>En ce 4 avril 2010, joyeuses Pâques à tous, et bonne fête à vous autres bloggeurs, disciples de Winston Smith malgré vous, qui résistez encore à "La Vague"

>Visitez mon profil Technorati !

En effet, s’il est encore une journée chargée de signes évidents du destin, dans la droite ligne du samedi 27 mars dernier, c’est donc bien ce dimanche 4 avril 2010.

1. C’est aujourd’hui que les Chrétiens du Monde entier (y compris les Orthodoxes, dont le calendrier coïncide exceptionnellement avec le nôtre) s’unissent pour célébrer Pâques, cette fête du renouveau, de l’espoir, de la chaleur, de l’abondance, de la fécondité et de la joie de vivre, qui devrait marquer d’une empreinte solennelle la renaissance spirituelle et affective de l’Humanité à l’issue d’une période de glaciation, de déprime et d’usure que le Vendredi Saint vient enfin de clore en apothéose dans la mesure où ses multiples processions, chemins de croix et autres manifestations d’autoflagellation ou de pénitence collective symbolisent bien, à l’extrême, tout ce que les Hommes, enfermés dans une société qui ne leur accorde guère le temps de rêver à un avenir meilleur, sont aujourd’hui prêts à endurer pour survivre, améliorer leur ordinaire ou forcer le respect de leurs semblables, tout ce avec quoi nous aimerions tant découdre pour nous accorder plus souvent, si ce n’est quotidiennement, quelques instants de douceur et de plaisir, à l’image de ceux qu’il nous a probablement été donné de goûter en savourant les rituels œufs en chocolat…

2. Mais le 4 avril se trouve également avoir été ce fameux jour de printemps où George Orwell situait le début de son mémorable roman de politique-fiction, « 1984 », dont le héros, un certain Winston Smith, persécuté par un système totalitaire préfigurant à souhait les dérives qui pourraient emporter la France dans le tourbillon de la Réaction néofasciste d’ici quelques années sous l’influence destructrice de notre Big Brother présidentiel, a commencé à entrer définitivement en résistance mentale contre le système en consignant ses pensées, ses états d’âme, sa haine et ses élans d’espoir dans un journal illusoirement intime que le Parti semblait, en réalité, arriver à lire en temps réel pour traquer ses pensées déviantes, entretenant ainsi un lointain ancêtre de nos blogs ou profils Facebook d’aujourd’hui, qui, pour autant qu’ils remplissent parfaitement leur fonction d’exutoires, d’espaces de liberté virtuelle et de lieux destinés à véhiculer des états d’esprits aussi divergents que la profondeur d’analyse absolue ou le néant joliment enrobé d’animations Flash, n’en sont pas moins placés sous le contrôle quasi permanent de la Société, qui peut s’en servir avantageusement pour savoir à notre sujet à peu près tout ce qu’elle pourrait retourner contre nous. Car oui : qu’on le veuille ou non, et bien que l’Internet reste un formidable lieu d’expression, de partage, d’épanouissement ou de divertissement en ce qu’il rend viables des projets comme Wikipedia, AgoraVox, Youtube, MySpace, Twitter ou des plateformes de jeu en ligne, de manière à décloisonner des connaissances, des pratiques ou des opinions autrefois confinées à quelques cercles d’érudits, les TIC sont désormais avant tout les armes de prédilection des dictateurs ou des fournisseurs de pensée unique entretenant savamment quelques rivalités de façade (cf. conflit Google vs. Chine, qui me fait un peu penser à ces affrontements géostratégico-économiques permanents, ne tenant ni de la raison, ni même d’une idéologie sérieuse, qu’Orwell avait déjà anticipés en 1948) pour continuer à donner au cyber-consommateur, vache à lait du système à l’insu de son plein gré, le sentiment d’avoir encore pour longtemps un choix fondamental entre des offres de contenus ou de services à la fois riches et variées, tout en uniformisant sciemment ses modes d’action, de réflexion et de comportement à l’échelle mondiale, selon la seule, unique et toute-puissante matrice néolibérale. Puisse donc chacun d’entre nous, en ce jour de Pâques, symbole d’espoir et de renouveau, trouver en quelque disciple de celui qu’Orwell avait conceptualisé sous le nom d’Emmanuel Goldstein – l’ennemi naturel du Grand Frère -, sa propre raison de vivre autrement, plus dignement que dans un système aussi inique et destructeur que le nôtre, quand bien même ses convictions seraient assez puériles ou naïves pour être vouées à l’échec au vu de la surpuissance de l’Empire, et puisse donc le 4 avril devenir, en l’honneur d’Orwell et de son Winston Smith, une journée mondiale de réflexion et d’action autour de la nécessaire pérennité des blogs, des réseaux sociaux et d’une démocratie aussi participative que possible…!

3. Et pour vous montrer que ma méfiance à l’égard du potentiel dictatorial et avilissant des régimes contemporains est loin de n’être que pure paranoïa antisarkoziste, anticapitaliste ou néo-anarchiste non assumée, je ne peux que vous inviter, à défaut de (re)lire « 1984 » en citoyens avertis, à jeter un œil attentif sur le film « La Vague », abondamment rediffusé sur Canal + ces temps-ci, qui montre bien, sur un air de fiction vaguement récréative mettant en scène des lycéens en mal de projets, attirés par les expériences pédagogiques incontrôlables d’un professeur manifestement avide de reconnaissance et d’autorité, combien il semble facile, même dans une Allemagne pourtant blindée contre les excès du nazisme et du stalinisme à force de s’être interrogée bien plus que d’autres sur la douloureuse histoire de sa culpabilité collective sous ses divers régimes totalitaires, de captiver des jeunes de toutes origines et de tous degrés d’intelligence pour en faire des monstres en puissance. Et à ceux qui m’objecteraient qu’il ne s’agit là que d’un film de plus, bourré de stéréotypes sur des lycéens désoeuvrés et sur une Allemagne vieillissante, un peu trop imprégnée d’on ne sait quels ténébreux égarements libertaires au contact de Joschka Fischer ou Daniel Cohn-Bendit au lendemain des « années folles », qui n’aurait rien de mieux à faire de ses rejetons que de les laisser choisir entre zoner sur MSN et adhérer au NPD en l’absence d’alternatives raisonnables à la vacuité de l’espace public depuis que les contestataires post-soixante-huitards précités sont rentrés dans le rang de la bienséance et du jeu institutionnel, je dirais simplement que même derrière les éternels raccourcis dramaturgiques qu’implique le fait de faire tenir un scénario en 90 minutes chrono se cache une réalité inquiétante qui vaut aussi bien pour l’Italie de Berlusconi, l’Amérique d’Obama, la Belgique d’Yves Leterme ou la France de Sarkozy: il suffit d’une bonne dose de chômage, de tensions sociales, d’insécurité, supposée ou réelle, de racisme, d’intolérance, de niaiseries télévisuelles, d’arrogance et de violence, verbale ou physique, pour faire exploser la cohésion de la Nation ou de toute autre entité constituée sur des bases qu’elle croit encore inébranlables au moment même où les premières menaces existentielles s’abattent sur elles, tel un déluge dont tous s’acharnent à sous-estimer la gravité, au point de nous faire inconsciemment préférer la dictature la plus sanglante à la démocratie la plus authentique. « La Vague » ne déferle donc pas sur nous comme une vérité absolue, mais c’est un bon point de départ pour réfléchir plus avant sur la solidité de nos propres convictions morales à l’heure où le statut importe bien plus que la stature ; et puissent donc, au sortir d’un dimanche de Pâques où le concept de fécondité aurait dû être tout particulièrement à l’honneur, féconder en vos fertiles méninges les germes d’une résistance nouvelle, massive et revigorée aux manœuvres les plus perverses de nos oppresseurs!!!

Maréchal Twitter, me voilà donc, plus fort et déterminé que jamais, tantôt pigeon voyageur sur ton réseau, tantôt pigeonné par l’hégémonie du « SMS style » !

Prologue à une trilogie techno-sentimentale en devenir dont vous pouvez également découvrir dès à présent la première et la deuxième partie, à une sorte de « tweet-thriller » entamé sur mon « compte historique » peu après la tragique disparition de Michael Jackson en juin 2009, événement dont j’avais pris connaissance en direct dans une émission de la radio montréalaise CIBL dont l’animateur m’avait alors démontré avec brio à quel point Twitter permettait de s’informer plus vite et mieux que via les médias traditionnels, à une époque où je pouvais encore cultiver la naïveté d’imaginer que l’e-célébrité me porterait chance à tous égards…

À vous qui acceptez de me suivre dans cette aventure, qui me lisez près de cinq ans après la première mouture de ce billet, je commencerai par dédicacer ce morceau de Ian Pooley sorti en 1998, l’une des plus belles années de ma vie en ce qu’elle fut pleine de rêves réalisés:-)

Un petit souci pour lire la vidéo d’ici à ce que j’implémente intégralement les balises HTML 5 / ARIA requises, ou juste une petite envie de récupérer la bande son via votre ripper préféré ? Alors, cliquez ici, et tout devrait s’arranger à souhait;-):-)

En clair: après avoir longuement résisté à l’appel du service de microblogging dénommé Twitter, particulièrement adapté aux échanges massifs et immédiats, par concaténation et improbables enchevêtrements de micromessages qualifiés de « tweets » (gazouillis), de liens et autres données susceptibles de tenir en 140 caractères, et après avoir, pourtant, souligné, dans mon dernier article, le risque de me retrouver pris au piège du « style SMS », langage des plus pernicieux dont les abus peuvent conduire, plus vite qu’il ne faut pour le remarquer ou l’écrire, à réduire la pensée à une impitoyable succession de signes typographiques, d’abréviations hasardeuses ou de liens hypertextuels arrachés de leur contexte, souvent au mépris évident de la grammaire, de la richesse lexicale ou de la profondeur d’analyse, dans la droite ligne du novlangue dont George Orwell fustigeait déjà l’inquiétante avancée dans son roman de politique-fiction « 1984 », j’ai finalement été rattrapé par les réalités d’un marché du réseautage caractérisé par un rejet croissant de Facebook et MySpace au profit de nouveaux entrants comme Twitter, justement…

Et, ô surprise: non seulement leur interface est bien plus ergonomique que celles de leurs divers concurrents, , mais de surcroît, et contrairement à mes préjugés d’il y a seulement quelques semaines quant à la compression d’un message au format SMS, il m’arrive désormais de prendre du plaisir à enchaîner quelques salves de tweets, en particulier lorsque je consacre un bon moment à traiter mes fils RSS, tant il est vrai que la présentation ultra-simpliste de leur page d’accueil, flanquée de la fameuse zone de saisie magique qui n’attend qu’à recevoir un nombre de caractères inférieur ou égal à 140, qui permet ainsi, sans autres formalités, d’insérer des liens et de renvoyer vers des contenus bien plus élaborés, m’invite plus que jamais à partager quasi instantanément tout ce qui fait mon quotidien, à commencer par mes lectures ou mes préoccupations du moment, même lorsque je n’ai pas forcément envie de me prendre le temps d’y consacrer un billet sur mon blog ou de le mentionner successivement sur les réseaux sociaux dont je fais partie. En témoignent, par exemple, mes contributions de samedi après-midi au sujet du caractère hypocrite de la lutte contre des paradis fiscaux européens à l’heure de la mondialisation, compte tenu de la facilité déconcertante avec laquelle on peut aujourd’hui créer une société offshore dans la « zone économique spéciale » de Hong-Kong, et mon choix de relayer un article plutôt insolite de Rue89 sur les vertus thérapeutiques et économiques de la marijuana jamaïcaine, que je n’aurais probablement jamais postées ailleurs sur le Net, bien que les pages web en question vaillent assurément le détour et qu’elles traduisent plutôt fidèlement mes intimes convictions. De quoi éviter, en outre, de sombrer dans la redite à force de devoir poster sur plusieurs réseaux ou de s’adonner trop fréquemment au plagiat pour n’aboutir, au final, qu’à reproduire en moins bien ce que d’autres ont déjà si brillamment conçu, formulé et répandu dans des médias plus influents que ma modeste présence internautique.

Autre avantage de taille : comme des millions d’autres usagers, y compris de grandes entreprises ou institutions de renommée internationale, le pratiquent déjà à leur profit depuis quelques mois, je pourrai à la fois devenir l’un de leurs « poursuivants », c’est-à-dire m’abonner à leur fil de tweets pour m’informer de leur actualité en temps réel, et m’autopromouvoir auprès de leur département web / de leurs visiteurs en essayant, par exemple, d’être parmi les premiers à répondre à l’un de leurs tweets, de préférence sur un sujet d’importance capitale ou à fort potentiel fédérateur, jusqu’à me faire suivre à mon tour par un maximum de personnes ou, du moins, à servir de plaque tournante à leurs propres ambitions en offrant à leurs tweets l’espace promotionnel dont ils auront tant besoin.

Pour vous en rendre compte par vous-même, n’hésitez pas à visiter dès à présent ma page Twitter et à être parmi les premiers à entrer dans le cercle, encore très sélecte, de mes illustres, mais non moins fidèles « followers ». Après quoi, il ne restera donc plus qu’à savoir si, à l’occasion du 25e anniversaire de l’échéance fatidique de 1984, Orwell arriverait à s’identifier à la citation twitteresque « Big Brother is following u », si Twitter, pour ornitologiquement connoté que soit son nom, comptera surtout des oiseaux de bon ou de mauvais augure, et qui, de moi ou des autres, adoptera en premier la parfaite posture de l’Icare de la Société de l’Information, volant assez haut dans la stratosphère de la communication interpersonnelle pour goûter à l’infinité virtuelle des horizons que peuvent nous ouvrir les plus nobles idéaux de l’Humanité sans se brûler pour autant les ailes à force de vouloir toucher de trop près le soleil du conformisme social…!

>En bref & en vrac n° 1: mon blog à l’ère de la "succinct’attitude"

>

Soyez les bienvenus dans cette nouvelle rubrique « en bref & en vrac », plus particulièrement destinée à ceux qui seraient tentés de me reprocher de ne publier que des articles beaucoup trop longs et indigestes (oui, car je sais bien qu’il y en a beaucoup parmi vous, et je ne voudrais plus avoir l’air d’y être systématiquement indifférent, même s’il me faut admettre que cet exercice-là ne me convient pas toujours, tant la vie est complexe et rythmée par des subtilités que les mots, plus que tout autre support, me permettent d’appréhender aux mieux…)!

Son principe sera de vous livrer périodiquement, sous une forme aussi variée, compréhensible et succincte que possible, toutes sortes d’informations, d’idées, d’opinions et de liens amoncelés au fil du temps ou de mes périples dans les mondes virtuels ou réels, et qui, sans mériter forcément un billet à eux seuls ni amener qui que ce soit vers des jugements définitifs et péremptoires sur des questions de fond comme l’avenir du capitalisme post-subprimes, n’en présentent pas moins un certain intérêt pour les lecteurs attentifs, curieux et intelligents que vous êtes. Ce faisant, il s’agira donc aussi bien, un peu à l’image d’un compromis de nouvelle génération entre un bloc-notes public à vocation universelle et le « mur » de Face book, d’alimenter une sorte de banque de données multithématique que de construire une boîte à idées dans laquelle je puisse éventuellement piocher à l’avenir en cas de besoin.

Et pour commencer en beauté, voici, sans plus tarder, ma première contribution du genre.

Figurez-vous que mes parents ont eu l’incroyable surprise de recevoir à leur domicile strasbourgeois, le vendredi 26 septembre au matin, une bonne vieille carte postale « papier » envoyée de Montréal à peine trois jours auparavant. Un exploit quand on sait qu’il faut parfois attendre bien plus longtemps pour recevoir une simple lettre de Briançon ou de n’importe quel autre coin de France, et qu’en théorie, une carte postale est assimilée à un courrier non prioritaire (de catégorie B), ce qui devrait en ralentir quelque-peu le traitement et l’expédition. Voilà qui en dit long sur le fonctionnement de nos vénérables entreprises de services publics, ostensiblement en voie de décomposition avancée dans certaines régions. A moins qu’il s’agisse d’une pratique de plus en plus courante au regard du business plan de cette future multinationale que la poste française aspire à devenir d’ici 2011 au détour d’un appel aux marchés, prélude à sa privatisation complète, que l’Etat, soucieux de vaincre les réticences de la population face à la disparition des bureaux de poste dans les zones économiquement les moins rentables, encourage et organise toutes sortes de dysfonctionnements ou de défauts de service, dont l’augmentation sensible des délais moyens d’acheminement du courrier, jusqu’à convaincre une majorité de citoyens qu’une entreprise privée ne pourrait faire que mieux, plus vite, moins cher et avec beaucoup moins de personnel, et que l’on apprenne soudain, dans l’un des prochains numéros du « Canard Enchaîné », que pour des questions de logistique et de rationalisation des flux de marchandises selon les principes régissant d’ores et déjà les transferts de données sur Internet (s’il devait s’avérer impossible de transporter directement un colis ou un mail de A à B, pourquoi ne pas l’acheminer via C, D et E, pour peu qu’il soit en mouvement autant que possible et que tous les acteurs de la chaîne de distribution puissent ainsi travailler à flux tendu pour accroître sans-cesse leur productivité), même les cartes postales envoyées de Marseille à Strasbourg transitent en fait par Bruxelles ou Chicago, selon la densité du trafic dans les divers couloirs aériens…! Ah, mondialisation, quand tu nous tiens!

De mondialisation, il est également plus ou moins question dans la petite anecdote que voici. Car, à mon retour de Nancy dans l’après-midi de ce même vendredi 26 septembre, il m’a été donné d’assister, dans le TER de 16h10, à une discussion on ne peut plus vive, intéressante et relativement argumentée entre des personnes qui semblaient travailler dans la même entreprise ou le même secteur et se connaître suffisamment pour ne pas hésiter à parler longuement de politique. A la manière de ces discussions de comptoir où l’on refait le monde sans jamais parvenir à y mettre la dernière main, de ces débat sans issue mais à base de moult réflexions dont chacun ferait si bien de s’inspirer si le Monde, justement, n’était pas si instable, complexe et difficile à refaire, ils évoquèrent successivement les nombreux obstacles qui se dressent aujourd’hui devant quiconque recherche un emploi durable, valorisant et bien rémunéré, les pistes de réflexion quant aux pays les plus prometteurs en la matière (Luxembourg, Belgique, Suisse, Royaume-Uni, Irlande, U.S.A., Canada…, mais pas l’Allemagne, qui reste pourtant, à mon avis, l’une des nations européennes les plus aptes à surmonter la récession actuelle grâce à sa balance commerciale exemplaire et dont la logique de codécision entre employeurs et salariés a grandement contribué à entretenir un haut niveau de dialogue social, même en temps de crise), les causes réelles ou supposées de l’augmentation du chômage et des baisses de pouvoir d’achat dans les pays occidentaux, dont le célèbre argument du patronat selon lequel le coût, le manque de qualification et la démotivation de la main-d’œuvre justifieraient à eux seuls toutes ces vagues de délocalisations que nous subissons de plein fouet depuis une vingtaine d’années, notre responsabilité individuelle et collective, en tant que consommateurs et électeurs, face à la progression constante des produits et services en provenance de pays à bas coûts, à commencer par la Chine et l’Inde, l’utilité et l’ampleur de toute résistance massive à la déferlante du capitalisme planétaire, notamment pour ceux dont les conditions de vie se sont tellement détériorées au fil du temps qu’ils n’arriveraient tout simplement plus à survivre s’ils décidaient d’acheter français ou européen par solidarité pour leurs collègues, eux aussi confrontés aux mêmes questions existentielles, le rôle des décideurs politiques et économiques dans une société en mal de repères, etc…, avant de se livrer à l’exercice le plus périlleux qui soit: critiquer le fond et la forme de la présidence Sarkozy tout en essayant de formuler des contre-propositions. Exercice compliqué, il est vrai, par le fait que l’un d’eux, le plus virulent et acharné de surcroît,, ait voté Sarkozy aux deux tours de l’élection présidentielle de 2007 alors que les autres, clairement à gauche et apparemment anti-sarkozistes de longue date, lui reprochaient précisément d’être si radical dans ses prises de positions actuelles pour mieux cacher l’opportunisme dont il avait fait preuve l’année dernière, croyant peut-être naïvement que le « petit Nicolas » aurait vraiment de quoi devenir le premier président ouvrier depuis François Mitterrand, mais qui s’acheva, après quelques minutes, par la remarque fort judicieuse de l’un des participants, probablement d’origine africaine à en juger de son accent, et dont on peut donc légitimement supposer qu’il n’ait pas été obnubilé à ce point par nos stratégies politiciennes franco-françaises à court terme:

C’est bien joli tout ça. Vous critiquez toujours Sarkozy pour ce qu’il fait, pour ce qu’il ne fait pas ou pour sa manière de mélanger vie publique et vie privée, et vous dites tous que le pays tout entier est contre lui, que vous tous, sauf un, vous n’avez pas voté pour lui. Mais l’année dernière, il a quand-même été élu à 54%. Alors, ils sont où les électeurs de Sarkozy. Vous aussi, en France, vous faites voter les fantômes, ou vous avez tous peur d’assumer vos convictions?

À quelque-chose près le genre de questions que je m’étaient déjà posées, moi aussi, tant il m’arrive de fréquenter, parmi mes amis ou les membres de ma famille, des personnes qui se prévalent volontiers d’avoir apporté leurs suffrages à Ségolène Royal, François Bayrou ou l’un des candidats d’Extrême-Gauche, mais qui, en réalité, s’accommodent relativement bien du blizzard capitalo-conservateur que les dirigeants actuels font souffler sur ce pays depuis plus d’un an déjà, acceptent bien volontiers les explications faussement rassurantes de nos dirigeants quant à leur capacité à nous sortir de la crise actuelle et feignent de voir dans les divers plans de relance, par lesquels les Etats essaient péniblement de reprendre la main sur le destin économique de leurs administrés, le salutaire retour en grâce d’un interventionnisme d’inspiration socialo-keynésienne dont même Mme Royal aurait eu toutes les peines du monde à assumer la paternité, pour peu qu’eux-mêmes ne perdent pas leur emploi, que leur petit cercle d’amis ou leur doux cocon familial ne soit pas directement exposé à cette misère ou cette précarité que l’on ne saurait voir dans cette société où seul le fort, le riche et le bien-portant ont droit de cité, que leur supermarché préféré continue à les abreuver de promotions alléchantes et de belles paroles sur le pouvoir d’achat, que les journaux télévisés ou les nouvelles pratiques religieuses, telles que les rassemblements géants de pèlerins, hyper-médiatisés grâce à la présence du Pape ou de tout autre leader spirituel de renommée internationale, les aident à accepter leur état de soumission aux desiderata des gouvernants et à relativiser leurs difficultés, voire même à se sentir fiers de vivre dans un pays comme la France, tellement plus prospère que ses voisins d’outre-Méditerranée, et que l’actualité leur fournisse assez de boucs-émissaires sur qui décharger leur colère ou leur frustration en cas de besoin, ou d’autres, dont certains prétendent aujourd’hui avoir voté Sarkozy au seul motif d’éviter que Ségolène Royal ne dilapide les deniers publics pour des mesures aussi inefficaces et discutables que le raccompagnement des policiers de sexe féminin jusqu’à leur domicile, sans pour autant assumer ce machisme invétéré, empreint d’une stupidité coupable au vu des enjeux globaux d’une élection présidentielle, qui les pousseraient à pardonner toutes les erreurs aux hommes alors que les femmes se devraient d’être plus qu’irréprochables, mais qui, à force d’avoir placé leur fierté et leurs préjugés au-dessus de toute considération politique sérieuse, sont souvent les premiers à critiquer le gouvernement ou à se soustraire à tout débat de fond par des lieux communs aussi insignifiants que la formule « de toute façon, les hommes politiques sont tous pourris ». Un peu facile, il est vrai, surtout quand leurs faits et gestes passés ont empêché l’une des moins mauvaises responsables politiques d’arriver à l’Elysée sous le seul prétexte que sa féminité soit un facteur déstabilisant, mais diablement efficace, comme on le sait tous!

Et de service public, il est également question, par la force des choses, dans la réforme de l’audiovisuel public français, encadrée en théorie par la seule Loi relative à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision, toujours en gestation au Parlement grâce à la guérilla de l’opposition, mais dont les premiers effets se font d’ores et déjà sentir en dehors de tout cadre juridique nouveau. C’est ainsi que Christine Albanel, notre Ministre de la Culture, non contente d’être freinée dans son élan par un Gouvernement qui préféra ne pas avoir recours à l’article 49-3 de la Constitution afin de ne pas donner à outrance l’impression de réagir à « l’obstruction » de la Gauche par un passage en force qui aurait mis fin à tout débat démocratique grâce au redoutable artifice du vote bloqué en obligeant, de facto, tous les parlementaires de la Majorité à adopter le texte en l’état pour manifester leur confiance à l’exécutif, envisagea tout d’abord de recourir à un décret visant à bannir la publicité des écrans des chaînes de France Télévision après 20h d’ici à ce que la future loi intègre cette disposition, avant de reculer une fois de plus en faisant mine d’abandonner également cette option, mais pour sauter d’autant mieux dans le bain des pratiques antidémocratiques dans la mesure où elle vient d’ordonner au PDG de France Télévision en personne de faire adopter la décision par le Conseil d’Administration de sa société, ce qui suppose que celui-ci lui soit suffisamment acquis pour que le vote ne réserve aucune surprise de taille et préfigure vraisemblablement le manque d’indépendance auquel seront confrontés les futurs administrateurs, nommés selon les nouvelles procédures, dont l’adoption ne fait pas davantage de doutes, compte tenu des rapports de force dans les deux chambres parlementaires.

Qui plus est, comme cette loi en voie d’adoption concerne également les services de radiodiffusion de droit public, regroupées en société nationales de programmes fonctionnant sur le même modèle de « gouvernance » que France Télévision (Radio France restera indépendante, mais son PDG sera également nommé par le Président de la République après avis conforme d’un CSA qui, pour quelques années encore, lui restera entièrement acquis puisque ses membres ne sont actuellement nommés que par des personnalités de droite, alors qu’RFI fusionnera avec France 24 et TV5 Monde au sein de la nouvelle société de l’Audiovisuel Extérieur de la France, dont le seul sigle d’AEF réveillera peut-être déjà, à lui seul, les pires démons de notre passé colonial en Afrique, et que les diverses radios locales d’RFO seront absorbées par France télévision), le paysage radiophonique a, lui aussi, été façonné par deux ondes de choc annonciatrices de bouleversements profonds qui conduiront prochainement à la disparition pure et simple de la bande FM au profit d’un mode de diffusion numérique privilégiant ostensiblement les réseaux nationaux et laissant à quelques opérateurs locaux triés sur le volet le soin d’amuser la galerie par des programmes de niches à connotation folklorique. Difficile, en effet, aux habitants de Nantes, Bordeaux et Strasbourg régulièrement branchés sur FIP, réseau thématique de Radio France dont le concept original consiste à allier une programmation musicale profondément éclectique et les interventions d’animatrices souvent charmantes, à la voix suave et mélodieuse, qui distillent au fil de la programmation, dans une logique de service public de critique socioculturelle, toutes sortes d’annonces de spectacles, manifestations et autres événements d’intérêt local ou national, d’ignorer que leurs décrochages locaux sont désormais réduits à six heures, dont deux le matin et quatre en fin d’après-midi, contre un programme ininterrompu de 7h à 19h30 auparavant, et que nous aussi, les « happy few » qui ne connaissions pas encore la déclinaison « 100% nationale » de FIP, pilotée depuis Paris 24h/24, avons droit, à présent, à une pléthore d’annonces totalement déconnectées de notre quotidien, mais dont la part du lion, en revanche, concerne bel et bien la région parisienne. Alors, d’ici à ce que FIP devienne un vrai réseau garant de l’aménagement du territoire, capable de promouvoir aussi des événements dans des villes où elle n’est présente que par satellite, câble ou Internet, à quand une disposition de la nouvelle loi sur l’audiovisuel stipulant que les billets de TGB Est achetés exclusivement dans le but d’aller voir la dernière exposition en date à la Cité des Science de La Villette à Paris sur les bons conseils de FIP, donnent droit à une remise sur la redevance…? Et si déjà Radio France décide de centraliser au maximum les activités de ses stations pour en faire des réseaux, quid de France Vivace et des radios thématiques de France Culture, dont la diffusion mériterait largement de se démocratiser afin que n’importe qui en France puisse avoir accès à des formes d’arts jusqu’à présent réservées aux élites bien informées, ou du Mouv, qui, pour sa part, aurait tout intérêt à (re)devenir autre-chose qu’un robinet à tubes et à obscénités de bas étage pour pouvoir reconquérir des jeunes dont on peut aisément comprendre qu’ils finissent tous sur NRJ puisque le service public ne leur apporte rien de plus, si ce n’est un peu moins de publicité que sur les radios commerciales? Bref: pourquoi ne pas faire des réformes puisque les technologies numériques de radiodiffusion (Internet, satellite, câble et future Radio Numérique Terrestre – RNT) permettent de créer une multitude de réseaux équitablement répartis sur le territoire national, voire d’étendre le rayonnement de la France par delà ses frontières pour des coûts marginaux extrêmement faibles, mais autant se prendre le temps de les faire mûrir au lieu de casser des structures existantes juste pour le principe de bâtir du neuf!

Un vœu pieux de plus en cette période de bonnes résolutions, comme ces rituels appels à éradiquer la faim ou la pauvreté, quand on sait, un peu par hasard grâce à zdnet.fr, que le CSA, mandaté par le Gouvernement afin de mettre en place d’ici un an, dans les 18 principales agglomérations du pays, un bouquet RNT dont tout le monde ignore encore le format de diffusion et les modalités de cohabitation avec la bande FM classique, vient de publier la liste des radios retenues à l’issue d’un appel à candidatures lancé en mars dernier. Outre la pléthore de projets de prestataires nationaux comme RTL, BFM, NRJ et les porte-drapeaux de la Réaction néofasciste de chez Radio Courtoisie, qui pourront enfin « répandre leur bonne parole » de manière à peu près uniforme et standardisée sur l’ensemble du territoire, sans trop de zones d’ombres dans les régions densément peuplées du moins, figurent également parmi les candidats à une fréquence pour l’agglomération strasbourgeoise, Radio en Construction et Radio Arc-en-ciel, chacune pour une pleine fréquence, (comme si le chantier de l’ancienne Radio Campus, visitable tous les jours de 14h à 2h, qui s’éternise tout de même déjà depuis 1995, méritait encore une prolongation numérique jusqu’à la fin des temps), Radio Eurodistrict, qui retente sa chance après avoir été recalée en vue d’une fréquence FM, et une association locale affiliée à RCF, comme si Arc-en-ciel et les vestiges du concordat de 1804 (cours de religion obligatoires, ecclésiastiques rémunérés par le Ministère de l’Intérieur au même titre que des fonctionnaires de l’État…) ne fournissaient pas déjà à l’Alsace une dose de christianisme largement supérieure à ce qui serait souhaitable dans une société laïc

.

Toujours à propos de l’Alsace, région connue pour sa volonté de consensus politique, mais si peu habituée à la culture conflictuelle et aux joutes verbales des cénacles parisiens qu’elle parvient très rarement à placer ses meilleurs hommes à des postes-clés dans les divers gouvernements français (après tout, il faut remonter à 1958 pour retrouver les traces d’un Premier Ministre alsacien, en l’occurrence Pierre Pflimlin, qui ne resta en fonctions que quelques jours, le temps de s’effacer au profit d’un illustre général lorrain), j’ai pris grand plaisir à apprendre, à la lecture d’un article de Wikipedia sur le futur président américain Barack Obama, que celui-ci compterait, parmi bien d’autres racines familiales, des ancêtres germano-alsaciens établis à Bischwiller, qui répondaient aux doux noms de Christian Gutknecht et Maria Magdalena Grünholtz. Alors, chers compatriotes régionaux en mal de pouvoir: si, d’aventure, vous deviez éprouver autant de difficultés que moi à vous faire une place au soleil à Paris ou Bruxelles, pourquoi ne pas explorer la piste transatlantique et tenter votre chance à Washington, comme Barack Obama, notre providentiel « oncle en Amérique » à tous? A moins que vous soyez plus portés sur la dialectologie, et que vous compreniez, à présent, un peu mieux pourquoi les jeunes Afro-Américains tout droit sortis de la downtown society ont toujours tendance à dire « yo », et non « yes » pour répondre par l’affirmative…

Plus sérieusement à présent, maintenant que la crise des subprimes s’est transformée en un cataclysme systémique majeur encore bien plus inquiétant que ce que j’avais osé prévoir dans mes vœux de Nouvel An, l’heure ne fut pas tant, en ce dernier trimestre 2008, aux questions macroéconomiques fondamentales teintées de nobles ambitions de réformes structurelles, à la mise en œuvre effective d’une gouvernance mondiale plus réactive et équilibrée, aux débats sur l’opportunité de procéder à une privatisation rampante de la Poste ou aux interrogations légitimes sur l’avenir et l’indépendance de l’audiovisuel public, Radio France compris, qu’aux solutions d’urgence et aux interventions, tantôt opportunistes, tantôt indispensables, de notre bien-aimé Nicolas Sarkozy, qui agissait cette fois, de surcroît, en sa double qualité de Chef de l’Etat français et de Président en exercice de l’Union européenne. Pour de plus amples détails à ce sujet, je vous invite cordialement à vous reporter à mon message précédent, histoire de ne pas compromettre à jamais le format de la présente rubrique.

Cela dit, comme ce message-là portait exclusivement sur des problèmes macroéconomiques, j’ajouterai simplement ici que le Conseil européen des 11 et 12 décembre derniers, dont je m’étonne qu’il ne se soit pas tenu dans une ville française comme le veut pourtant la tradition, mais à Bruxelles, ville qui concurrence accessoirement Strasbourg en vue du siège définitif du Parlement européen, s’est non seulement penché sur le plan de 200 milliards d’euros élaboré sous l’égide de la Commission européenne, mais également sur le « Paquet Climat et Energie », avec, pour seul résultat palpable, d’être parvenu à un engagement général, pour le compte de l’Union dans son ensemble, à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20% par rapport à leur niveau de 1990, à porter la part des énergies renouvelables à 20% de la consommation totale et à réaliser des économies d’énergie à hauteur de 20% d’ici 2020, ce qui revient au fond à réitérer des engagements dont l’Union s’était déjà targuée l’année dernière et à faire du sur-place au vu des objectifs de Kyoto, qui, à un peu plus de quatre ans de l’échéance théorique de 2012, sont eux aussi encore bien trop éloignés pour que même les optimistes puissent considérer la stratégie des 27 comme un pas de plus dans la bonne direction. Sans compter les disparités entre Etats-Membres quant à leurs principales sources de pollution et leurs positions sur le rôle du nucléaire dans l’assainissement de leur bilan énergétique, avec, d’un côté, la France et le Royaume-Uni qui spéculent sur une relance massive qui aille de pair avec la construction d’une multitude de nouveaux réacteurs, présumés plus fiables que nos centrales actuelles, et de l’autre, des pays comme l’Allemagne ou la Pologne, qui comptent bien exploiter jusqu’au bout leurs dernières réserves de charbon, y compris dans la production d’électricité, fut-ce au prix de fortes émissions de gaz carbonique.

Mais pour terminer sur une note un peu plus légère et positive, je ne vous cacherai pas que malgré le mauvais temps, la froidure des journées automnales, annonciatrice d’un hiver précoce, d’ores et déjà bien plus rigoureux que les années précédentes,, mes deux semaines de vacances en pension complète avec formule « tout inclus » à l’hôtel El Mouradi Club Sélima de Port El Kantaoui (Tunisie), sportives et reposantes, certes, mais maintes fois entrecoupées d’entorses à mon régime alimentaire, tant il y avait de raisons, plus ou moins bonnes, de se laisser envoûter une dernière fois par les charmes de la Boukha, de la Thibarine et des confiseries orientales sucrées avant d’entamer cette longue ligne droite de l’abstinence qui me conduira jusqu’à la corne d’abondance des repas de réveillon, ou encore la recrudescence de mes activités informatiques en réaction à la tempête économico-boursière et aux récentes évolutions technologiques, activités intrinsèquement sédentaires et incompatibles avec des exercices de musculation de grande ampleur, je suis arrivé à poursuivre mes efforts d’amaigrissement à un rythme à peine moins soutenu que cet été, de quoi franchir durablement à la baisse le cap des 81, puis, plus récemment, celui des 80 kilos. Cela porte donc déjà à près de 12 kilos la quantité de graisse perdue depuis le début du mois de juin dernier, et ne me met plus qu’à une bonne quinzaine de kilos de mon poids idéal, dont les spécialistes s’accordent à affirmer qu’il devrait se situer entre 60 et 65 kg, selon la méthode de calcul retenue… De quoi envisager sereinement la perspective d’égaler le poids de ma mère, en l’occurrence 78 kg, d’ici les orgies festives des jours à venir, et de la dépasser à court terme grâce à ma plus grande persévérance!