Paroles traduites par mes soins : « 99 Luftballons » de Nena, la chanson qui allait faire détester à jamais la guerre au gamin de 9 ans que j’étais alors

Dernière modification substantielle : le mardi 15 octobre 2019.

 

Qui d’entre vous, y compris parmi les plus jeunes, n’a pas déjà entendu distraitement / écouté avec délectation plusieurs dizaines de fois dans sa vie ce tube planétaire, voire interstellaire, si célèbre que même les Américains, à qui l’on avait pourtant destiné un « 99 Red Balloons » bien à eux afin de ne pas heurter de front leur accoutumance à l’hégémonie de l’anglais dans la culture pop, n’en persistaient pas moins à en jouer la version originale allemande pour ne pas se sentir déconnectés du reste de l’Humanité ?! Quel DJ ne l’a pas déjà sorti de ses cartons de vinyles ou de je ne sais quelle platine numérique à la mode pour entraîner l’assistance vers la piste de danse et lui extirper des cris de joie ou des hurlements extatiques encore amplifiés par de colossales quantités d’alcool ou de boissons énergisantes, sans qu’il ne soit nécessaire, pour cela, d’avoir la moindre notion préalable d’allemand, et, a fortiori, la moindre notion de la portée des paroles sur lesquelles on était en train de se trémousser le plus innocemment du monde;-) ?!

D’autres, peut-être, s’en souviennent avec nostalgie parce qu’ils l’associent immanquablement à leur enfance ou leur première rencontre amoureuse…:-)

Quoi qu’il en soit, en ces temps où nous ne sommes jamais qu’à quelques menues encablures du prochain événement sportif susceptible, selon les cas, d’unir les peuples dans une joyeuse célébration du dépassement de soi ou de leur fournir un redoutable ersatz de guerre, d’une part, et en cette année du trentième anniversaire de la chute du Mur de la Honte, de l’autre, j’aimerais néanmoins vous narrer, par le truchement de ma traduction de paroles, cette histoire de ballons de baudruche, au contexte historique et géopolitique autrement plus sérieux qu’un match de football ou qu’un jeu de stratégie sur console, qui m’avait fait comprendre dès mon plus jeune âge à quoi pourrait mener la bêtise humaine si nous n’y prenions garde.

Car en 1983, en pleine crise des euromissiles, l’Europe en général, l’Allemagne en particulier, servait de macabre « terrain de jeu » aux deux superpuissances mondiales qu’étaient alors les États-Unis et l’URSS dans le cadre de ce qu’on appelait la Guerre Froide, au point d’en être divisée en deux blocs séparés plus ou moins hermétiquement par le « Rideau de Fer », un ensemble de barbelés et autres équipements gardés par des armées entières et des mitrailleuses automatiques programmées à dessein pour exécuter sans sommation tout ce qui bougeait dans le périmètre de leur radars, y compris les oiseaux qui avaient le malheur de ne pas saisir toute la relativité de l’expression « libre comme l’air » en pareil endroit…

La partie la plus emblématique de ce rideau était incontestablement le Mur de Berlin, érigée en « rempart antifasciste et anti-impérialiste » par le génie maléfique de la propagande du Parti socialiste unifié de RDA, qui coupait en deux parts inégales la capitale historique de l’Allemagne, tout en encerclant méticuleusement Berlin Ouest dans l’espoir, finalement vain, de l’isoler à la longue du reste du monde occidental.

Au déploiement de missiles SS20 par les Soviétiques dans leurs États satellites du Pacte de Varsovie, surtout en Tchécoslovaquie et en RDA, l’Amérique de Ronald Reagan avait répondu dans l’immédiat par la dissémination de ses missiles Pershing II sur le territoire de ses alliés de l’OTAN à la suite d’une demande explicite du gouvernement ouest-allemand qui remontait déjà à 1979, puis, à plus longue échéance, par son « Initiative de Défense Stratégique (IDS), plus connue sous son appellation médiatique / propagandiste de « Guerre des Étoiles »… Autant d’armes à capacité nucléaire réelle et sérieuse ou de projets aussi effrayants que démesurés de nature à transformer la Guerre Froide en véritable troisième conflit mondial au moindre incident.

Et encore : l’Histoire ne peut dire ce qu’il serait advenu de l’Humanité vingt ans plus tôt, déjà, si l’Administration Kennedy avait fini par céder, dans le prolongement de la crise des missiles de Cuba à l’automne 1962, à la volonté farouche et maintes fois réitérée de Franz Josef Strauß, alors ministre de La Défense et anticommuniste viscéral, de doter la RFA de la bombe atomique afin de lui conférer sa propre force de dissuasion et de riposte… !

En revanche, ce qui ne fait désormais plus aucun doute de nos jours, mais qui a beaucoup été passé sous silence à l’époque, et pour cause, c’est qu’au moment où les 99 ballons de Nena commençaient à prendre de la hauteur dans les Charts, le monde entier, déjà échaudé par la mort tragique des 269 passagers d’un vol civil régulier de la Korean Airlines abattu par l’aviation soviétique le 1er septembre pour avoir violé l’espace aérien de l’URSS, a failli être enflammé pour de bon par deux étincelles de trop. Soient, en somme, trois occasions de frôler la guerre planétaire en moins de trois mois, rien de moins… !

Tout d’abord, c’est une fausse alerte nucléaire sur une base soviétique qui a failli mettre le feu aux poudres le 26 septembre, et c’est uniquement au pragmatisme de l’officier de garde qu’on doit d’avoir évité à l’URSS de répliquer par de véritables tirs à des réflexions du soleil que le logiciel de bord d’un satellite de détection précoce avait interprétées à tort comme des lancements de missiles balistiques depuis une base américaine. Puis, du 7 au 11 novembre, ce fut autour de  l’opération Able Archer 83, un exercice militaire de l’OTAN dans lequel URSS et RDA avaient vu de véritables préparatifs à une attaque dans le monde réel, la tension étant seulement retombée pour un temps lorsque les services de renseignements de l’Est ont commencé à s’apercevoir de leur nouvelle méprise… Comme quoi, la série télévisée Deutschland 83 n’a tout de même pas pris tant de largesses que cela avec l’Histoire… !

Mis au monde par une mère allemande dont une partie de la famille était restée à l’Est avant tout par choix de ne pas abandonner ses biens aux forces d’occupation ou aux pillards, j’étais alors persuadé d’être né et de vivre du bon côté du Mur, celui où règnent la liberté, la justice et la prospérité, où l’on avait donc toutes les bonnes raisons du monde d’oeuvrer à la chute de « l’empire du mal » communiste après s’être débarrassé du 3e Reich quarante ans plus tôt. Et ce n’était pas la police aux frontières est-allemande qui m’aurait fait changer d’avis si elle n’avait pas eu la bonne idée de bien vouloir attendre juillet 1989 pour m’offrir l’un des plus grands moments de frayeur de ma jeunesse, à savoir celui de manquer de me retrouver en centre de rétention administrative, puis expulsé vers la France pour tentative d’entrée irrégulière sur le territoire, simplement parce que mon père avait omis de signer son passeport et que moi aussi, j’y figurais encore en tant qu’enfant de moins de 15 ans.

Mais dans le contexte d’une révolte pacifiste massive outre-Rhin qui allait atteindre son paroxysme en 1984 avec des chaînes humaines d’une centaine de kilomètres de long et des slogans tels que « lieber rot als tot » (plutôt rouge que mort), d’une révolte qui se nourrissait aussi bien de cette course folle aux armements dévastateurs que des risques incalculables liés à la construction, à l’exploitation et au démantèlement de centrales nucléaires dont il était bien permis de douter du caractère exclusivement civil, cette chanson a largement contribué à faire voler en éclat la vision manichéenne des événements qui s’était jusque là imprimée dans mon jeune cerveau, car au fil des discussions avec ma mère au sujet des paroles et de ses interrogations sur l’état de la planète tout entière, je me suis mis à réaliser combien nous, Occidentaux, mettions aussi beaucoup d’huile sur le feu à tant vouloir imposer aux autres notre mode de vie, le cas échéant par la force, quitte à ce que celle-ci soit loin d’être circonscrite à des cibles militaires.

Dès cette époque, donc, j’ai détesté la guerre, non seulement du fait de cette peur originelle d’en devenir moi-même victime à l’occasion d’une attaque nucléaire, tout comme mes ancêtres de part et d’autre du Rhin l’avaient été au fil des conflits à répétition entre la France et l’Allemagne par la faute des armes conventionnelles ou chimiques, mais aussi et surtout, à mesure qu’augmentait mon niveau de prise de conscience des problèmes de ce monde, parce que l’ex-Yougoslavie, le Rwanda, le Darfour, le Yémen ou la Syrie n’ont eu de cesse de me confronter aux récits des morts inutiles, des destructions, des actes de torture, de cruauté gratuite, voire de génocides.

Ce 9 novembre 1989 où le Mur est enfin tombé, je m’en souviendrai encore longtemps comme l’un des plus beaux jours de ma vie, bien que je n’aie assisté à cet immense moment d’Histoire qu’au travers des émissions spéciales de toutes les chaînes de télévision ou des stations de radio qu’il m’était donné de capter depuis ma chambre à Strasbourg. Aux anges que j’étais, tout simplement, à l’idée de sentir se réaliser mon rêve de réconciliation de l’Europe et la volonté de réunification de tout un pays ; assez naïf et idéaliste, aussi, pour pouvoir me payer le luxe de ne pas encore devoir m’imaginer que l’avenir serait beaucoup moins rose, qu’en 2015, un gouvernement autrichien ferait réinstaller des barbelés en guise de « rempart anti »migrant » à l’endroit même où les Hongrois avaient ouvert la toute première brèche dans le rideau de fer 26 ans plus tôt à l’occasion du fameux piquenique paneuropéen

Et aujourd’hui encore, j’ai le plus grand mal à retenir une larme à l’écoute de la dernière strophe des paroles que voici, « enfin », vous direz-vous peut-être… !

« Si tu as un peu de temps pour moi ?

Alors, je vais chanter pour toi

Une chanson sur les 99 ballons

En plein vol vers l’horizon.

Peut-être que tu es tout juste en train de penser à moi.

Alors, je vais chanter pour toi

Une chanson sur les 99 ballons,

Et tout ça pour ça…

99 ballons

En plein vol vers l’horizon,

On les a pris pour des ovnis tout droit venus de l’Espace…

Voilà pourquoi un général a envoyé à leurs trousses un escadron de chasse,

Pour donner l’alerte, au cas où elle serait vraie, la menace.

Et dire que là-bas à l’horizon,

Il n’y avait que 99 ballons !

99 pilotes de chasse,

Chacun d’eux était un grand guerrier.

Ils se sont pris pour le Capitaine Kirk.

À un grand feu d’artifice ils se sont livrés.

Les voisins n’ont rien pigé,

Et se sont tout de suite sentis agressés.

Dire que là-bas, à l’horizon,

On a juste tiré sur 99 ballons !

99 ministres de la guerre,

Allumette et bidon d’essence à la main

Se sont pris pour de grands malins,

Ont déjà flairé le gros butin,

Ont crié à la guerre et voulu le pouvoir.

Franchement : qui aurait pensé qu’on en arriverait là avec cette histoire

Pour 99 ballons…

99 ballons…

99 ballons… ?!

99 ans de guerre

À des vainqueurs n’ont plus laissé aucune place.

Il n’y en a plus, des ministres de la guerre,

Ni des pilotes de chasse.

Aujourd’hui, je fais mes rondes,

Et vois le monde en ruines s’étaler.

J’ai trouvé un ballon.

J’ pense à toi, et j’ le laisse s’envoler

… … … … …

 

>Bonne et heureuse année / décennie 2010 à l’Humanité (préambule à la version intégrale de mes voeux "urbi et orbi")!!!

>

Re-bonjour à vous, chères lectrices, lecteurs et autres fidèles de tous horizons qui finiraient presque par délaisser mes pages MySpace et Facebook, mon blog ou les fils d’informations qui en reprennent le contenu, à force de ne plus recevoir de mes nouvelles ailleurs que sur un « gazouilloir » (ou « profil Twitter ») désormais si envahissant, chronophage et difficile à concilier avec toute autre stratégies de communication ou de partage via Internet qu’il a déjà failli, maintes fois, me faire perdre l’envie de continuer à consigner par écrit des propos d’une longueur quelque-peu supérieure à ce seuil des 140 caractères qui fait désormais office de rubicon technologico-typographique entre le bien, digne d’être posté sur les réseaux sociaux, et le mal, trop long pour passer à la postérité, ne serait-ce qu’en raison d’un début de paraisse intellectuelle opportunément motivé par le désintérêt manifeste de la majorité de mes concitoyens pour tout ce qui s’apparente à un niveau de complexité, d’abstraction ou d’analyse critique dépassant délibérément celui des stéréotypes pseudo-philosophiques de notre triste époque, à vous, dont le mérite n’est donc que plus remarquable dans un monde où nul n’éprouve plus même le besoin de célébrer une longue et coûteuse cérémonie en l’honneur du mariage harmonieux entre concision et court-termisme, tant ce couple infernal paraît désormais inséparable!

Alors que nous venons à-peine de sortir d’une longue succession de réveillons, de réjouissances festives ou de vacances, de cet interstice temporel si propice aux bonnes résolutions et à la foi inébranlable en un avenir qui, pour ne pas encore avoir été écrit, a nécessairement des chances d’être un tantinet meilleur que le passé, et que vient de se terminer cette funeste décennie 2000, marquée à la fois par:

  1. de substantiels cataclysmes, mondiaux, régionaux ou locaux, dont les répercussions et le niveau d’imbrication demeurent encore difficilement quantifiables à l’heure où j’écris ces lignes, tels que l’accession de George W. Bush Jr à la présidence des États-Unis à l’issue du scrutin le plus contesté de l’Histoire américaine, et de ce fait, au poste, tant convoité, de commandant en chef du « Monde Libre » en vertu d’un accord tacite entre nous autres peuples nourris, à l’insu de notre plein gré, au lait du néolibéralisme économique et du conservatisme moral à connotation réactionnaire, selon lequel même l’impérialisme américain le plus arrogant vaudra toujours mieux qu’une dictature russo-chinoise ou les atermoiements d’une Europe oscillant tellement entre américanisme et repli identitaire qu’il ne lui faudra bientôt plus aucune intervention extérieure pour se décrédibiliser et s’autodétruire, les attentats du 11/09/2001, dont les auteurs ne pouvaient ignorer, à mon sens, qu’ils se graveraient suffisamment dans le marbre de notre inconscient collectif pour permettre aux « grands de ce Monde » de refermer tranquillement, sous forme d’un arsenal de lois ultra-répressives sans précédent, la parenthèse de liberté et d’espoir qui s’était ouverte avec la chute du Mur de Berlin le 09/11/1989, soit environ 11 ans et 9 mois plus tôt, les guerres d’Afghanistan et d’Irak, qui, loin de faire reculer la dictature et le chaos dans des pays d’ores et déjà en situation d’extrême précarité, n’ont fait que remplacer la tyrannie de l’État central par le règne de quelques gangs terroristes ou mafieux dont le pouvoir de nuisance réside précisément dans leur solide ancrage local, l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle française au soir du 21 avril 2002, avant tout au détriment de Lionel Jospin, notre meilleur homme d’État depuis François Mitterrand, condamné, du jour au lendemain, à une retraite politique anticipée bien indigne de son bilan, du simple fait de la spectaculaire progression du chômage à la suite du krach boursier de 2001, des divisions intestines de la Gauche, P.S. compris, et d’une campagne si puissamment empoisonnée par la surenchère sécuritaire entre les ex-RPR et UDF que l’Extrême-Droite, que Jacques Chirac et François Bayrou avaient réussi à pousser dans ses plus obscurs retranchements pour avoir rivalisé de démagogie et de fausses velléités réformistes sur un large éventail de sujets hautement explosifs dans leur course aux suffrages frontistes, avait presque de bonnes raisons de se présenter comme le porte-voix des vaillants pourfendeurs de l’ordre établi à force d’avoir bradé son héritage historique aux partis traditionnels tout en continuant à être diabolisée par des médias bien plus enclins à faire réélire Jacques Chirac au nom d’une pseudo-exigence de probité morale, d’hommage aux victimes du nazisme solidarité républicaine, au risque d’occulter sciemment son degré de responsabilité dans le désastre démocratique, qu’à procéder enfin à une critique méthodique et argumentée des thèses néofascistes dans la droite ligne de valeurs telles que les Droits de l’Homme ou la Philosophie des Lumières, dont la France revendique pourtant si souvent la paternité, , l’attaque en règle contre les acquis sociaux d’Après-Guerre, par-delà les frontières territoriales et le traditionnel clivage Droite/Gauche, comme en témoignent à merveille la réforme des retraites du gouvernement Raffarin en France et l’Agenda 2010 du chancelier social-démocrate allemand Gerhard Schröder, présentés tous deux au printemps 2003, alors que l’Humanité tout entière était encore absorbée par les rebondissements de l’actualité irakienne, une sorte de viol répété des électeurs européens par consentement ultérieur consistant, par exemple, à travestir le « non » au projet de traité constitutionnel européen en un chantage aux subventions communautaires ou un « oui » à Nicolas Sarkozy, dont le programme de campagne ouvrait pourtant clairement la voie à la ratification d’un traité de Lisbonne qui ne se distingue du TCE que par de légères différences de forme, la droitisation du paysage sociopolitique, dont les trois B (Blair, Berlusconi, Bush) et le sadomasochisme tenant lieu de nouvelle forme de coopération franco-allemande, que symbolisent à merveille les initiales s et M de ces piètres gouvernants que sont Sarkozy et Merkel, resteront malheureusement les plus illustres avatars, l’échec cuisant, mais tellement prévisible au vu de ce qu’il est déjà advenu des « Objectifs du Millénaire » des Nations-Unies, d’un sommet de Copenhague bien trop pompeux pour augurer de résultats à la hauteur d’une question aussi cruciale et conflictuelle que le changement climatique, et constituer, de part son organisation, un quelconque exemple de démarche novatrice alliant efficacité des négociations et réduction significative de l’empreinte écologique des innombrables délégations, ou encore le retour de Roland Ries aux commandes de la Ville de Strasbourg, avant tout synonyme d’un consensus si mou qu’il a fini par muer en immobilisme à force de ne pas pouvoir se traduire en actions concrètes;
  2. Et des événements certes moins décisifs pour l’avenir de mes congénères, mais d’autant plus catastrophiques pour moi-même, dont une mission, a priori fort enviable, d’agent auxiliaire au service de traduction de la Commission européenne entre la fin 1999 et la mi-2001, qui, pour avoir effectivement commencé sous les meilleures auspices grâce au dévouement de mon premier chef d’unité à la veille de son départ à la retraite, s’est transformée en un calvaire inégalé du fait de la propension de mes collègues de travail à vouloir me faire payer au prix fort mon arrivée à ce poste via les mesures de discrimination positive des institutions communautaires ou le manque de productivité inhérent à l’inadaptation de mon équipement informatique, plus tributaire que jamais des imperfections criantes du lecteur d’écran Jaws pour Windows, aux spécificités d’outils reposant avant tout sur la communication visuelle, expérience qui a d’ailleurs bridé quasi définitivement mon aptitude à exercer un métier auquel je suis pourtant censé avoir été formé par l’un des plus prestigieux établissements de ce pays, étant donné qu’il existe, bien au-delà des administrations publiques françaises ou internationales, un abîme entre les généreux dispositifs d’accompagnement à la vie scolaire et un marché de l’emploi aux allures de jungle où les dérisoires aides à l’embauche de travailleurs handicapés / les sanctions en cas de non-respect des quotas ne sont que poudre aux yeux d’une population en quête de bonne conscience à moindres frais, ou de sévères désillusions sentimentales, financières ou technologiques d’ores et déjà largement évoquées dans une autobiographie officielle à paraître d’ici quelques jours sur mon site web, www.knackslash.com,

je tiens à adresser, en particulier à celles et ceux d’entre vous dont le passé a été miné, à des degrés divers, par la souffrance, la maladie, la solitude, le désespoir ou la capitulation devant l’inéluctable,, tous mes vœux de bonheur, de bonne santé, de prospérité, de réussite, de renouveau, d’espérance, de confiance en un avenir meilleur, d’épanouissement personnel, et professionnel, de chaleur humaine, de paix et de sérénité pour l’année et la décennie 2010, et vous souhaite de tout mon cœur d’avoir envie, plus que jamais, de braver l’interdit, l’adversité ou toute autre forme d’obstacle, selon les cas, pour réaliser, avant qu’il ne soit trop tard, des rêves auxquels même vous auriez presque failli ne plus croire, à trop avoir dû coller aux pénibles contingences journalières!

En outre, et conformément à une tradition à laquelle je n’ai réellement dérogé que l’an dernier, obsédé que j’étais alors par les liens syntaxiques et phonétiques douteux entre le chiffre « 9 », la nouveauté et l’envie de tout faire exploser sans savoir pour autant ce que je pourrai bien construire à la place, j’aimerais profiter de cet opuscule programmatique pour vous livrer un bref aperçu des principaux temps forts de 2009 au sens large (de l’été 2008 à nos jours, pour être plus précis), ainsi qu’un avant-goût de ce qui pourrait bien m’attendre ces prochains mois, à commencer par mes projets de déménagement et de mobilité géographique, tout en veillant, malgré ma réputation d’intellectuel dont les cheminements se perdent parfois dans des labyrinthes ô combien impénétrables, à vous fournir des données bien plus compréhensibles que les délibérations de cette fameuse commission Juppé-Rocard dont la montagne de travaux a finalement accouché d’un « grand emprunt national réservé aux seuls marchés financiers à l’heure où la majorité présidentielle, entourée, en apparence, des meilleurs conseillers en communication des hautes sphères parisiennes, aurait été si bien inspirée de capter la manne des épargnants en mal de placements susceptibles d’allier rendement et sécurité aux seules fins d’une propagande politicienne insistant lourdement sur le thème de l’adhésion des masses à ses projets les plus emblématiques (ce qui prouve bien que rien n’est encore joué pour 2012, pour peu que la « galaxie UMP » continue à se désintégrer à vue d’oeil et que l’opposition s’accorde enfin sur une personnalité incarnant un véritable projet de civilisation alternatif)…

Mais compte tenu de leur longueur exceptionnelle, qui tient en grande partie à leur portée décennale, ces vœux seront divisés, cette fois-ci, en trois parties, aussi distinctes que complémentaires:

  1. Le présent préambule, qui vient donc de me donner l’occasion de tirer un trait sur l’ensemble des années 2000 grâce à cette espèce d’exorcisme verbal;
  2. une rétrospective 2009, que j’ai choisi d’intituler « In Sarkoziae Annus Horribilis » parce que la crise a failli nous faire perdre notre latin au cours des 18 mois écoulés, malgré le retour en grâce des Catholiques intégristes, pourtant grands spécialistes émérites en la matière;
  3. Et un catalogue de projets ou autres bonnes résolutions pour ce début des années 2010, encore en pleine « fermentation littéraire et intellectuelle », tel un vin nouveau de grand cru qu’il ne serait pas judicieux de servir trop tôt, étant entendu, quoi que je prévoie de réaliser d’ici 2019, que la Collectivité continuera à me verser des allocations et que mon nouveau contrat d’assurance vie Nuances Plus de la Caisse d’Épargne me rapportera régulièrement des intérêts jusqu’à cette date-là, mais que tout le reste pourrait tenir à jamais du joli rêve éveillé…

Bonne lecture!

>En bref & en vrac n° 1: mon blog à l’ère de la "succinct’attitude"

>

Soyez les bienvenus dans cette nouvelle rubrique « en bref & en vrac », plus particulièrement destinée à ceux qui seraient tentés de me reprocher de ne publier que des articles beaucoup trop longs et indigestes (oui, car je sais bien qu’il y en a beaucoup parmi vous, et je ne voudrais plus avoir l’air d’y être systématiquement indifférent, même s’il me faut admettre que cet exercice-là ne me convient pas toujours, tant la vie est complexe et rythmée par des subtilités que les mots, plus que tout autre support, me permettent d’appréhender aux mieux…)!

Son principe sera de vous livrer périodiquement, sous une forme aussi variée, compréhensible et succincte que possible, toutes sortes d’informations, d’idées, d’opinions et de liens amoncelés au fil du temps ou de mes périples dans les mondes virtuels ou réels, et qui, sans mériter forcément un billet à eux seuls ni amener qui que ce soit vers des jugements définitifs et péremptoires sur des questions de fond comme l’avenir du capitalisme post-subprimes, n’en présentent pas moins un certain intérêt pour les lecteurs attentifs, curieux et intelligents que vous êtes. Ce faisant, il s’agira donc aussi bien, un peu à l’image d’un compromis de nouvelle génération entre un bloc-notes public à vocation universelle et le « mur » de Face book, d’alimenter une sorte de banque de données multithématique que de construire une boîte à idées dans laquelle je puisse éventuellement piocher à l’avenir en cas de besoin.

Et pour commencer en beauté, voici, sans plus tarder, ma première contribution du genre.

Figurez-vous que mes parents ont eu l’incroyable surprise de recevoir à leur domicile strasbourgeois, le vendredi 26 septembre au matin, une bonne vieille carte postale « papier » envoyée de Montréal à peine trois jours auparavant. Un exploit quand on sait qu’il faut parfois attendre bien plus longtemps pour recevoir une simple lettre de Briançon ou de n’importe quel autre coin de France, et qu’en théorie, une carte postale est assimilée à un courrier non prioritaire (de catégorie B), ce qui devrait en ralentir quelque-peu le traitement et l’expédition. Voilà qui en dit long sur le fonctionnement de nos vénérables entreprises de services publics, ostensiblement en voie de décomposition avancée dans certaines régions. A moins qu’il s’agisse d’une pratique de plus en plus courante au regard du business plan de cette future multinationale que la poste française aspire à devenir d’ici 2011 au détour d’un appel aux marchés, prélude à sa privatisation complète, que l’Etat, soucieux de vaincre les réticences de la population face à la disparition des bureaux de poste dans les zones économiquement les moins rentables, encourage et organise toutes sortes de dysfonctionnements ou de défauts de service, dont l’augmentation sensible des délais moyens d’acheminement du courrier, jusqu’à convaincre une majorité de citoyens qu’une entreprise privée ne pourrait faire que mieux, plus vite, moins cher et avec beaucoup moins de personnel, et que l’on apprenne soudain, dans l’un des prochains numéros du « Canard Enchaîné », que pour des questions de logistique et de rationalisation des flux de marchandises selon les principes régissant d’ores et déjà les transferts de données sur Internet (s’il devait s’avérer impossible de transporter directement un colis ou un mail de A à B, pourquoi ne pas l’acheminer via C, D et E, pour peu qu’il soit en mouvement autant que possible et que tous les acteurs de la chaîne de distribution puissent ainsi travailler à flux tendu pour accroître sans-cesse leur productivité), même les cartes postales envoyées de Marseille à Strasbourg transitent en fait par Bruxelles ou Chicago, selon la densité du trafic dans les divers couloirs aériens…! Ah, mondialisation, quand tu nous tiens!

De mondialisation, il est également plus ou moins question dans la petite anecdote que voici. Car, à mon retour de Nancy dans l’après-midi de ce même vendredi 26 septembre, il m’a été donné d’assister, dans le TER de 16h10, à une discussion on ne peut plus vive, intéressante et relativement argumentée entre des personnes qui semblaient travailler dans la même entreprise ou le même secteur et se connaître suffisamment pour ne pas hésiter à parler longuement de politique. A la manière de ces discussions de comptoir où l’on refait le monde sans jamais parvenir à y mettre la dernière main, de ces débat sans issue mais à base de moult réflexions dont chacun ferait si bien de s’inspirer si le Monde, justement, n’était pas si instable, complexe et difficile à refaire, ils évoquèrent successivement les nombreux obstacles qui se dressent aujourd’hui devant quiconque recherche un emploi durable, valorisant et bien rémunéré, les pistes de réflexion quant aux pays les plus prometteurs en la matière (Luxembourg, Belgique, Suisse, Royaume-Uni, Irlande, U.S.A., Canada…, mais pas l’Allemagne, qui reste pourtant, à mon avis, l’une des nations européennes les plus aptes à surmonter la récession actuelle grâce à sa balance commerciale exemplaire et dont la logique de codécision entre employeurs et salariés a grandement contribué à entretenir un haut niveau de dialogue social, même en temps de crise), les causes réelles ou supposées de l’augmentation du chômage et des baisses de pouvoir d’achat dans les pays occidentaux, dont le célèbre argument du patronat selon lequel le coût, le manque de qualification et la démotivation de la main-d’œuvre justifieraient à eux seuls toutes ces vagues de délocalisations que nous subissons de plein fouet depuis une vingtaine d’années, notre responsabilité individuelle et collective, en tant que consommateurs et électeurs, face à la progression constante des produits et services en provenance de pays à bas coûts, à commencer par la Chine et l’Inde, l’utilité et l’ampleur de toute résistance massive à la déferlante du capitalisme planétaire, notamment pour ceux dont les conditions de vie se sont tellement détériorées au fil du temps qu’ils n’arriveraient tout simplement plus à survivre s’ils décidaient d’acheter français ou européen par solidarité pour leurs collègues, eux aussi confrontés aux mêmes questions existentielles, le rôle des décideurs politiques et économiques dans une société en mal de repères, etc…, avant de se livrer à l’exercice le plus périlleux qui soit: critiquer le fond et la forme de la présidence Sarkozy tout en essayant de formuler des contre-propositions. Exercice compliqué, il est vrai, par le fait que l’un d’eux, le plus virulent et acharné de surcroît,, ait voté Sarkozy aux deux tours de l’élection présidentielle de 2007 alors que les autres, clairement à gauche et apparemment anti-sarkozistes de longue date, lui reprochaient précisément d’être si radical dans ses prises de positions actuelles pour mieux cacher l’opportunisme dont il avait fait preuve l’année dernière, croyant peut-être naïvement que le « petit Nicolas » aurait vraiment de quoi devenir le premier président ouvrier depuis François Mitterrand, mais qui s’acheva, après quelques minutes, par la remarque fort judicieuse de l’un des participants, probablement d’origine africaine à en juger de son accent, et dont on peut donc légitimement supposer qu’il n’ait pas été obnubilé à ce point par nos stratégies politiciennes franco-françaises à court terme:

C’est bien joli tout ça. Vous critiquez toujours Sarkozy pour ce qu’il fait, pour ce qu’il ne fait pas ou pour sa manière de mélanger vie publique et vie privée, et vous dites tous que le pays tout entier est contre lui, que vous tous, sauf un, vous n’avez pas voté pour lui. Mais l’année dernière, il a quand-même été élu à 54%. Alors, ils sont où les électeurs de Sarkozy. Vous aussi, en France, vous faites voter les fantômes, ou vous avez tous peur d’assumer vos convictions?

À quelque-chose près le genre de questions que je m’étaient déjà posées, moi aussi, tant il m’arrive de fréquenter, parmi mes amis ou les membres de ma famille, des personnes qui se prévalent volontiers d’avoir apporté leurs suffrages à Ségolène Royal, François Bayrou ou l’un des candidats d’Extrême-Gauche, mais qui, en réalité, s’accommodent relativement bien du blizzard capitalo-conservateur que les dirigeants actuels font souffler sur ce pays depuis plus d’un an déjà, acceptent bien volontiers les explications faussement rassurantes de nos dirigeants quant à leur capacité à nous sortir de la crise actuelle et feignent de voir dans les divers plans de relance, par lesquels les Etats essaient péniblement de reprendre la main sur le destin économique de leurs administrés, le salutaire retour en grâce d’un interventionnisme d’inspiration socialo-keynésienne dont même Mme Royal aurait eu toutes les peines du monde à assumer la paternité, pour peu qu’eux-mêmes ne perdent pas leur emploi, que leur petit cercle d’amis ou leur doux cocon familial ne soit pas directement exposé à cette misère ou cette précarité que l’on ne saurait voir dans cette société où seul le fort, le riche et le bien-portant ont droit de cité, que leur supermarché préféré continue à les abreuver de promotions alléchantes et de belles paroles sur le pouvoir d’achat, que les journaux télévisés ou les nouvelles pratiques religieuses, telles que les rassemblements géants de pèlerins, hyper-médiatisés grâce à la présence du Pape ou de tout autre leader spirituel de renommée internationale, les aident à accepter leur état de soumission aux desiderata des gouvernants et à relativiser leurs difficultés, voire même à se sentir fiers de vivre dans un pays comme la France, tellement plus prospère que ses voisins d’outre-Méditerranée, et que l’actualité leur fournisse assez de boucs-émissaires sur qui décharger leur colère ou leur frustration en cas de besoin, ou d’autres, dont certains prétendent aujourd’hui avoir voté Sarkozy au seul motif d’éviter que Ségolène Royal ne dilapide les deniers publics pour des mesures aussi inefficaces et discutables que le raccompagnement des policiers de sexe féminin jusqu’à leur domicile, sans pour autant assumer ce machisme invétéré, empreint d’une stupidité coupable au vu des enjeux globaux d’une élection présidentielle, qui les pousseraient à pardonner toutes les erreurs aux hommes alors que les femmes se devraient d’être plus qu’irréprochables, mais qui, à force d’avoir placé leur fierté et leurs préjugés au-dessus de toute considération politique sérieuse, sont souvent les premiers à critiquer le gouvernement ou à se soustraire à tout débat de fond par des lieux communs aussi insignifiants que la formule « de toute façon, les hommes politiques sont tous pourris ». Un peu facile, il est vrai, surtout quand leurs faits et gestes passés ont empêché l’une des moins mauvaises responsables politiques d’arriver à l’Elysée sous le seul prétexte que sa féminité soit un facteur déstabilisant, mais diablement efficace, comme on le sait tous!

Et de service public, il est également question, par la force des choses, dans la réforme de l’audiovisuel public français, encadrée en théorie par la seule Loi relative à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision, toujours en gestation au Parlement grâce à la guérilla de l’opposition, mais dont les premiers effets se font d’ores et déjà sentir en dehors de tout cadre juridique nouveau. C’est ainsi que Christine Albanel, notre Ministre de la Culture, non contente d’être freinée dans son élan par un Gouvernement qui préféra ne pas avoir recours à l’article 49-3 de la Constitution afin de ne pas donner à outrance l’impression de réagir à « l’obstruction » de la Gauche par un passage en force qui aurait mis fin à tout débat démocratique grâce au redoutable artifice du vote bloqué en obligeant, de facto, tous les parlementaires de la Majorité à adopter le texte en l’état pour manifester leur confiance à l’exécutif, envisagea tout d’abord de recourir à un décret visant à bannir la publicité des écrans des chaînes de France Télévision après 20h d’ici à ce que la future loi intègre cette disposition, avant de reculer une fois de plus en faisant mine d’abandonner également cette option, mais pour sauter d’autant mieux dans le bain des pratiques antidémocratiques dans la mesure où elle vient d’ordonner au PDG de France Télévision en personne de faire adopter la décision par le Conseil d’Administration de sa société, ce qui suppose que celui-ci lui soit suffisamment acquis pour que le vote ne réserve aucune surprise de taille et préfigure vraisemblablement le manque d’indépendance auquel seront confrontés les futurs administrateurs, nommés selon les nouvelles procédures, dont l’adoption ne fait pas davantage de doutes, compte tenu des rapports de force dans les deux chambres parlementaires.

Qui plus est, comme cette loi en voie d’adoption concerne également les services de radiodiffusion de droit public, regroupées en société nationales de programmes fonctionnant sur le même modèle de « gouvernance » que France Télévision (Radio France restera indépendante, mais son PDG sera également nommé par le Président de la République après avis conforme d’un CSA qui, pour quelques années encore, lui restera entièrement acquis puisque ses membres ne sont actuellement nommés que par des personnalités de droite, alors qu’RFI fusionnera avec France 24 et TV5 Monde au sein de la nouvelle société de l’Audiovisuel Extérieur de la France, dont le seul sigle d’AEF réveillera peut-être déjà, à lui seul, les pires démons de notre passé colonial en Afrique, et que les diverses radios locales d’RFO seront absorbées par France télévision), le paysage radiophonique a, lui aussi, été façonné par deux ondes de choc annonciatrices de bouleversements profonds qui conduiront prochainement à la disparition pure et simple de la bande FM au profit d’un mode de diffusion numérique privilégiant ostensiblement les réseaux nationaux et laissant à quelques opérateurs locaux triés sur le volet le soin d’amuser la galerie par des programmes de niches à connotation folklorique. Difficile, en effet, aux habitants de Nantes, Bordeaux et Strasbourg régulièrement branchés sur FIP, réseau thématique de Radio France dont le concept original consiste à allier une programmation musicale profondément éclectique et les interventions d’animatrices souvent charmantes, à la voix suave et mélodieuse, qui distillent au fil de la programmation, dans une logique de service public de critique socioculturelle, toutes sortes d’annonces de spectacles, manifestations et autres événements d’intérêt local ou national, d’ignorer que leurs décrochages locaux sont désormais réduits à six heures, dont deux le matin et quatre en fin d’après-midi, contre un programme ininterrompu de 7h à 19h30 auparavant, et que nous aussi, les « happy few » qui ne connaissions pas encore la déclinaison « 100% nationale » de FIP, pilotée depuis Paris 24h/24, avons droit, à présent, à une pléthore d’annonces totalement déconnectées de notre quotidien, mais dont la part du lion, en revanche, concerne bel et bien la région parisienne. Alors, d’ici à ce que FIP devienne un vrai réseau garant de l’aménagement du territoire, capable de promouvoir aussi des événements dans des villes où elle n’est présente que par satellite, câble ou Internet, à quand une disposition de la nouvelle loi sur l’audiovisuel stipulant que les billets de TGB Est achetés exclusivement dans le but d’aller voir la dernière exposition en date à la Cité des Science de La Villette à Paris sur les bons conseils de FIP, donnent droit à une remise sur la redevance…? Et si déjà Radio France décide de centraliser au maximum les activités de ses stations pour en faire des réseaux, quid de France Vivace et des radios thématiques de France Culture, dont la diffusion mériterait largement de se démocratiser afin que n’importe qui en France puisse avoir accès à des formes d’arts jusqu’à présent réservées aux élites bien informées, ou du Mouv, qui, pour sa part, aurait tout intérêt à (re)devenir autre-chose qu’un robinet à tubes et à obscénités de bas étage pour pouvoir reconquérir des jeunes dont on peut aisément comprendre qu’ils finissent tous sur NRJ puisque le service public ne leur apporte rien de plus, si ce n’est un peu moins de publicité que sur les radios commerciales? Bref: pourquoi ne pas faire des réformes puisque les technologies numériques de radiodiffusion (Internet, satellite, câble et future Radio Numérique Terrestre – RNT) permettent de créer une multitude de réseaux équitablement répartis sur le territoire national, voire d’étendre le rayonnement de la France par delà ses frontières pour des coûts marginaux extrêmement faibles, mais autant se prendre le temps de les faire mûrir au lieu de casser des structures existantes juste pour le principe de bâtir du neuf!

Un vœu pieux de plus en cette période de bonnes résolutions, comme ces rituels appels à éradiquer la faim ou la pauvreté, quand on sait, un peu par hasard grâce à zdnet.fr, que le CSA, mandaté par le Gouvernement afin de mettre en place d’ici un an, dans les 18 principales agglomérations du pays, un bouquet RNT dont tout le monde ignore encore le format de diffusion et les modalités de cohabitation avec la bande FM classique, vient de publier la liste des radios retenues à l’issue d’un appel à candidatures lancé en mars dernier. Outre la pléthore de projets de prestataires nationaux comme RTL, BFM, NRJ et les porte-drapeaux de la Réaction néofasciste de chez Radio Courtoisie, qui pourront enfin « répandre leur bonne parole » de manière à peu près uniforme et standardisée sur l’ensemble du territoire, sans trop de zones d’ombres dans les régions densément peuplées du moins, figurent également parmi les candidats à une fréquence pour l’agglomération strasbourgeoise, Radio en Construction et Radio Arc-en-ciel, chacune pour une pleine fréquence, (comme si le chantier de l’ancienne Radio Campus, visitable tous les jours de 14h à 2h, qui s’éternise tout de même déjà depuis 1995, méritait encore une prolongation numérique jusqu’à la fin des temps), Radio Eurodistrict, qui retente sa chance après avoir été recalée en vue d’une fréquence FM, et une association locale affiliée à RCF, comme si Arc-en-ciel et les vestiges du concordat de 1804 (cours de religion obligatoires, ecclésiastiques rémunérés par le Ministère de l’Intérieur au même titre que des fonctionnaires de l’État…) ne fournissaient pas déjà à l’Alsace une dose de christianisme largement supérieure à ce qui serait souhaitable dans une société laïc

.

Toujours à propos de l’Alsace, région connue pour sa volonté de consensus politique, mais si peu habituée à la culture conflictuelle et aux joutes verbales des cénacles parisiens qu’elle parvient très rarement à placer ses meilleurs hommes à des postes-clés dans les divers gouvernements français (après tout, il faut remonter à 1958 pour retrouver les traces d’un Premier Ministre alsacien, en l’occurrence Pierre Pflimlin, qui ne resta en fonctions que quelques jours, le temps de s’effacer au profit d’un illustre général lorrain), j’ai pris grand plaisir à apprendre, à la lecture d’un article de Wikipedia sur le futur président américain Barack Obama, que celui-ci compterait, parmi bien d’autres racines familiales, des ancêtres germano-alsaciens établis à Bischwiller, qui répondaient aux doux noms de Christian Gutknecht et Maria Magdalena Grünholtz. Alors, chers compatriotes régionaux en mal de pouvoir: si, d’aventure, vous deviez éprouver autant de difficultés que moi à vous faire une place au soleil à Paris ou Bruxelles, pourquoi ne pas explorer la piste transatlantique et tenter votre chance à Washington, comme Barack Obama, notre providentiel « oncle en Amérique » à tous? A moins que vous soyez plus portés sur la dialectologie, et que vous compreniez, à présent, un peu mieux pourquoi les jeunes Afro-Américains tout droit sortis de la downtown society ont toujours tendance à dire « yo », et non « yes » pour répondre par l’affirmative…

Plus sérieusement à présent, maintenant que la crise des subprimes s’est transformée en un cataclysme systémique majeur encore bien plus inquiétant que ce que j’avais osé prévoir dans mes vœux de Nouvel An, l’heure ne fut pas tant, en ce dernier trimestre 2008, aux questions macroéconomiques fondamentales teintées de nobles ambitions de réformes structurelles, à la mise en œuvre effective d’une gouvernance mondiale plus réactive et équilibrée, aux débats sur l’opportunité de procéder à une privatisation rampante de la Poste ou aux interrogations légitimes sur l’avenir et l’indépendance de l’audiovisuel public, Radio France compris, qu’aux solutions d’urgence et aux interventions, tantôt opportunistes, tantôt indispensables, de notre bien-aimé Nicolas Sarkozy, qui agissait cette fois, de surcroît, en sa double qualité de Chef de l’Etat français et de Président en exercice de l’Union européenne. Pour de plus amples détails à ce sujet, je vous invite cordialement à vous reporter à mon message précédent, histoire de ne pas compromettre à jamais le format de la présente rubrique.

Cela dit, comme ce message-là portait exclusivement sur des problèmes macroéconomiques, j’ajouterai simplement ici que le Conseil européen des 11 et 12 décembre derniers, dont je m’étonne qu’il ne se soit pas tenu dans une ville française comme le veut pourtant la tradition, mais à Bruxelles, ville qui concurrence accessoirement Strasbourg en vue du siège définitif du Parlement européen, s’est non seulement penché sur le plan de 200 milliards d’euros élaboré sous l’égide de la Commission européenne, mais également sur le « Paquet Climat et Energie », avec, pour seul résultat palpable, d’être parvenu à un engagement général, pour le compte de l’Union dans son ensemble, à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20% par rapport à leur niveau de 1990, à porter la part des énergies renouvelables à 20% de la consommation totale et à réaliser des économies d’énergie à hauteur de 20% d’ici 2020, ce qui revient au fond à réitérer des engagements dont l’Union s’était déjà targuée l’année dernière et à faire du sur-place au vu des objectifs de Kyoto, qui, à un peu plus de quatre ans de l’échéance théorique de 2012, sont eux aussi encore bien trop éloignés pour que même les optimistes puissent considérer la stratégie des 27 comme un pas de plus dans la bonne direction. Sans compter les disparités entre Etats-Membres quant à leurs principales sources de pollution et leurs positions sur le rôle du nucléaire dans l’assainissement de leur bilan énergétique, avec, d’un côté, la France et le Royaume-Uni qui spéculent sur une relance massive qui aille de pair avec la construction d’une multitude de nouveaux réacteurs, présumés plus fiables que nos centrales actuelles, et de l’autre, des pays comme l’Allemagne ou la Pologne, qui comptent bien exploiter jusqu’au bout leurs dernières réserves de charbon, y compris dans la production d’électricité, fut-ce au prix de fortes émissions de gaz carbonique.

Mais pour terminer sur une note un peu plus légère et positive, je ne vous cacherai pas que malgré le mauvais temps, la froidure des journées automnales, annonciatrice d’un hiver précoce, d’ores et déjà bien plus rigoureux que les années précédentes,, mes deux semaines de vacances en pension complète avec formule « tout inclus » à l’hôtel El Mouradi Club Sélima de Port El Kantaoui (Tunisie), sportives et reposantes, certes, mais maintes fois entrecoupées d’entorses à mon régime alimentaire, tant il y avait de raisons, plus ou moins bonnes, de se laisser envoûter une dernière fois par les charmes de la Boukha, de la Thibarine et des confiseries orientales sucrées avant d’entamer cette longue ligne droite de l’abstinence qui me conduira jusqu’à la corne d’abondance des repas de réveillon, ou encore la recrudescence de mes activités informatiques en réaction à la tempête économico-boursière et aux récentes évolutions technologiques, activités intrinsèquement sédentaires et incompatibles avec des exercices de musculation de grande ampleur, je suis arrivé à poursuivre mes efforts d’amaigrissement à un rythme à peine moins soutenu que cet été, de quoi franchir durablement à la baisse le cap des 81, puis, plus récemment, celui des 80 kilos. Cela porte donc déjà à près de 12 kilos la quantité de graisse perdue depuis le début du mois de juin dernier, et ne me met plus qu’à une bonne quinzaine de kilos de mon poids idéal, dont les spécialistes s’accordent à affirmer qu’il devrait se situer entre 60 et 65 kg, selon la méthode de calcul retenue… De quoi envisager sereinement la perspective d’égaler le poids de ma mère, en l’occurrence 78 kg, d’ici les orgies festives des jours à venir, et de la dépasser à court terme grâce à ma plus grande persévérance!

>Sarkozy et la crise: premiers enseignements sur une double-présidence fatale à ses opposants…

>

Ou comment Nicolas Sarkozy, Président en Exercice de l’UE outre son rôle de Chef de l’État français, a su profiter des turbulences économiques post-subprimes pour booster sa popularité planétaire et ses chances de réélection en 2012

La crise des subprimes s’étant d’ores et déjà transformée en un cataclysme systémique majeur encore bien plus inquiétant que ce que j’avais osé prévoir dans mes vœux de Nouvel An du 16 janvier dernier, au point d’affecter d’ores et déjà les économies de la Planète tout entière, y compris celles des pays émergeants, dont on avait surestimé le rôle de locomotive de la croissance mondiale en tablant uniquement sur la poursuite de leur consommation frénétique et leur obsession à vouloir combler leur retard de développement en quelques années là où les Occidentaux avaient mis près de deux siècles, quitte à oublier que le recul de la consommation dans les pays développés se répercuterait immanquablement sur leurs usines, et donc aussi sur leurs emplois et leurs revenus, l’heure ne fut pas tant, en ce dernier trimestre 2008, aux questions macroéconomiques fondamentales teintées de nobles ambitions de réformes structurelles, à la mise en œuvre effective d’une gouvernance mondiale plus réactive et équilibrée, aux débats sur l’opportunité de procéder à une privatisation rampante de la Poste ou aux interrogations légitimes sur l’avenir et l’indépendance de l’audiovisuel public, Radio France compris, qu’aux solutions d’urgence et aux interventions, tantôt opportunistes, tantôt indispensables, de notre bien-aimé Nicolas Sarkozy, qui agissait cette fois, de surcroît, en sa double qualité de Chef de l’Etat français et de Président en exercice de l’Union européenne.

Ainsi donc, Nicolas Sarkozy, dont on connaît l’admiration naïve, voire puérile pour des États-Unis qu’il ne semble maîtriser que par le biais des films hollywoodiens et des visions apocalyptiques de l’Administration républicaine sortante, et qui n’hésite pas à arborer fièrement son étiquette de « Sarkozy ze American » malgré son médiocre niveau d’anglais, ne ménage actuellement ni ses partisans, ni ses détracteurs de tous horizons, en s’inspirant largement du Plan Paulson de 700 milliards de dollars en faveur des banques et de l’automobile, lui aussi critiqué et torpillé de toutes parts pour des raisons souvent diamétralement opposées, dans l’espoir de remettre la France et l’Europe sur les rails d’une croissance qui leur fera manifestement défaut jusqu’en 2010, dans le meilleur des cas, persuadé qu’il semble être d’avoir trouvé en une crise aussi énorme, où le Ciel pourrait bien nous tomber sur la tête à tout moment si nous baissions la garde une seconde trop tôt, l’occasion rêvée de rebondir jusqu’aux confins de la stratosphère pour conjurer les mouvements de la voûte céleste et de ressortir grandi de ses épreuves jusqu’à laisser loin derrière lui les affres des mauvais sondages qui faisaient encore partie de son quotidien à la veille de l’été, tel l’archétype du cow-boy issu de notre imaginaire collectif de gamins américanisés dès le plus jeune âge, qui doit forcément avoir traversé l’Atlantique dans la calle d’un navire délabré, puis affronté des hordes d’Indiens ou d’animaux sauvages dans des contrées inhospitalières avant de mériter enfin sa chevauchée fantastique sur la Terre Promise du Far West. Ce qui a tout d’abord motivé notre Président à la conquête de l’Ouest d’Eden:

– Àpersuader ses nouveaux amis Dominique Strauss-Kahn et George Bush, respectivement Président du Fonds Monétaire International par sa grâce et Président des États-Unis par la grâce de Dieu, d’organiser un sommet à Washington les 14 et 15 novembre, au moment même où le Parti Socialiste français, accessoirement la première force d’opposition parlementaire jusqu’à nouvel ordre, tenait son mythique congrès de Reims, de quoi essayer non seulement d’éclipser l’élection de Barack Obama dans notre mémoire collective alors même que ce bouleversement spectaculaire à la tête d’une Amérique connue pour son racisme constituait encore pour bon nombre de nos compatriotes, comme partout ailleurs sur Terre, un formidable symbole de changement, d’espoir et de confiance en la capacité de chacun de construire un Monde meilleur, mais aussi d’étouffer dans l’œuf de la couverture médiatique un événement qui aurait pu jeter les bases de la renaissance de la Gauche réformiste, et que les divisions internes au P.S. ont définitivement fait passer pour une ridicule mascarade à côté du volontarisme de façade des « Grands de ce Monde », matérialisé par de belles déclarations d’intentions dont le seul effet fut d’apaiser temporairement les vagues d’inquiétude et de panique en envoyant aux marchés à la déroute un message apparemment ferme et rassurant pour ce qui est de la mise en place d’une gouvernance mondiale capable de prévenir de telles crises dans un avenir plus ou moins lointain

– À faire adopter dans l’urgence absolu un plan d’aide aux banques, sinistrées par les effets conjugués de la crise économique et leur surexposition chronique aux « subprimes » et autres « actifs pourris », tout en bricolant en moins d’une nuit, avec les reliquats du gouvernement belge, un montage capitalistique visant à sauver d’une défaillance imminente la banque franco-belge Dexia, particulièrement impliquée dans le financement des collectivités locales, montage aux termes duquel la France puisa hâtivement plus de six milliards dans ses comptes publics pour les prêter à un établissement privé au bord de l’insolvabilité qui échappait d’ores et déjà considérablement à notre législation de par ses activités intrinsèquement transfrontalières et sa forte présence hors-Europe, sans se ménager pour autant la possibilité d’exercer un contrôle a posteriori sur l’emploi de ces fonds ni associer le Parlement à la prise de décision;

– À pousser les autres Etats-Membres de l’Union (dont les plus réticents, au rang desquels l’Allemagne d’Angela Merkel, qui craignait de devoir payer les pots cassés de l’indiscipline budgétaires de pays comme la France ou l’Italie après avoir réussi péniblement à ramener ses finances publiques à l’équilibres malgré le poids de la Réunification, jusqu’à ce qu’elle soit rattrapée, à son tour, par le spectre de deux faillites retentissantes dans son propre secteur bancaire…) à lui emboîter résolument le pas sans même avoir le temps de pleurer leurs larmes de fierté nationale d’autrefois;

– Et à promettre un plan de soutien à une industrie automobile elle aussi en passe d’être ravagée par la récession, mais, là non plus, sans l’astreindre à aucune contrainte sérieuse en termes de préservation de l’emploi et/ou d’investissements dans les « voitures propres ».

Après quoi, il nous déballa avec deux jours d’avance, à grands renforts de mise en scène et de battage médiatique, un cadeau de Saint Nicolas sous forme d’un plan de relance pseudo-généralisé de 27 milliards d’euros, montant représentant ni plus ni moins que la quote-part de la France aux mesures de soutien de 200 milliards d’euros d’ores et déjà entérinées sur le fond par les 27 Etats-Membres de l’UE sous l’égide de la Commission européenne avant d’être officialisées, vendredi dernier, à l’occasion du Conseil Européen de Bruxelles en guise de point d’orgue à la présidence française, et qui servira principalement à financer de grands projets dans les domaines du BTP ou des transports, à réduire le taux de TVA sur certains biens et services (dont évidemment le secteur de la restauration qui attendait déjà ce geste depuis 2002), sous réserve de l’accord du Conseil des Ministres de l’Economie et des Finances (Ecofin) d’ici mars prochain, et à alléger les charges des entreprises là où les contribuables moyens, par ailleurs consommateurs et employés pour la plupart, étaient bien en droit d’espérer avant tout une hausse substantielle de leurs revenus afin de pouvoir continuer à travailler, consommer et vivre dignement dans une nation soumise à de tels bouleversements.

Bref, si je peux comprendre que les dirigeants du Monde entier s’échinent à voler au secours d’un secteur bancaire en pleine déroute de peur que son effondrement ne mette des pans entiers de l’économie à genoux, chacun d’entre nous étant potentiellement concerné à l’insu de son plein gré puisqu’il détient au moins un compte bancaire et risquant, par conséquent, de perdre des sommes péniblement accumulées à la sueur de son front en cas de faillites en série parmi les établissements financiers, éventualité plus que probable, il est vrai, dans un univers comme celui de la finance mondiale, dont les intervenants majeurs sont suffisamment interconnectés pour entraîner dans la tourmente de vénérables banques d’affaires américaines vieilles de près de deux siècles qui avaient pourtant déjà survécu sans trop de dégâts à la crise de 1929, si je peux comprendre également qu’il est primordial de préserver notre industrie automobile, dont les produits et services sont indispensable au maintien de notre niveau de vie à tous, tributaires que nous sommes à présents de nos véhicules à force d’avoir laissé les pouvoirs publics détricoter à peu près tout ce qu’il reste de nos réseaux locaux de transports collectifs et de considérer la mobilité, aussi bien professionnelle que privée, comme un droit et un devoir élémentaire au même titre que la participation aux élections, et s’il y a, en effet, quelques bonnes raisons d’affirmer qu’il vaut mieux stimuler les entreprises par des commandes massives (TGB, logements sociaux, centrales nucléaires…) et des allègements de charges pour les mettre en mesure de créer ou de préserver des emplois, c’est-à-dire privilégier clairement une politique de l’offre, au lieu de continuer à axer l’essentiel de la politique sur la demande en accordant, de manière un peu trop large et indifférenciée, des augmentations de salaires et de minima sociaux qui ne servent qu’à acheter des produits fabriqués hors de nos frontières, au rapport qualité / prix indéniablement plus favorable en moyenne à de vulgaires consommateurs qui ne ce soucient guère des incidences économiques de leurs choix, aussi isolés soient-ils dans un premier temps, et donc à doper la compétitivité de nos concurrents au détriment de nos entreprises, qui demeureraient soumises à un cadre toujours bien trop rigide face à des conditions de marché sans-cesse plus préoccupantes en l’absence de toute mesure corrective, il va sans dire que bien des points restent sujets à caution, pour ne pas dire franchement discutables. Car:

1. Compte tenu des sommes engagées dans les seuls secteurs bancaires et automobiles, il s’agit là, pour l’essentiel, de mesures disproportionnées au vu des difficultés du Français ou de l’Européen moyen, à qui le simple fait de conserver ses dépôts bancaires ou son véhicule ne garantira ni ressources minimales, ni pouvoir d’achat, ni emploi stable pour les prochains mois;

2. Toute injection de capital dans une banque aurait dû s’accompagner, au mieux, d’une prise de participation de l’Etat français, matérialisée par une « golden share » (action préférentielle lui conférant une minorité de blocage et/ou le droit de nommer des représentants à des postes-clés du Conseil d’Administration et de la Direction), et au pire, d’une nationalisation forcée, inscrite dans le cadre d’une loi sur la contribution de la France à l’assainissement et à la modernisation du système financier international, en vertu de laquelle son PDG et tout autre responsable stratégique pourrait être nommé ou révoqué directement par le Président de la République par décret en Conseil des Ministres après avis conforme du Parlement et de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), à l’image de ce que prévoit cette loi sur la réforme de l’audiovisuel que la Majorité nous présente pourtant comme le socle d’une nouvelle forme de gouvernance…; et

3. Il aurait été bien plus judicieux de financer toutes ces enveloppes budgétaires exceptionnelles, à commencer par celle allouées à des banques comme la Société Générale ou les Caisses d’Epargne, à l’origine de nos déboires actuels en raison de leurs investissements hasardeux sur des marchés dont même le banquier le moins talentueux ne pouvait pas complètement ignorer le caractère spéculatif, risqué et peu rentable à long terme, par une remise en cause, au moins temporaire, des cadeaux et largesses fiscales en tous genres en faveur des contribuables les plus aisés, ceux-là même qui ont déjà profité au mieux de la hausse ininterrompue des marchés entre 2002 et 2007 sur les conseils avisés de leurs gérants attitrés, par ailleurs banquiers au sens large du terme, dont les performances augmentent, c’est bien connu, avec leur niveau de rémunération et de commission.

Toujours dans le même ordre d’idées, les bataillons de chômeurs, précaires et autres exclus, déjà bien trop nombreux depuis le début du millénaire, mais dont les rangs grossiront, à n’en point douter, à mesure que la récession entraînera même les classes moyennes dans la spirale de la pauvreté et du déclassement social, ne manqueront pas d’apprécier grandement la perspective de devoir se serrer la ceinture au nom de la rigueur ou à cause de leur incapacité à acheter des produits « made in France » / leur absence supposée de patriotisme économique, et de renoncer encore longtemps à une hausse des minimas sociaux qui dépasse, ne serait-ce que légèrement, celle de l’indice des prix à la consommation, , alors que l’Etat n’hésite pas à mettre des milliards sur la table sans exercer aucun contrôle sur l’emploi ou l’efficacité de ses généreuses subventions, et de devoir attendre en vain qu’EDF ne répercute enfin la baisse des cours du pétrole sur leurs factures alors que l’électricien ne rechigne pas à dépenser des centaines de milliards d’euros pour s’emparer de pointures comme British Energy et Constellation Energy, quitte à tenter de snober au passage le milliardaire Warren Buffett…! Quelle classe, en apparence, de jouer les maîtres du Monde, mais peut-être que nous autres Français avons la mémoire si courte que plus personne ne veut se souvenir des mésaventures du Crédit Lyonnais et de Vivendi au pays de l’Oncle Sam, où les étrangers ont tout intérêt à appliquer les lois à 200% avant de faire les malins, et peut-être bien que là aussi, nous aurons, en réalité, trois factures EDF particulièrement salées à payer ces prochains temps: celle d’une électricité infiniment trop chère au vu du cours actuel du pétrole et des prétendus avantages compétitifs du nucléaire, celle des acquisitions de BE et Constellation, hors de prix au vu de l’état désastreux de leurs infrastructures de production / distribution, et celle des déconvenues résultant de la tentative d’EDF d’intégrer en son sein des entreprises aux cultures si éloignées que Vivendi Universal, conglomérat particulièrement ingérable lorsqu’il tentait encore d’être omniprésent dans le Monde et de miser à fond sur les marchés américains, se rappellera enfin à ses bons souvenirs; à moins qu’on nous épargne au moins le mirage de la fusion transatlantique grâce, pour une fois, à la fronde protectionnisme de nos U.S.A. chéris, qui ont tout de même compris depuis belle lurette, surtout lorsque leurs intérêts nationaux sont plus ou moins en jeu, que le laisser-faire dont il se faisaient autrefois les apôtres inconditionnels dans le cadre de leurs visées libre-échangistes, peut vite atteindre les limites de l’acceptable!!!

De quoi augurer de lendemains qui déchantent, voire de quelques mouvements sociaux de masses comme on ne les avait pas vus depuis quelques décennies, et de quoi pronostiquer de bons scores électoraux pour le tout nouveau Parti Anticapitaliste, fer de lance d’une Extrême-Gauche européenne plus revendicative et unie que jamais… A moins que le lavage de cerveau des médias fasse son travail, que cet hiver, particulièrement rude dans une optique de « réchauffement climatique », ne dissuade même les plus téméraires d’aller manifester pendant des heures contre un gouvernement qui a décidé, depuis fort longtemps, de rester aveugle et sourd à leurs demandes sous prétexte de ne pas vouloir reculer devant une bande de gauchistes rétrogrades et de savoir ce qui est bon pour le peuple sans même avoir à le consulter, que le commun des mortels, assommé par le poids grandissant de sa charge de travail et de ses obligations, et susceptible de trouver en la télévision ou d’autres divertissements de masses des instruments de jouissance, de repos cérébral et de paix intérieure disponibles à moindres frais, ne finisse par préférer au son du canon de la contestation frontale celui du clairon de Nicolas Sarkozy, porté en triomphe par des faiseurs d’opinion qui n’auront de cesse de le présenter comme le sauveur de la France face aux assauts capitalistiques des méchants banquiers américains, seul capable, contre l’avis de tous ses homologues européens si nécessaire, d’imposer à tous des compromis de bon sens conformes en tous points aux intérêts de la France, et si génial dans ses trouvailles idéologiques qu’il parvient, sans mal ni effort de persuasion démesuré, à rester juste assez anticonformistes et en rupture avec les dogmes économiques communément admis pour se réclamer à la fois de Keynes et d’Adam Smith au gré des contingences du moment, et juste assez affairiste pour ne jamais froisser ses mécènes et amis (les Bouygues, Bolloré et consorts) dans l’optique de sa réélection ou d’un hypothétique retour prématuré dans le civil, que mes concitoyens préfèrent se désintéresser pour de bon des rouages macroéconomiques, par définition trop complexes et déconnectés de leur quotidien d’agents économiques isolés, et digérer leurs frustrations en se lançant à corps perdu dans un travail encore moins bien rémunéré qu’avant dans le seul but de conserver à peu près un salaire identique en fin de mois et en se fabriquant chaque jour de nouveaux ennemis à abattre dans une Société qui les méprisent, et que l’UMP arrive encore à exploiter jusqu’en 2012 le piètre spectacle politicien d’un Parti Socialiste suffisamment empêtré dans ses querelles de personnes pour avoir donné une majorité relative au programme de Ségolène Royal tout en élisant sa rivale Martine Aubry au poste de Première Secrétaire, fut-ce au prix de quelques débauchages supplémentaires parmi d’anciens dignitaires socialistes tels que Jack Lang, qui rêvent plus ou moins d’en découdre avec tous leurs anciens compagnons de route pour se venger de ne pas avoir pu briguer la Magistrature Suprême…

Ajouter à cela un MoDem si peu représenté sur la scène nationale que seul François Bayrou peut raisonnablement espérer l’incarner, une Extrême-Droite laminée par ses divisions, l’incertitude entourant la succession de Jean-Marie Le Pen et les appels du pied de la majorité actuelle, des Verts si mal en point qu’ils n’oseraient pas refuser les services de Daniel Cohn-Bendit, socio-libéral « europhorique » s’il en est, pour coordonner leur campagne en vue des élections européennes, mais sans pour autant se résoudre à couper les ponts avec une Gauche qui leur avait, autrefois, donner l’unique occasion de participer à l’exercice du pouvoir dans le cadre de la « majorité plurielle » de Lionel Jospin, ainsi qu’une foule d’analogies trompeuses et réductrices avec la crise de 1929 pour tenter de nous présenter les événements de 2008 comme la quintessence du pire de la catastrophe économique et justifier ainsi n’importe quelle mesure par l’urgence absolue, et vous parviendrez peut-être aux mêmes conclusions que moi: à savoir qu’après avoir déjà réussi à mettre François Bayrou hors-course en 2007 (et indirectement en 2002 grâce à la polarisation du paysage politique en cette époque de cohabitation où il ne faisait pas bon parler de consensus), après avoir remporté une victoire historique contre une Gauche malmenée notamment par les élans néoconservateurs et le manque de charisme de Ségolène Royal , considérée par bien des Français comme une sorte de transfuge de la Droite dont les accents sécuritaires du programme électoral ne constitueraient finalement qu’une pâle copie de celui de l’UMP ou de l’ex-UDF, Nicolas Sarkozy a effectivement de bonnes chances de réaliser avec brio son rêve de sortir grandi de la crise, à défaut d’en extraire la France tout entière, et d’être réélu en 2012 avec un score de 65% au deuxième tour de scrutin, soit un point de plus que le Général De Gaulle en 1965. Alors pourvu que Martine Aubry ne tarde pas trop à remettre le P.S. en ordre de marche, à lui donner un programme cohérent, gage de sa combattivité retrouvée, et à renouer ses liens historiques avec les laissés-pour-compte de la mondialisation néolibérale, ouvriers, chômeurs et sans-papiers en tête, pour tâcher de gagner contre toute attente ou de limiter au moins la casse face aux velléités despotiques de notre « omniprésident »!