientèle exigeante et pointilleuse par nature dont le but n’est en rien de donner dans le social ou l’humanitaire lorsqu’elle me confie une mission, gagner quelques centaines d’euros de moins par mois qu’en percevant des allocations qui ne devraient même pas être soumises à des plafonds de revenus si l’État prenait à la lettre ses beaux discours sur l’intégration sociale ou l’égalité des chances). Mais il n’empêche qu’en cette seconde moitié de printemps 2011, à un moment où les cicatrices de l’opération sont suffisamment bien guéries pour me mettre enfin en mesure de goûter immodérément aux fruits de la réussite médicale, je parviens à nouveau à lire et trier mon courrier à l’aide d’un dispositif capable d’agrandir jusqu’à 30 fois les caractères d’imprimerie, à utiliser occasionnellement le zoom de Mac OS X en vue de pousser enfin les portes de tous ces sites bourrés d’animations Flash et autres réjouissances multimédias qui me restaient au moins partiellement inaccessibles jusqu’à présent, à contempler la variété des couleurs et des formes d’arbres ou de plantes que la Nature nous offre en ce moment, à m’orienter au moyen de quelques repères visuels au lieu de m’en remettre quasi systématiquement à la canne blanche, outil stigmatisant s’il en est ! Et quoi qu’en disent tous ceux qui ont des idées bien arrêtées sur la question, à commencer par ces despotes de la cécité que les pouvoirs publics ont volontairement placé à la tête d' »associations représentatives » censées faire la pluie et le beau temps en leur nom en échange de subsides pour le moins généreux, quoi qu’en disent ceux qui n’ont eu de cesse d’attendre qu’un « faux aveugle » comme moi perde enfin toute raison de faire bon usage de sa vue et s’excuse éventuellement de ne pas encore s’être crevé l’oeil de sa propre initiative pour précipiter l’évolution naturelle des choses, quitte à éteindre définitivement en moi la lumière du respect de ma propre vie à force d’avoir voulu m’imposer, outre la cécité physique, celle de leur propre esprit, chacun de nos sens est si inestimable que de retrouver mon aisance cognitive d’il y a cinq ans, environ, me rend enfin ma fierté d’exister, me redonnant ainsi la possibilité d’appliquer à la « vraie vie » la démarche droite, ferme et assurée que tant de personnes avaient déjà su admirer en moi via les mondes virtuels de Twitter ou Facebook !

En conclusion: s’il y a de fortes chances que je ne ressorte pas indemne de tout ce que j’ai subi depuis de trop longues années, que je ne pardonne pas de sitôt à la Société de m’avoir refusé des droits humains aussi essentiels que celui de bénéficier des progrès de la médecine, que je mette encore beaucoup plus longtemps à pardonner au « monde des aveugles » (ou du moins à ses représentants si bien en place) d’avoir nié ma légitime aspiration à tirer pleinement parti de la multiplicité de mes sens, comptez néanmoins sur moi pour appliquer à la lettre cette phrase de Céline à laquelle j’ai repensé dès le réveil de l’opération, alors qu’on avait oublié de me prévenir que l’oeil serait recouvert d’une coque opaque afin de le protéger de la lumière = que je me retrouverais totalement plongé dans le noir, qui m’avait alors valu de m’exclamer « Céline, aide-moi !!! » quelques secondes plus tard, faute d’avoir su formuler plus rationnellement ma peur que tous les efforts aient été vains…, cette phrase qui devrait sonner comme une évidence si seulement nous ne vivions pas dans un monde où l’Humanité a décidé de faire triompher l’obscurantisme pour accélérer son autodestruction :

Nous sommes tous des aveugles sans notre âme qui est notre lumière

!

Car si à toute chose malheur est bon, j’espère, au moins, que mes souffrances auront fait grandir mon âme, et que de recouvrer un peu de vue me rendra toujours plus vigilant, plus attentif à ce qui se passe autour de moi, plus intolérant envers l’intolérance, méprisant envers le mépris et intraitable avec toutes les idéologies qui se réduisent à propager la haine !!!

Tel sera aussi l’objectif de ce blog à l’avenir; alors, après avoir suivi mon chemin de croix, rendez-vous très bientôt pour y parcourir une longue route pavée d’eau de prose !!!

>En ce 4 avril 2010, joyeuses Pâques à tous, et bonne fête à vous autres bloggeurs, disciples de Winston Smith malgré vous, qui résistez encore à "La Vague"

>Visitez mon profil Technorati !

En effet, s’il est encore une journée chargée de signes évidents du destin, dans la droite ligne du samedi 27 mars dernier, c’est donc bien ce dimanche 4 avril 2010.

1. C’est aujourd’hui que les Chrétiens du Monde entier (y compris les Orthodoxes, dont le calendrier coïncide exceptionnellement avec le nôtre) s’unissent pour célébrer Pâques, cette fête du renouveau, de l’espoir, de la chaleur, de l’abondance, de la fécondité et de la joie de vivre, qui devrait marquer d’une empreinte solennelle la renaissance spirituelle et affective de l’Humanité à l’issue d’une période de glaciation, de déprime et d’usure que le Vendredi Saint vient enfin de clore en apothéose dans la mesure où ses multiples processions, chemins de croix et autres manifestations d’autoflagellation ou de pénitence collective symbolisent bien, à l’extrême, tout ce que les Hommes, enfermés dans une société qui ne leur accorde guère le temps de rêver à un avenir meilleur, sont aujourd’hui prêts à endurer pour survivre, améliorer leur ordinaire ou forcer le respect de leurs semblables, tout ce avec quoi nous aimerions tant découdre pour nous accorder plus souvent, si ce n’est quotidiennement, quelques instants de douceur et de plaisir, à l’image de ceux qu’il nous a probablement été donné de goûter en savourant les rituels œufs en chocolat…

2. Mais le 4 avril se trouve également avoir été ce fameux jour de printemps où George Orwell situait le début de son mémorable roman de politique-fiction, « 1984 », dont le héros, un certain Winston Smith, persécuté par un système totalitaire préfigurant à souhait les dérives qui pourraient emporter la France dans le tourbillon de la Réaction néofasciste d’ici quelques années sous l’influence destructrice de notre Big Brother présidentiel, a commencé à entrer définitivement en résistance mentale contre le système en consignant ses pensées, ses états d’âme, sa haine et ses élans d’espoir dans un journal illusoirement intime que le Parti semblait, en réalité, arriver à lire en temps réel pour traquer ses pensées déviantes, entretenant ainsi un lointain ancêtre de nos blogs ou profils Facebook d’aujourd’hui, qui, pour autant qu’ils remplissent parfaitement leur fonction d’exutoires, d’espaces de liberté virtuelle et de lieux destinés à véhiculer des états d’esprits aussi divergents que la profondeur d’analyse absolue ou le néant joliment enrobé d’animations Flash, n’en sont pas moins placés sous le contrôle quasi permanent de la Société, qui peut s’en servir avantageusement pour savoir à notre sujet à peu près tout ce qu’elle pourrait retourner contre nous. Car oui : qu’on le veuille ou non, et bien que l’Internet reste un formidable lieu d’expression, de partage, d’épanouissement ou de divertissement en ce qu’il rend viables des projets comme Wikipedia, AgoraVox, Youtube, MySpace, Twitter ou des plateformes de jeu en ligne, de manière à décloisonner des connaissances, des pratiques ou des opinions autrefois confinées à quelques cercles d’érudits, les TIC sont désormais avant tout les armes de prédilection des dictateurs ou des fournisseurs de pensée unique entretenant savamment quelques rivalités de façade (cf. conflit Google vs. Chine, qui me fait un peu penser à ces affrontements géostratégico-économiques permanents, ne tenant ni de la raison, ni même d’une idéologie sérieuse, qu’Orwell avait déjà anticipés en 1948) pour continuer à donner au cyber-consommateur, vache à lait du système à l’insu de son plein gré, le sentiment d’avoir encore pour longtemps un choix fondamental entre des offres de contenus ou de services à la fois riches et variées, tout en uniformisant sciemment ses modes d’action, de réflexion et de comportement à l’échelle mondiale, selon la seule, unique et toute-puissante matrice néolibérale. Puisse donc chacun d’entre nous, en ce jour de Pâques, symbole d’espoir et de renouveau, trouver en quelque disciple de celui qu’Orwell avait conceptualisé sous le nom d’Emmanuel Goldstein – l’ennemi naturel du Grand Frère -, sa propre raison de vivre autrement, plus dignement que dans un système aussi inique et destructeur que le nôtre, quand bien même ses convictions seraient assez puériles ou naïves pour être vouées à l’échec au vu de la surpuissance de l’Empire, et puisse donc le 4 avril devenir, en l’honneur d’Orwell et de son Winston Smith, une journée mondiale de réflexion et d’action autour de la nécessaire pérennité des blogs, des réseaux sociaux et d’une démocratie aussi participative que possible…!

3. Et pour vous montrer que ma méfiance à l’égard du potentiel dictatorial et avilissant des régimes contemporains est loin de n’être que pure paranoïa antisarkoziste, anticapitaliste ou néo-anarchiste non assumée, je ne peux que vous inviter, à défaut de (re)lire « 1984 » en citoyens avertis, à jeter un œil attentif sur le film « La Vague », abondamment rediffusé sur Canal + ces temps-ci, qui montre bien, sur un air de fiction vaguement récréative mettant en scène des lycéens en mal de projets, attirés par les expériences pédagogiques incontrôlables d’un professeur manifestement avide de reconnaissance et d’autorité, combien il semble facile, même dans une Allemagne pourtant blindée contre les excès du nazisme et du stalinisme à force de s’être interrogée bien plus que d’autres sur la douloureuse histoire de sa culpabilité collective sous ses divers régimes totalitaires, de captiver des jeunes de toutes origines et de tous degrés d’intelligence pour en faire des monstres en puissance. Et à ceux qui m’objecteraient qu’il ne s’agit là que d’un film de plus, bourré de stéréotypes sur des lycéens désoeuvrés et sur une Allemagne vieillissante, un peu trop imprégnée d’on ne sait quels ténébreux égarements libertaires au contact de Joschka Fischer ou Daniel Cohn-Bendit au lendemain des « années folles », qui n’aurait rien de mieux à faire de ses rejetons que de les laisser choisir entre zoner sur MSN et adhérer au NPD en l’absence d’alternatives raisonnables à la vacuité de l’espace public depuis que les contestataires post-soixante-huitards précités sont rentrés dans le rang de la bienséance et du jeu institutionnel, je dirais simplement que même derrière les éternels raccourcis dramaturgiques qu’implique le fait de faire tenir un scénario en 90 minutes chrono se cache une réalité inquiétante qui vaut aussi bien pour l’Italie de Berlusconi, l’Amérique d’Obama, la Belgique d’Yves Leterme ou la France de Sarkozy: il suffit d’une bonne dose de chômage, de tensions sociales, d’insécurité, supposée ou réelle, de racisme, d’intolérance, de niaiseries télévisuelles, d’arrogance et de violence, verbale ou physique, pour faire exploser la cohésion de la Nation ou de toute autre entité constituée sur des bases qu’elle croit encore inébranlables au moment même où les premières menaces existentielles s’abattent sur elles, tel un déluge dont tous s’acharnent à sous-estimer la gravité, au point de nous faire inconsciemment préférer la dictature la plus sanglante à la démocratie la plus authentique. « La Vague » ne déferle donc pas sur nous comme une vérité absolue, mais c’est un bon point de départ pour réfléchir plus avant sur la solidité de nos propres convictions morales à l’heure où le statut importe bien plus que la stature ; et puissent donc, au sortir d’un dimanche de Pâques où le concept de fécondité aurait dû être tout particulièrement à l’honneur, féconder en vos fertiles méninges les germes d’une résistance nouvelle, massive et revigorée aux manœuvres les plus perverses de nos oppresseurs!!!

Saturday Night Fiber: il était une fois un samedi, 27 mars 2010, historique à plus d’un titre

À peine mon ami d’enfance Hervé Poudoulec a-t-il déménagé à Lyon pour des raisons personnelles en ce vendredi 26 mars, pluvieux et sans saveur particulière, après avoir écumé avec moi, pendant près de 12 ans, les principaux dancefloors alsaciens, allemands, bruxellois et londoniens, à la recherche permanente d’une osmose aussi parfaite que possible entre musiques électroniques de qualité et ambiance conviviale, guidé en cela, sur les voies tortueuses d’une « Europe de Maastricht » dont les arts constituent certainement un bien meilleur socle fondateur que cette construction politico-économique poussive indéfiniment renvoyée aux calendes grecques, par les bonnes étoiles de la créativité, de fabuleuses intuitions et les effets manifestement bénéfiques de quelques stupéfiantes herbes de province…, et après m’avoir fait découvrir, au fil de toutes ces inoubliables années d’enfance, d’adolescence et de confrontation aux dures réalités de l’âge adulte, soient environ 3 décennies de vie, tant de nouveautés captivantes à fort potentiel addictif dans les domaines de la radio, de la réception par satellite, de l’Internet et du son à force de m’associer étroitement à ses innombrables projets artistiques (Youppala, Madnus & Scogil, Kira Neris, etc.), jusqu’à faire de moi, grâce à sa légendaire force d’entraînement et de persuasion, son inébranlable ténacité, sa patience et son impressionnant bagage de connaissances, cette espèce d’OVNI électromane et technivore qui vous écrit présentement, que la planète a déjà traversé le « jour d’après » – ou la journée du lendemain, si vous préférez -, soit un certain samedi 27 mars où se sont bousculés, aux portillons de l’Histoire et de l’actualité immédiate, au moins quatre faits marquants auxquels je me dois bien de consacrer un peu plus qu’une salve de tweets ou de commentaires voués à se perdre parmi les incessantes réactualisations de mes flux d’activités sur Facebook ou MySpace, sous peine de passer complètement à côté de l’essentiel (un peu comme dans le film de Roland Emmerich, où il ne s’était fallu que de quelques heures et d’une infernale conjonction de catastrophes naturelles inégalées, au grand dam de tout ce que la Terre comptait de gardiens du temple de la doctrine scientifico-technologique officielle, pour que la machine du dérèglement climatique s’emballe dangereusement, au point de mettre en péril la survie même de l’Humanité…). Voilà pourquoi, dans le cadre d’une manifestation littéraire nocturne inédite en l’honneur du troisième anniversaire de mon iMac, baptisée « Saturday Night Fiber » (la fibre du samedi soir) en raison des heureux hasards du calendrier et de l’absence de volonté des fournisseurs locaux d’accès Internet, dont SFR, Orange et Numéricâble, de raccorder enfin mon immeuble à une véritable infrastructure de réseau FTTH, à la fois performante, interopérable, et donc susceptible de favoriser une saine émulation entre offres de services innovantes et concurrentielles, je vous offre, ci-après, ma première prestation de « speed writing » à l’échelle d’un message de blog, qui, telle une soirée de « speed dating » entre artistes post-surréalistes amateurs d’écriture automatique, risque incontestablement de porter les stigmates d’une série de « rencontres » rapides et éminemment superficielles entre mes pensées et mon clavier, ce qui vous vaut, sans plus tarder, de lire les remarques suivantes (remarques d’autant plus… remarquables, cela va sans dire, que, faute d’avoir abouti à des résultats concluants pour ce paragraphe-ci – d’où son style on ne peut plus « classique » au vu de mon œuvre globale -, l’expérience s’est largement prolongée au-delà des premières lueurs du jours à cause du passage à l’heure d’été, de la perspective de regarder en direct le Grand-Prix d’Australie de Formule 1 et d’un bug inopiné sur les serveurs de Blogger.com qui m’a contraint à republier ma prose en ce mardi soir…)!

1. Tant qu’à reparler des stratégies mondiales de lutte contre les caprices du climat, rappelons que, dans la nuit du samedi 27 au dimanche 28 mars, avait non seulement lieu le rituel, mais non moins salutaire passage à l’heure d’été, synonyme de substantielles économies d’énergie et de réduction minime des émissions de gaz à effet de serre du simple fait de l’accroissement artificiel de la durée d’exposition à la lumière naturelle en soirée et de la réduction subséquente des besoins en chauffage ou en éclairage public, mais aussi une sorte d’heure de silence électronique du nom d' »Heure pour la Terre », en signe de deuil pour toutes ces particules d’ozone d’ores et déjà détruites par toutes nos activités polluantes. Concrètement, il s’agissait d’éteindre tout éclairage et/ou appareil électrique inutile le samedi entre 20h30 et 21h30, heure locale, pour signifier, de concert avec des millions d’autres particuliers ou collectivités territoriales sur l’ensemble du Globe, une forte volonté de ne pas attendre que d’autres fassent le premier pas pour préserver la planète, sa biodiversité et ses ressources fossiles rares, dont le pétrole et le gaz, mais d’aller immédiatement de l’avant en se montrant, chaque jour, un peu plus exemplaire. Or, comme je me trouve être beaucoup moins friand de symboles que d’actes, j’ai préféré anticiper le mouvement en débranchant ordinateur, Neufbox, décodeur TV HD et chaîne hi-fi pendant 24 heures, à compter de vendredi midi, afin de me ménager un « crédit carbone » à la hauteur de l’empreinte écologique liée à l’acheminement du signal audio / vidéo de France 3, du Stade de France à mon domicile, à l’occasion d’une finale historique de Coupe de la Ligue entre mon OM chéri et les Girondins de Bordeaux, car, après la déconvenue électorale de la semaine dernière en Alsace, il fallait bien que je puisse me raccrocher à une éventuelle victoire marseillaise pour ne pas avoir l’impression de vivre un mois de mars uniformément négatif. Alors, à défaut d’avoir donné un exemple d’éco-citoyenneté au moment précis où le code de bonne conduite de la haute société bien-pensante me le demandait, ce qui m’aurait, de toute façon, posé un délicat problème de conscience parce que je n’aime absolument pas me résoudre à l’idée qu’une démarche collective présentée comme quasi obligatoire, fut-elle animée des meilleures intentions, se substitue à la liberté et à l’esprit de responsabilité, donc à des vertus intemporelles par nature, contrairement à des minutes de silence ou je ne sais quelle autre , manifestation ponctuelle, ma devise personnelle « un Marseille qui gagne, et ça repart » s’est largement vérifiée puisque le temps réglementaire aura suffi aux vaillants hommes de Didier Deschamps pour l’emporter brillamment par 3 buts à 1, à l’issue d’un match certes relativement âpre à ses débuts, mais ô combien réjouissant dès l’entame de la seconde mi-temps, de quoi me rendre résolument euphorique pour l’ensemble du week-end puisque le club phocéen n’avait plus remporté aucun trophée depuis la Ligue des Champions de l’UEFA en 1993!!! Enfin, s’il est vrai que mon intérêt pour les épreuves de Formule 1 n’a vraiment rien d’une préoccupation écologique, tant les incidences des sports automobiles sur l’environnement et les riverains des circuits sont manifestement désastreuses, il n’en demeure pas moins que certains procédés techniques élaborés ou testés dans le cadre de la F1, notamment le fameux KERS (ou SREC – système de récupération de l’énergie cinétique), pourraient parfaitement servir de base aux équipements en série des futurs véhicules grand-public, et que moi, qui ne pourrai probablement jamais conduire de voiture en raison d’une vue bien trop défaillante, je ne peux m’empêcher de déguster les séquences en caméra embarquée, histoire de me mettre, l’espace de quelques secondes, à la place d’un pilote dévorant la route comme d’aucuns le feraient avec leur sandwich.

2. Pour le reste, ce 27 mars aurait également pu entrer dans l’histoire de la résistance anti-sarkoziste si le « No Sarkozy Day », version française d’un « No Berlusconi Day » couronné d’un fort succès chez nos voisins transalpins, avait rencontré un écho tout aussi favorable chez nous. Mais comme il se trouve que la coordination de ce mouvement s’est essentiellement faite sur le Net, ce qui a permis à toute une pléiade de militants à domicile d’afficher leur soutien virtuel en annonçant leur participation à l’événement à grands renforts de contributions sur Facebook et autres réseaux sociaux pour impressionner leurs amis avant de faire preuve du moindre engagement politique fondamental, nul besoin de se prendre pour Mme Soleil pour deviner que même s’il n’y avait pas eu un seul nuage à l’horizon, on aurait pu compter par milliers le nombre des internautes déployant soudain des trésors d’imagination pour s’excuser mollement de ne pas avoir troqué leur souris contre une banderole le jour venu, d’autant que le « No Sarkozy Day » du suffrage universel, expression première du rejet de la politique présidentiel par cette voie institutionnelle que sont les urnes, à déjà eu lieu la semaine dernière, à l’occasion des élections régionales, que les organisations syndicales ont remis le couvert 48 heures plus tard, sous forme d’une journée d’action, des mieux suivies, contre la réforme des retraites et la casse salariale, et qu’en dépit de cette montée sans équivoque du mécontentement populaire, l’exécutif nous a bien fait comprendre qu’il y resterait encore plus aveugle et sourd que Jacques Chirac au lendemain du 29 mai 2005. D’où peut-être, même chez les plus fervents supporters sur le terrain, donc chez ceux qui ont effectivement foulé le pavé pour afficher leurs revendications sur la voie publique, hors des cercles fermés du web pseudo-participatif et citoyen, une certaine résignation devant la politique de la terre brûlée et du fait accompli, qui fera vraisemblablement de ce happening une fausse bonne idée de plus… En attendant le véritable « No Sarkozy Day » de mai 2012, que même l’intéressé ne pourrait plus ignorer, à moins d’un coup d’Etat qui nous emmène définitivement de la Ve République au IIIe Empire…!

3. Bien que je sois très réservé à l’égard de ces grand-messes de la bonne conscience, tel le Sidaction de ce week-end, où les mass-médias audiovisuels dominants redoublent soudain d’unité de façade, de bons sentiments prêts à emporter et de rituels culpabilisants rarement exempts de voyeurisme pour faire exploser les compteurs au bout de 5 millions d’euros, pendant que les lobbies pharmaceutiques et les pouvoirs publics, qui ont ostensiblement intérêt à voir prospérer ce genre d’initiatives sur nos écrans à longueur d’année pour se défausser à bon compte, négocient discrètement, dans le cadre du futur traité ACTA, une marchandisation généralisée du système de santé sur la base de coupes drastiques dans les budgets de la recherche publique, à hauteur de quelques milliards d’euros (soit effectivement 1000 fois plus que les recettes d’un week-end TV contre le SIDA), d’une concentration des moyens sur les seules pathologies immédiatement rentables et d’un primat universel des brevets sur les impératifs légitimes des pays en développement, et que les téléspectateurs, censés personnifier, à eux seuls, le temps d’une émission qui ne pourrait pas fonctionner sans eux, les plus viles travers de l’Humanité (y compris cet individualisme occidental que la télévision, en particulier, véhicule pourtant à merveille le reste du temps), s’acquittent de leur aumône en moins d’une minute, sans trop de maux d’estomac, là où leur déclaration d’impôts leur cause parfois des heures de travail et quelques ulcères, au lieu de devoir se motiver, par exemple, à consacrer un peu de leur temps à des associations d’aide aux personnes séropositives ou à considérer avant tout les malades du SIDA comme des êtres humains de plein droit, et non des patients qu’il faudrait isoler derrière un cordon sanitaire étanche pour les soigner ou les « gérer » à l’abri de la société des biens-portants, je ne me permettrais pas d’appeler explicitement à boycotter une manifestation de bienfaisance X ou Y afin de ne pas m’abîmer dans la contradiction consistant à préjuger de l’opportunité de vos investissements financiers ou de votre carrière associative tout en reprochant aux médias d’en faire de même. Cela dit, comme la problématique humaine des personnes atteintes du VIH rejoint parfois celle des personnes handicapées en général, à savoir qu’il est de plus en plus difficile d’être traité comme un Humain à part entière dès que l’on se trouve être physiquement diminué, j’aurais tant aimé que nos chaînes de télévision se fassent également l’écho, dans les mêmes proportions, des manifestations du collectif « Ni pauvre, ni soumis », en faveur d’un revenu de vie pour les personnes handicapées, question certes plus technique et moins chargée d’émotions que l’instrumentalisation de la peur de mourir des conséquences de l’immuno-déficience, mais ô combien essentielle à la dignité humaine et au plein exercice de la citoyenneté. Car en ces temps de raréfaction volontaire des crédits alloués aux piètres vestiges de l’Etat providence, où il devient presque de bon ton de fustiger l’assistanat au mépris de l’idéal de solidarité nationale et d’envier les « bénéficiaires » de minima sociaux de type RSA, censés se reposer indûment sur les lauriers du dur labeur d’autrui, surtout chez ceux, des mieux lotis aujourd’hui, qui accepteraient le plus difficilement de se retrouver dans le besoin au point de solliciter ces « largesses » parce qu’il leur faudrait alors trébucher, à leur tour, sur le maigre filet protecteur que les nantis ont bien voulu consentir aux démunis, et à défaut d’éradiquer, d’un jour à l’autre, des facteurs discriminants aussi complexes que l’inaccessibilité des lieux publics ou la condescendance d’une société pour qui handicap rime trop souvent avec appartenance à une caste d’intouchables qu’il est certes formellement interdit de vouloir éliminer physiquement, sous peine de passer pour d’ignoble monstres néonazis prônant la réouverture immédiate d’Auschwitz (encore heureux que personne ne remette sérieusement en cause le principe du droit à la vie, la base même de la Civilisation), mais qu’il est raisonnablement permis de traiter comme des humanoïdes de troisième catégorie dans l’indifférence générale ou avec l’assentiment des masses, l’heure est peut-être enfin venue de corriger cette double injustice juridique aux termes de laquelle les personnes handicapées sont condamnées:

– à percevoir un revenu de base sensiblement inférieur au seuil de pauvreté (seule l’Allocation aux Adultes Handicapés – AAH -, qui s’élève actuellement à un peu moins de 700 euros par mois, permet de subvenir aux besoins essentiels de l’existence et de gérer son budget en toute autonomie, sans le contrôle préalable des autorités, alors que la Prestation de compensation du handicap – PCH – ou l’Allocation compensatrice tierce-personne – ACTP – servent exclusivement à financer des aides matérielles ou humaines ponctuelles sous le contrôle étroit de Conseils Généraux qui ont bien compris que le handicap et la mobilité réduite constituent indéniablement de formidables gisements d’emplois de proximité puisqu’ils génèrent une demande forte, durable et difficilement délocalisable en matière de produits ou services d’assistance à la personne);

– et à être sanctionnées pour leur volonté ou leur aptitude à s’intégrer dans la Société en exerçant une activité professionnelle dans la mesure où le mécanisme de prise en compte des ressources personnelles, revenus du travail compris, est si rigide et contreproductif qu’il leur faut souvent choisir, pour longtemps, entre travailler plus pour gagner moins et travailler moins pour gagner plus (seule l’absence de tout revenu imposable permet de prétendre, à coup sûr, aux allocations à taux plein, alors que, dès le premier centime ou presque, gagner un euro de salaire revient à perdre 1€ d’AAH + 0,25€ d’ACTP + la totalité des aides au logement +, dans de nombreuses villes, la gratuité des transports en commun ou d’autres avantages sociaux du ressort des collectivités locales, de sorte qu’il est même encore moins intéressant de se vendre à un employeur 40h par semaine pour l’équivalent du SMIC que de rester inactif; un comble quand on n’arrête pas de nous casser les oreilles avec le concept de « valeur travail »…).
Et si les mass-médias, avides de bonne conscience et soucieux d’évacuer les sujets qui fâchent / n’intéressent personne, parce que trop techniques, se sont effectivement empressés de relayer la réponse officielle du gouvernement, selon lequel l’AAH serait revalorisée de 25% d’ici 2012, le diable est plus que dans un détail, mais carrément dans un mensonge qui prouve bien à quel point on nous prend pour des demeurés: ces 25% ne s’apprécient pas au vu des montants de 2010, mais de 2007, date à laquelle Nicolas Sarkozy, alors encore simple candidat à la Présidence, avait déjà fait cette promesse; comme quoi, il excelle vraiment dans l’art du copier-coller (ou plutôt dans le recyclage verbal, pour parler comme un bon écolo de droite…).

4. Enfin, comme indiqué plus haut, le 27 mars a également marqué le 3e anniversaire de mon iMac 17 pouces et, par conséquent, le début de ma migration de Windows vers Mac OS X, grâce, notamment, aux outils d’accessibilité de plus en plus performants de ce dernier. Pour vous resituer cet événement dans son contexte global, voici la copie quasi conforme de ce que j’ai récemment écrit, à ce sujet, à un ancien condisciple de Langues Etrangères Appliquées:

S’il était jusque-là acquis:

– qu’un handicapé visuel, mal ou non-voyant, devait nécessairement conclure une sorte de CDI sans clause de résiliation avec la guilde des industriels du PC, et donc indirectement avec Microsoft et ses systèmes d’exploitation successifs (MS-DOS et Windows), puisque seuls ces environnements de travail permettaient d’installer des outils d’accessibilité tels que des lecteurs d’écrans (Sonolect, Visiobraille pour Windows, Jaws, etc.) ou des logiciels de grossissement de caractères comme Zoomtext ou Magic;

– que ces technologies d’assistance sont parfois relativement incompatibles entre elles, ce qui pousse inéluctablement une personne comme moi, qui s’est régulièrement trouvée à cheval entre la malvoyance et la cécité, selon le type d’usage informatique, à devoir faire un choix entre l’utilisation exclusive d’un grossissement de texte ou d’un lecteur d’écran pour ne pas avoir à installer une pléthore de scripts ou de plugins semi-officiels censés tenter le démon de leur houleuse cohabitation;

– que les adaptations pour Linux, alternatives potentielles à l’hégémonie de Windows dans la mesure où il est tout de même relativement simple, à la base, d’installer une distribution Linux sur n’importe quel PC après avoir reformaté son disque dur pour en éliminer les traces du système d’exploitation précédent, en étaient encore toujours à des balbutiements sortis tout droit des claviers de quelques amateurs, aussi dévoués qu’artisanaux dans leur démarche, qui continuent, par exemple, à utiliser des synthèses vocales comparables en tous points à celles qui servaient déjà de bases aux premiers albums de Kraftwerk ou à la mémorable « Dictée Magique » de chez Texas Instruments;

– que ces aides techniques, pour merveilleuses et révolutionnaires qu’elles ont toujours été puisque rien ne se serait jamais fait sans leur entremise, progressaient mille fois plus lentement que l’environnement graphique ou les réseaux sur lesquels elles devaient nous permettre d’évoluer avec autant de facilité, et si possible à la même vitesse que les autres;

– et que Microsoft, qui, par idéalisme ou acquit de conscience, avait initialement tendance à répondre très favorablement aux demandes des développeurs ayant besoin d’accéder à quelque morceau de code source pour commercialiser des produits ou services à l’intention des usagers handicapés (au point que Bill Gates en personne, aussi généreux que médiatique dans sa démarche, avait daigné faire don de quelques millions de dollars en faveur de plusieurs projets de recherche fondamentale sur l’ergonomie et la mise en accessibilité des futurs ordinateurs), a fini par abuser du prétexte de la crise économique consécutive à l’éclatement de la bulle Internet des années 2000 et de la prétendue incapacité de certains développeurs (dont l’inventeur, aveugle par ailleurs, de ce fabuleux Jaws pour Windows qui règne aujourd’hui en maître absolu sur le segment des lecteurs d’écrans pour PC) à s’adapter aux réalités de son système d’exploitation.

En somme, disons que les handicapés, plutôt que de compter sur qui que ce soit pour prendre le train en marche, n’avaient qu’à mieux se tenir, mieux s’entraider et se former à prix d’or aux réalités d’un environnement graphique de plus en plus visuel pendant que le reste de l’Humanité, qui découvrait à pas de géant les charmes de plus en plus multiples de l’Internet haut débit grâce à la démocratisation de l’ADSL et des réseaux 3G, s’épanouissait tranquillement devant ses écrans, et que l’abîme entre valides et handicapés, d’ores et déjà difficilement surmontable lors de ma mission de traducteur à la Commission européenne en 2001, n’était donc pas près de se combler…, à moins d’un sursaut revendicatif ou d’une révolution extérieure au monde des « Windowsiens », de nature à soumettre à nouveau le marché des technologies d’assistance à une saine logique d’émulation et d’innovation.

Et c’est justement là qu’est entrée dans ma vie une curieuse et exotique « bestiole à la pomme », autrefois l’apanage des artistes de tous horizons, graphistes et musiciens en particulier, mais dont les énormes ressources système commençaient également à intéresser d’autres catégories professionnelles: le Mac!!!

Et c’est une fois de plus mon ami d’enfance Hervé, cet inconditionnel du Macintosh depuis son retour à l’informatique en 2004 (après avoir passé des années à gérer ses mails ou à consulter des sites web sur son téléphone portable via l’interface WAP de chez SFR), mais qui, à l’inverse de moi, avait toujours réussi à se contenter du zoom système, intégré au Mac depuis belle lurette sans forcément se demander où en étaient les synthèses vocales, qui m’a envoyé un lien vers le site d’une certaine entreprise néerlandaise dénommée Assistiveware, spécialisée dans la conception de toutes sortes de logiciels et de périphériques d’accès, où j’ai bien vite trouvé mon bonheur à long terme puisque j’y ai appris, en quelques minutes, qu’à côté du fameux zoom, on pouvait aussi activer, sans aucun conflit de ressources ou ralentissement excessif du système, un lecteur d’écran nommé VoiceOver, également intégré à n’importe quel ordinateur équipé de Mac OS X 10.4 ou plus, presque aussi performant que Jaws pour Windows dans l’ensemble, et qu’Assistiveware proposait entre autres les voix de synthèse Infovox iVox, développées par les Belges d’Acapela Group, soit à peu près ce qui se fait de mieux sur le marché puisque leur qualité et leur timbre se rapprochent de plus en plus de la voix humaine au fil des mises à jour de versions, rendant ainsi l’utilisation de la machine encore beaucoup moins fatigante et plus conviviale que jamais. Abasourdi par une nouvelle aussi imprévisible que spectaculaire, j’ai donc tout d’abord testé VoiceOver et Infovox iVox sur le portable d’Hervé, de peur de dépenser 2000 € pour rien, et me suis aperçu aussitôt que:

– pour diablement efficaces qu’ils étaient, seuls ou combinés au zoom système;

– pour réjouissante qu’était la perspective d’utiliser enfin des outils multimédias contemporains après avoir essayé en vain, des années durant, de tirer le meilleur parti de Winamp ou de quelque utilitaire d’enregistrement de flux audio (sans même parler du visionnage de films ou de photos en plein écran que Jaws appréciait tellement qu’il plantait presque à chaque fois);

– pour fabuleux qu’allait devenir un univers débarrassé de tout virus ou cheval de Troyes…,

j’aurais tout intérêt à commencer par acheter un ordinateur de bureau plutôt qu’un portable pour pouvoir travailler avec un facteur de zoom suffisant, le cas échéant sur une période prolongée, compte tenu du nombre encore très élevé de programmes inaccessibles aux lecteurs d’écran, et plus particulièrement d’applications reposant sur de jolies interfaces graphiques à base d’animations Flash, ce qui m’a donc amené, au final, à courir chez BeMac, l’un des deux revendeurs Apple agréés à Strasbourg, le mardi 27 mars à moins de 10 minutes de la fermeture du magasin, pour m’acheter un iMac 24 pouces, un modèle dont l’originalité est de ne plus comporter de tour, comme les « desktops » traditionnels, parce qu’assemblés d’un seul bloc, compact et donc d’autant moins encombrant, le disque dur et les différentes cartes nécessaires à son fonctionnement étant savamment dissimulés par son élégante carcasse, quelque-part en-dessous ou à côté de l’écran.

Après avoir, tout d’abord, ramé un peu plus que prévu pour trouver des repères fiables dans cet environnement qui ne ressemble que marginalement à Windows, et avoir mis un moment à comprendre comment Apple, dont l’une des marques de fabrique est d’avoir toujours su transformer l’utilisation d’un objet en une forme de perception, d’expression et d’art sui generis, avait bien pu s’y prendre pour conférer un caractère artistique à la restitution d’un contenu d’écran ou d’une page web, ce qui m’a valu de me plonger assez longuement dans leur documentation anglophone, par manque de ressources en français à cette époque-là, et à m’exercer quelques jours avant de parvenir à intérioriser, jusqu’au stade de l’automatisme, les réflexes de base du « Maqueux » en pleine phase d’éclosion, je me suis donc entouré des compagnons de jeu idéaux pour rentabiliser au maximum mon jeune investissement, par exemple:

– les traitements de textes Pages et Nisus Writer Pro;

– les navigateurs web iCab et Safari;

– iTunes et son incontournable iTunes Store (qu’Apple a d’ailleurs rendu totalement compatible VoiceOver depuis lors afin de capter, mieux que nul autre e-commerçant de son rang, le juteux marché des déficients visuels, cible de choix dont il fallait juste avoir l’idée d’intégrer les qualités de « serial online shoppers » par nécessité ou commodité et de mélomanes avertis par prédisposition sensorielle dans la stratégie globale de conquête des marchés au lieu de se réfugier, comme Amazon.com à propos de son Kindle, derrière l’argument selon lequel les technologies d’assistance pourraient servir à violer les droits de propriété intellectuelle dans la mesure où les synthèses vocales perfectionnées d’aujourd’hui permettraient de produire des contenus audio d’une qualité suffisante pour être exploitée commercialement sans l’autorisation des ayant-droits);

– iPhoto, qui me donne enfin l’occasion d’archiver et d’étiqueter moi-même toutes les photos que mes parents prennent sur leurs appareils numériques;

– Audio Hijack, un logiciel permettant d’enregistrer en temps réel, sans trop de réglages, n’importe quelle source audio prise en charge par la carte son;

RadioShift, utilitaire destiné à accéder, à des fins d’écoute et/ou d’enregistrement, à quelques dizaines de milliers de radios du Monde entier, classées par genres, pays et débit;

– Netshade, application permettant de faire transiter son trafic web par un proxy basé au Texas de manière à se faire passer pour un internaute américain, techniquement parlant du moins, et d’utiliser ainsi en douce des services d’écoute de musique en ligne comme Pandora ou Slacker, théoriquement réservés aux résidents U.S. pour de sempiternels motifs de protection des droits d’auteurs;

– Pandora Jam, qui offre carrément la possibilité d’enregistrer les morceaux sur Pandora dans leur qualité d’origine tout en récupérant consciencieusement toutes leurs données associées (nom d’artiste, album, genre, année de sortie…) pour les découper et les étiqueter aussi proprement que s’ils étaient extraits d’un CD;

– ainsi que les inévitables gestionnaires de torrents et autres téléchargements pour me constituer une belle cinémathèque dématérialisée, gratuite de surcroît…

Eh oui: à force d’avoir été assimilé à un voleur sollicitant des avantages indus au motif que mes logiciels de lecture d’écran, équipés de synthèses vocales au timbre quasi humain, permettraient de produire des textes commercialement exploitables et de violer ainsi ces fichus droits d’auteurs à longueur de journée, j’ai fini par vouloir faire honneur à ma réputation supposée, et suis donc devenu un dangereux hacker qui se fiche éperdument de toutes ces lois liberticides (DADVSI, HADOPI, future LOPPSI, et que sais-je encore), par lesquelles les pouvoirs publics veulent endiguer le téléchargement illégal pour sauver des eaux du ridicule et de l’anachronisme une industrie moribonde de sa propre faute, qui, bien qu’elle possède parfois ses propres filiales spécialisées dans la distribution de contenus Internet, de sorte qu’elle aurait parfaitement été en mesure de créer assez de synergies internes, n’a pas été capable de négocier à temps le tournant de la mise en ligne des biens culturels, et qui ne mérite donc pas plus d’égards que les derniers crieurs de village, dont la disparition n’avait quand-même pas suscité une telle levée de bouclier alors qu’il s’agissait, pendant des siècles, du lien privilégié entre les communes et leurs administrés…; mais comme je suis sous Mac, je suis, de toute façon, déjà relativement irrécupérable parce que même les utilitaires de surveillance par lesquels l’État cherche à remettre de l’ordre dans la bergerie, se limitent à la France et à cette majorité de Windowsiens qui n’arrivent pas à pousser aussi loin le bouchon de la parade technique, et lui livreront donc encore pour longtemps assez de chair à canon!

Mais comme rien n’est parfais en ce bas Monde, en particulier les produits de consommation courante, qui obéissent primordialement à une logique de commercialisation massive, et non aux impératifs du « sur mesure », je ne suis jamais parvenu à me passer totalement de Windows, dont les outils d’accessibilité se distinguent tout de même encore par une meilleure façon d’appréhender certains sites web complexes, à commencer par les incontournables séquences Flash, et dont le lecteur multimédia intégré, le fameux Windows Media Player, reste à ce jour le seul outil permettant de regarder les programmes de Canal + à la demande, si bien qu’après avoir conservé pendant plus de deux ans mon bon vieil ordinateur portable Dell Inspiron 9300, j’ai opté pour une solution bien plus « sportive » consistant à le céder à mon père, qui lui offre actuellement une seconde vie largement à la hauteur de ses attentes de retraité dans la mesure où il le transforme peu-à-peu en une simple machine à surfer sur Internet destinée à prendre le relais de son Minitel…, , au profit d’un Mac portable (un MacBook Pro 17 pouces au top de la technologie, plus précisément) pour y installer les deux systèmes côte-à-côte, chacun sur sa partition, de manière à pouvoir choisir mon OS au démarrage de la machine ou, pire que tout, les utiliser simultanément grâce au logiciel VMware Fusion, qui permet de passer aisément de l’un à l’autre via une simple combinaison de touches…

Maqueux d’un jour, maqueux pour toujours!