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Les formalités introductives d’usage, dont les traditionnels voeux de bonheur et de bonne santé, ayant été accomplies dans mon message précédent, qui m’a également servi à synthétiser brièvement dix années de vie et d’actualité, place, à présent, à une ultime, mais d’autant plus complète rétrospective de 2009 au sens large (de l’été 2008 à la dernière St-Sylvestre)!
« Qu’est-ce que le Monde est bien foutu, quand on peut le bouffer à sa propre sauce! »,
a dû, en effet, se dire plus d’une fois notre empereur, de facto Nicolas 1er, qui a si bien compris comment transformer la progression de la crise économique planétaire, l’élection de Barack Obama et la présidence française de l’UE en un formidable tiercé gagnant que le zénith de sa popularité, qui a si parfaitement accompagné la lune de miel avec sa nouvelle épouse, l’impératrice Carla, n’a pas manqué de se niveler en un haut-plateau de « positive attitude »dont il commencera seulement à redescendre bien après les élections européennes, à la faveur de quelques scandales et autres contre-temps à mettre au crédit d’un style de vie beaucoup trop flambeur en ces temps d’austérité et de précarité, d’une conception par trop clientéliste de la méritocratie (nomination avortée de justesse de son fils Jean à la tête de l’EPAD, l’établissement public gestionnaire de l’un des plus importants quartiers d’affaires d’Europe, en l’occurrence celui de la Défense, sur la foi d’un vulgaire Baccalauréat et d’une vague présence en Faculté de Droit), de sa boulimie de l’action perpétuelle, du manque de cohérence et de préparation qui en découle dès lors qu’il tient absolument à faire adopter telle ou telle réforme au pas de charge sans consulter la vraie France qui se lève tôt, ou de son obstination à faire passer à tout prix des textes aussi controversés et inutiles que la « Loi HADOPI » alors que le pays croule sous le poids de problèmes infiniment plus urgents, à commencer par la progression du chômage.
Car il faut bien admettre:
- que la géniale intuition dont il a témoigné en présentant la crise comme une occasion historique de faire revenir la France à la table des vainqueurs de la mondialisation néolibérale tout en créant, avant nos concurrents, les emplois d’avenir dont nous aurons besoin pour asseoir durablement notre hégémonie, y compris dans la filière nucléaire afin de concrétiser, en théorie, les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre résultant du Grenelle de l’Environnement, a tout d’abord subjugué nombre de nos concitoyens, syndicalistes et travailleurs précaires compris, au point de leur extorquer, presque sans états d’âmes ni élans de révolte, des sacrifices aussi énormes que la remise en cause du droit de grève sous forme de service minimum dans les écoles ou les transports en commun;
- et que Barack Obama, dont la non moins géniale idée de fédérer les espoirs de l’Humanité autour de sa couleur de peau, de sa filiation spirituelle et ethnique avec Martin Luther King, exemple vivant de la véracité du concept de « rêve américain », de la promesse de fermer le bagne de Guantánamo ou du slogan « yes, we can », par lequel il se démarquait à la perfection d’un John McCain qui avait le double inconvénient:
- de se présenter pour le compte du parti de George Bush, dont le laxisme, la connivence avec l’univers de la haute finance et les élans guerriers venaient de nous jeter, en l’espace de quelques mois, et sans aucune préparation, dans la pire crise depuis 1929;
- et d’être ressorti de l’humiliante guerre du Vietnam avec de telles séquelles physiques que son incapacité évidente a accomplir seul certains gestes essentiels de l’existence renvoyait implicitement à la formule-repoussoir « no, he can’t » (de quoi craindre que les Noirs soient encore mieux placés que les handicapés sur l’échelle de valeur sociobiologique des Américains…),
sera finalement couronnée d’un Prix Nobel de la Paix alors même que son administration allait envoyer des renforts militaires conséquents en Afghanistan pour se lancer dans une improbable bataille décisive contre les Talibans, lui a notamment rendu un fier service lors du dernier sommet de l’OTAN, organisé à Strasbourg, Kehl et Baden-Baden du 1er au 4 avril 2009, en occupant avec lui, pour la plus grande joie du public et des commentateurs officiels, le devant de la scène dans ce cirque médiatico-politique à l’issue duquel la France s’est remise sous la tutelle militaire de l’Oncle Sam sous couvert d’un nécessaire retour dans le Commandement Intégré de l’Alliance Atlantique pendant que la Turquie exécutait soigneusement son numéro d’empêcheuse de voter en rond en monnayant habilement son accord à la nomination du futur Secrétaire Général contre le soutien actif des Américains à son entrée dans l’Union Européenne, de quoi jeter dans la catégorie des marginaux, des ennemis de la Société ou des terroristes potentiels quiconque aurait eu l’indélicatesse de protester pacifiquement contre la tenue du sommet ou les objectifs de l’OTAN, de s’insurger contre les restrictions draconiennes imposée aux habitants de villes-hôtes transformées en forteresses déjà bien avant les événements proprement dits, de s’interroger sur l’opportunité, la qualité et la proportionnalité de la débauche colossale de dispositifs sécuritaires en vertu desquels il n’était pas rare de voir la police montée patrouiller fièrement sur quelque chemin perdu de la Forêt du Neuhof alors que des casseurs, manifestement beaucoup mieux organisés et familiers des lieux que nos forces de l’ordre si grassement rémunérées pour faire semblant de nous tranquilliser, profitaient des lacunes de la collaboration transfrontalière en se livrant à une attaque en règle contre le quartier du Port du Rhin, ou de se demander s’il fallait vraiment choisir un symbole de paix et de réconciliation aussi fort que Strasbourg pour donner naissance à une nouvelle forme de coopération franco-allemande ostensiblement placée sous le signe de la guerre, étant donné que la caution morale liée à la présence du président américain et de la conférence qu’il avait donnée devant quelques Strasbourgeois triés sur le volet aurait dû écarter à jamais toute autre considération!
Animé par le désir de résister, autant que possible, à l’obamania et la sarko-fascination de la plupart de mes concitoyens, dont la tendance à l’autoflagellation mentale et à la politique de l’autruche pourrait s’expliquer par la vacuité de leurs repères moraux, encore plus éphémères que le vent qui « souffle sur l’Arizona, un État d’Amérique dans lequel Harry zona » (pour reprendre humblement à mon compte les paroles du « Nouveau Western » de MC Solaar) s’il ne fallait pas carrément y voir, chez certains, du moins, une passion avérée pour la médiocrité et le malheur des autres, je me suis donc efforcé de frapper du sceau de l’indifférence, du cynisme ou de l’écoeurement, selon la gravité ou le ridicule du spectacle proposé:
– la décision des dirigeants du G20, ultime émanation de l’ex-G7 / G8, composée du noyau historique des sept pays les plus industrialisés du Globe, de la
Russie et de certaines puissances émergentes censées, tracer, à elles seules, la voie royale menant les « Pays du Sud » du sous-développement endémique à la prospérité éternelle, de sortir de leur chapeau un tour de magie consistant à repeindre le Monde en seulement trois couleurs fondamentales sous 48 heures, sur la base de critères de coopération / d’opacité que l’OCDE puisse établir à la volée et consigner sous forme de trois listes nominatives de pays, dans le but avoué de remettre au plus vite sur le droit chemin de la transparence et de la dénonciation des contribuables réfractaires en quête d’anonymat total des paradis fiscaux « noirs » (Monaco, Liechtenstein, Îles Caïman) ou « gris » (Suisse, Autriche, Belgique, Luxembourg), dont l’existence et les méthodes de gestion sont pourtant connues de tous depuis des lustres, et à enclencher une dynamique auto-entretenue par laquelle le noir et le gris s’estomperaient du planisphère à vue d’oeil au profit d’une blancheur uniforme, preuve tangible de l’efficacité immédiate d’un dispositif conçu, en réalité, à cet unique effet…, comme s’il suffisait d’un appareil répressif réduit à un schéma tricolore pour torpiller le business model séculaire de familles régnantes telles que les Grimaldi, dont la puissance a toujours reposé sur des activités illégales ou illégitimes visant avant tout à parasiter délibérément les circuits économiques normaux (piraterie au Moyen-Âge, banques et sociétés offshore de nos jours);
– l’incapacité pure et simple de ces mêmes dirigeants, réunis à Pittsburgh six mois plus tard, à imposer des limites impératives, de portée universelle, aux rémunérations des banquiers et à faire le procès d’un système assez absurde et pervers pour les récompenser d’avoir si bien spéculé sur des coquilles vides que leurs employeurs s’en sont trouvés exsangues, que des millions d’innocents y ont laissé des plumes sans aucun espoir d’être récompensés pour leurs sacrifices par des lendemains meilleurs et que les États du Monde entier, c’est-à-dire, au final, leurs généreux contribuables, ont été priés de payer la facture sans escompte ni remise et d’accepter ainsi cette incroyable forme de redistribution inverse des richesses sous la menace d’une faillite générale de l’économie, pendant que le gratin des élites socioéconomiques n’en passe pas moins ses journées à nous gaver de ses ignobles discours sur la promotion par le mérite, l’incitation au travail ou le juste équilibre entre la récompense de l’effort et la traque aux « assistés »;
– la dichotomie saisissante entre:
- d’une part, la révolte des Iraniens contre la réélection manifestement frauduleuse de leur président Mahmoud Ahmadinejad, la cruauté croissante de ces despotes qui les musellent déjà depuis trente ans, la détérioration flagrante de leurs conditions de vie, leur isolement face à la communauté internationale et les innombrables répercussions du quasi-embargo occidental, une révolte qui aurait déjà avancé depuis fort longtemps au stade de la révolution populaire et du coup d’État majoritairement pacifique contre les mollahs, et contribué à creuser une grande brèche dans le mur de l’intolérance et du fanatisme, pile vingt ans après la chute du « Mur de la Honte », si seulement l’Europe, les États-Unis, la Russie et la Chine, tout d’abord fortement préoccupés ou impressionnés par les informations qui leur arrivaient prioritairement via Internet (une première dans l’Histoire, sachant que Twitter ou Youtube permettent désormais à tous ceux qui le souhaite d’être à pied d’égalité avec les ONG, les journalistes ou les services de renseignement), n’avaient pas pris le parti, plutôt risqué au demeurant, de reconnaître plus ou moins implicitement la victoire truquée des Conservateurs pour disposer avec eux de partenaires institutionnels prêts à désamorcer, en temps utile, l’épineux dossier nucléaire, mais qui va donc sombrer à nouveau dans l’indifférence générale jusqu’à ce que les prochains morts ou les prochaines violences ne réveillent nos consciences, comme si les 40% de jeunes Iraniens qui n’étaient même pas nés lorsque leurs parents collaboraient à une révolution islamique encore porteuse de sérieux espoirs démocratiques, étaient responsables de leur situation si désespérante;
- et d’autre-part, l’hystérie collective entourant les projets nucléaires de l’Iran, qui, pour peu qu’ils aboutissent un jour à une bombe atomique capable de « rayer Israël de la carte », remonteraient tout de même indirectement, cruelle ironie de l’Histoire, à des transferts technologiques massifs et incontrôlés des années 1970 par lesquels la France et les U.S.A., en particulier, ont initié ceux qui étaient encore leurs alliés persans aux applications militaires du sacrosaint atome pendant que l’Ayatollah Khomeini, exilé en France (ce pays visiblement si démuni, en dépit de l’opulence inédite des « Trente Glorieuses », qu’il avait eu recours aux largesses financières du Chah pour achever discrètement la construction de la centrale de Pierrelatte, partiellement dédiée à des usages militaires hautement sensibles, savamment cachés sous la bannière d’EDF), préparait tranquillement l’avènement de ce régime terroriste qui nous harcèle aujourd’hui à coups de visions apocalyptiques largement relayées dans le reste du monde arabe…, ou la détention de Clotilde Reiss, la fille d’un chercheur de renom travaillant pour le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA), qui semble en avoir fait un peu plus que de participer à des manifestations antigouvernementales et de dispenser des cours de français à l’université de Téhéran, de sorte que son cas relèverait davantage de l’espionnage que du délit d’opinion et ne mériterait donc pas plus d’égards que le sort de quelques marins tombés dans les mains d’un commando de pirates somaliens;
– le mauvais coton que les réseaux de la Françafrique ont filé, une fois de plus, après le décès inopiné d’Omar Bongo au soir du 7 juin, en infléchissant le cours du simulacre d’élection présidentielle en faveur de son fils pour que pseudo-démocratie continue à rimer avec Sarkozy, dynastie et profit, comme Elf Congo rimerait avec le « King of Bongo » de Manu Chao (ou avec « bingo » pour qui adore, comme moi, les jeux de mots alambiqués entre les références culturelles d’une icône indéboulonnable de l’alter-mondialisme et le patronyme, purement fortuit, des maîtres de Libreville);
– le premier « discours sur l’état de l’Union », que Nicolas Sarkozy a eu le privilège de tenir, le mardi 23 juin, devant le Parlement spécialement réuni en congrès à Versailles, en vertu de cette réforme constitutionnelle de 2008 qui a encore fait franchir à la Ve République un pas de plus vers une monarchie absolue dont les apparences démocratiques seraient préservées par un renforcement théorique des droits du Législateur, essentiellement aux dépens du pouvoir judiciaire, et des rites télégéniques d’origine américaine qui institutionnaliseraient l’illusion d’une plus grande proximité entre le Président et son peuple, ce célèbre discours qui lui a surtout servi à nous saouler de nobles promesses sans lendemains, dont celle d’une « taxe carbone » équitablement répartie entre tous les acteurs économiques en guise d’indispensable contribution nationale, voire européenne ou mondiale, aux efforts de lutte contre le changement climatique, et d’un « grand emprunt national » comparable à celui que son mentor Édouard Balladur avait initié en 1993, permettant à tous les particuliers qui en auraient encore les moyens financiers de participer, à des conditions beaucoup plus avantageuses que les taux du marché obligataire classique, à des chantiers d’avenir tels que les EPR, les nouvelles lignes de TGV et les campus d’excellence;
– l’arrivée de Frédéric Mitterrand au Ministère de la Culture et la visite semi-officielle de Jack Lang en Corée du Nord dans le cadre de la course-poursuite entre puissances occidentales à la conquête de ce dernier havre de démocratie populaire, soit autant d’étapes dans son obsessionnelle démarche de récupération du patrimoine miterrandien et dans la mise en œuvre de sa perception volontairement biaisée de « l’ouverture à gauche »;
– et le virus H1N1:
- finalement bien moins dangereux qu’une hypothétique réédition du scénario-catastrophe de l’influenza espagnole de 1919, que nous prédisaient néanmoins, avec une probabilité proche de la certitude absolue, nos éminents spécialistes de la médicalisation et de la marchandisation des soins, aux arguments scientifiques parfois pour le moins douteux, dont l’apparent étonnement face à la surconsommation d’antidépresseurs et autres « ego shooters » n’est plus qu’une incantation de routine destinée à mieux faire passer la pilule d’une approche thérapeutique qui fait invariablement du patient une machine ingurgitant docilement ces spécialités qu’on lui prescrit à tour de bras, pour le plus grand bien de l’Assurance Maladie, en un automate doté du strict minimum de matière grise qu’il faudrait, par définition, rendre responsable de ses moindres vices de fonctionnement et blâmer pour son désir de poser des questions là où la Science donne nécessairement des réponses au-dessus de tout soupçon, quand bien même il aurait respecté à la lettre l’ordonnance de son gentil médecin;
- et, a fortiori, infiniment plus anodin que la gangrène qui empoisonne depuis des décennies un système sanitaire public en pleine privatisation, abandonné aux mains prédatrices des industriels et des assureurs, qui a fait de l’Hexagone non seulement l’un des champions du Monde des subventions déguisées aux laboratoires pharmaceutiques via la commande de 94 millions de doses de vaccins, soit près de deux doses par Français éligible à la « piqûre de la discorde », avant même que les producteurs ne soient en mesure de dire s’il fallait prévoir une ou deux injections par personne, mais également un triste cas d’école en termes d’inefficacité et de désorganisation chronique des services de santé, qui, à force d’assujettir l’administration de ce que nos gouvernants nous présentaient par ailleurs comme l’incontournable remède-miracle à une gravissime pandémie à des procédures bureaucratiques kafkaïennes au lieu de parer au plus pressé avant que cette maladie, réputée urgence nationale absolue du fait de sa dangerosité supposée, ne se propage à l’ensemble du pays comme une traînée de poudre, ont quand-même mis plus de trois mois à vacciner seulement 5% de la population là où nos cousins québécois sont aisément parvenus à un score de 80% avant la fin de l’année sans semer une telle panique dans l’opinion.
Et comme 2009, année du doute généralisé quant au bien-fondé du système capitaliste, des propriétés curatives du développement durable pour les entreprises ou les secteurs en crise et des vaines promesses du sommet de Copenhague, s’est également distinguée par l’entrée en scène ou le retour en grâce de toutes sortes de funambules de l’écologie politique essayant, avec plus ou moins de sincérité, de trouver un compromis entre convictions personnelles et nécessités institutionnelles, entre le bien-être des Humains et la préservation de leur environnement, dont:
- José Bové, qui, devant un combat de terrain potentiellement perdu d’avance à l’heure de la mondialisation néolibérale, de la prééminence des textes juridiques sur l’esprit des lois, de l’influence des lobbies sur le processus législatif européen et d’une agriculture désormais entièrement dépendante de la PAC, a préféré passer « du bon côté », celui des décideurs dûment élus pour tenter de peser à la source sur la teneur de ces textes communautaires derrière lesquels les États membres savent si bien s’abriter pour ne pas devoir assumer des décisions aussi controversées que l’autorisation de certaines cultures transgéniques, de manière à mettre un terme au déclin de son aura médiatique et à ne pas prendre le risque de finir ses jours dans l’indifférence générale au fin-fond des sombres pénitenciers surpeuplés de la République à défaut de pouvoir compter éternellement sur une grâce présidentielle ou la clémence de juges respectueux de sa popularité;
- Daniel Cohn-Bendit, dont j’ai d’autant plus admiré la carrière et la capacité à faire évoluer les idées révolutionnaires de mai 1968 vers un modèle de gouvernance progressiste et pragmatique que le tiret séparant ses deux noms symbolise, à lui seul, la difficulté de construire des ponts ou tout autre trait d’union entre ces cultures françaises et allemandes qui m’ont tant façonné et écartelé, de concilier économie et écologie dans un univers où l’Homme, non content d’être un loup pour ses semblables, n’a que faire des espèces inférieures dont il ne tire aucun profit immédiat;
- ou Ségolène Royal, qui, pour ne ressembler en rien à une militante écologiste de la première heure, n’en a pas moins transformé sa région en un bon laboratoire des « technologies propres » et avancé des objections raisonnables à une « taxe carbone » suffisamment inéquitable envers les contribuables les moins aisés / favorable aux industries les plus polluantes pour avoir été invalidée par le Conseil Constitutionnel juste avant les fêtes,
il va sans dire que le rapport entre éco-citoyenneté, convictions euro-fédéralistes et devoir d’électeur a joué, dès le départ, un rôle primordial dans mes critères de sélection des candidats les plus aptes à mériter mon suffrage lors du scrutin européen du dimanche 7 juin, un rôle à la mesure de l’ancienneté de ma « fibre verte » qui remonte en fait aux convictions pacifistes et antinucléaires dont ma mère m’abreuvait déjà au milieu des années 80, mais que le règne de l’audimat et de la « pipolisation », qui avaient, par exemple:
- amené le MoDem à aligner Jean-François Kahn et Yann Wehrling en tête de liste pour booster ses chances à l’extrême dans une circonscription a priori des plus ouvertes à ses idées, mais noyautée à souhait par l’UMP grâce à sa forte implantation locale;
- incité une grande chaîne du service public audiovisuel à diffuser le film « Home » à deux jours des élections dans l’espoir de faire le jeu de la majorité présidentielle en marginalisant, au détour d’une savante mise en scène de la peur du lendemain, des émotions partagées et des « bons sentiments », une Gauche à qui il fallait absolument reprocher de subordonner le désir de « sauver la planète » à la croissance et à l’élévation du niveau de vie, thèmes pourtant traditionnellement chers à la Droite au pouvoir;
- et grevé d’une hypothèque considérable le score de Sandrine Bélier, tête de liste d’Europe Écologie, en raison de son manque d’aisance évident sur les plateaux télévisés,
n’aurait guère laissé de place à une analyse sereine et réfléchie de l’offre politique globale si moi aussi, j’avais renié mon appartenance à cette espèce en voie de disparition qui lit consciencieusement les tracts électoraux et se lamente généralement du rapport de plus en plus désastreux entre l’insignifiance de leur contenu et le nombre d’arbres qu’il faut abattre pour les fabriquer malgré tout… J’ai donc été d’autant plus agréablement surpris par la qualité littéraire, la justesse et la cohérence de l’argumentaire de campagne de Sandrine Bélier, dans sa version écrite, et, n’ayant aucune raison de résister à ma passion des mots et des formules, j’ai succombé instantanément à la beauté de son slogan « votez Europe Écologie pour changer d’ère ». Car pour une écolo, elle ne manque donc ni d’air, ni d’esprit, qui plus est à un moment où elle aurait pu se contenter de surfer sur les effets de mode précités; et dans l’intérêt du renouvellement des élites, c’est heureusement une femme de plus en politique, qui amènera peut-être, elle aussi, sa part de douceur, d’idéalisme raisonné et de modération dans un milieu si brutal, d’ordinaire!
Cela étant, , puisqu’il ne suffit pas d’avoir un esprit sain pour survivre glorieusement aux appels d’air de l’ère Barroso-Sarkozy, il me fallait bien encore quelques jolies prouesses corporelles pour me sentir en symbiose avec l’environnement au point de penser régulièrement à le protéger…
Les JO de Pékin s’étant terminés le 24 août 2008, et avec eux, le Programme Olympique Personnel (POP) que j’évoquais déjà à l’époque dans un message de circonstance, la musique ayant fait temporairement place, sur mon iPod, à cette révélation qu’a été la lecture de « 1984 » de George Orwell en version originale sous forme de livre audio téléchargé sur Demonoid.com, la légendaire plate-forme BitTorrent qui ne cesse d’errer d’un pays à l’autre pour échapper aux griffes des censeurs, le principal enjeu post-olympique était donc de me motiver à poursuivre l’effort, à très long terme, en particulier au-delà de l’équinoxe d’automne, ce moment charnière qui symbolise à lui seul le déclin, le repli sur soi et le besoin de lutter de plus en plus férocement contre l’adversité dans la mesure où la longueur des journées, sources de soleil, de clarté naturelle et de joie de vivre en elles-mêmes, diminue inexorablement au profit de ces ténèbres nocturnes et de cette grisaille omniprésente qui réduisent d’autant plus, de deux à trois minutes par jour jusqu’au salvateur solstice d’hiver, mon envie de sortir de chez moi, ma capacité à me déplacer de la manière la plus autonome et anonyme possible pour me rendre à des soirées en dépit d’une vision de nuit des plus catastrophiques, ma joie de vivre, mon entrain et mon enthousiasme à l’idée de prendre quelque initiative que ce soit, ce qui m’a amené à renommer le très estival POP en « Fitness to Fuck the Winter » (FFW) et à perdre encore une dizaine de kilos jusqu’aux premières lueurs du printemps, histoire d’avoir de bonnes raisons de remplacer toute ma garde-robe avant même le début des soldes de l’été 2009… Et même s’il a bien fallu que je réduise progressivement l’intensité de mes prouesses sportives pour ne pas malmener excessivement mon corps et lui donner le temps de s’adapter à ses nouveaux contours athlétiques, sachant qu’il est fortement déconseillé, en principe, de maigrir de plus d’un kilo et demi par mois dès lors que le cap de l’obésité, à savoir celui d’un indice de masse corporelle supérieur ou égal à 25, a été durablement franchi à la baisse, je ne suis plus, aujourd’hui, qu’à quelques encablures de mon poids idéal de 65 kg, et je continue volontiers à me rendre régulièrement, parmi d’autres sources d’informations fiables parce que visiblement indépendantes de l’industrie agroalimentaire, sur le site « Ligne En Ligne » pour parfaire mes connaissances sur les régimes, la santé ou les activités corporelles dans le cadre de ce qu’il est désormais convenu d’appeler « FFW 2.0 », en attendant le retour de la prochaine « belle saison », qui me donnera certainement à nouveau l’occasion d’exhiber ma sveltesse retrouvée sur les plages du Monde entier, comme j’avais pris plaisir à le faire en mai dernier, lors de mon voyage de trois semaines en Turquie (dont un circuit d’une semaine qui m’a permis de visiter, entre autres, le Mont Nemrut et la Cappadoce, puis deux semaines de natation et de captage de rayons ultraviolets à Kemer près d’Antalya)!
S’agissant de ma situation matérielle et administrative, disons que ce qui avait donc débuté, à l’été 2007, comme une indispensable purge sur un marché américain de l’immobilier dont l’activité reposait alors exclusivement sur des biens notoirement surévalués, dont certains se résumaient en réalité à de simples préfabriqués installés à des dizaines de kilomètres du prochain centre-ville, mais néanmoins vendus aux enchères à quelques centaines de milliers de dollars, sur des crédits à taux variables dont les mensualités, indexées sur un loyer de l’argent en constante augmentation, atteignaient des niveaux tellement astronomiques que personne n’aurait vraiment été en mesure de les rembourser, ainsi que sur des montages financiers suffisamment complexes et artificiels pour noyer provisoirement le spectre du surendettement généralisé et de la perte de confiance globale dans la valeur des actifs sous-jacents aux fins-fonds d’un marécage de produits dérivés pudiquement baptisés « subprimes » a donc fini par exploser de toutes parts à la figure des plus célèbres banquiers de la place, entraînant dans la spirale du dépôt de bilan des établissements vieux de deux siècles qui avaient pourtant survécus sans trop de dégâts à des événements aussi graves que des guerres mondiales ou la crise de 1929, par se propager à l’ensemble de l’économie à cause de l’interdépendance néfaste entre l’accélération exponentielle du rythme des faillites et des saisies de biens, l’effondrement du marché du crédit, la baisse de la consommation, le chômage, les défaillances d’entreprises, la chute des échanges commerciaux entre les États-Unis et le reste du monde, les fluctuations des devises et les cours des principales matières premières, pour s’en tenir aux paramètres macroéconomiques de base, et par faire abandonner aux indices boursiers de la planète plus de 60% de leur valeur en six mois, du jamais vu depuis le « krach des bulbes de tulipe dans la Hollande du XVIe siècle, sauf erreur de ma part…! Du coup, bien que je n’aie pas été nécessiteux au point de devoir vendre la moindre action à perte au cours de cette phase historique de baisse uniforme qui se terminera, fort heureusement, au fond du gouffre des cotations le 9 mars 2009, je fais tout de même partie de ces gens dont l’avidité et le refus obstiné de croire sérieusement à la véracité de leurs propres prédictions quant à l’imminence d’un retournement conjoncturel aux allures de crise systémique majeure ont joués de très mauvais tours puisqu’il faudra peut-être patienter des années avant que les cours de certains titres ne reviennent à des niveaux satisfaisants pour dégager de leur vente des plus-values annualisées un tant soit peu supérieures à celles d’un vulgaire produit d’épargne réglementé de type Livret A, et je n’ai donc pas eu d’autre choix que de renforcer mes positions en moyennant certaines lignes de portefeuille à la baisse ou en me remettant à acheter des titres particulièrement massacrés, un peu comme en 2003…! Et s’il va de soi que j’ai été profondément attristé par le décès de ma grand-mère maternelle en septembre 2008, des suites de la maladie d’Alzheimer, il n’empêche que son héritage est arrivé à point nommé pour m’éviter de devoir solder précipitamment des positions déficitaires aux seules fins de réaliser en temps voulu l’un de mes grands projets du moment: quitter ma petite demeure pour un appartement beaucoup plus grand où je puisse disposer, entre autres, d’une salle de sport à plein temps et d’un balcon relativement spacieux au lieu d’être obligé de dormir encore plusieurs années dans une pièce accessoirement inondée de sueur quelques heures auparavant, au gré de mes différents exercices physiques, et de donner à mon salon des airs de café du commerce d’autrefois à force de l’imprégner de mes volutes de fumée.
Car l’an de grâce 2009, décidément aussi riche en rebondissements et en signes potentiels du destin que son grand frère 1999, d’autant plus qu’il se situe précisément au terme d’une décennie de souffrances et de dures épreuves qui ne s’était probablement pas ouverte par hasard sur la perspective d’un dysfonctionnement informatique à la hauteur de la décadence de l’Humanité (le fameux « bug de l’an 2000 »), d’une décennie dévastatrice qui a vu s’effondrer presque toutes mes certitudes d’adolescent ou de jeune adulte, s’est également distingué par l’heureux dénouement, au bout de quatre mois d’un suspense à la limite de l’insoutenable chantage, du feuilleton entourant le renouvellement de mes droits aux allocations, de quoi dégager enfin l’horizon de mes préoccupations et me mettre dans des dispositions d’esprit suffisamment saines pour prendre davantage de distance avec ma famille, ce dernier lien géographique et affectif avec une jeunesse dorée où rien ne semblait pouvoir altérer ma sensation de bonheur et d’accomplissement permanent, quand bien même je me déciderai à rester encore quelques années à Strasbourg malgré mon faible pour le soleil et la mer. En effet, après avoir dûment félicité mon ami d’enfance H, dont je tairais ici le nom complet pour des questions évidentes de confidentialité, de trois mois mon aîné, qui bénéficie donc toujours d’une certaine avance quant à ce type de démarches, pour avoir obtenu, du premier coup, le privilège de se rendormir tranquillement pour les dix prochaines années, je m’étais suffisamment reposé sur mes lauriers pour être complètement pris au dépourvu en ce magnifique jour d’été où la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) du Bas-Rhin m’a, informé, dans un courrier du 23 juin, que mes droits à l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) et à l’allocation Compensatrice Tierce Personne (ACTP) n’allaient être reconduits que pour cinq ans, sans autre explication de sa part que la traditionnelle formule « après étude de votre situation », me laissant ainsi le soin de choisir seul entre trois maux:
- accepter la décision en l’état, sachant que les dossiers sont censés être examinés au cas-par-cas et que l’attribution d’un statut pour une période de dix ans relève en principe d’une exception, et non d’un droit garanti en tant que tel à toute personne présentant, comme H et moi, une déficience supérieure à 80%, de sorte qu’un nombre grandissant de MDPH n’accordent plus aucune faveur de ce genre sous prétexte de leurs sérieuses et récurrentes difficultés de trésorerie, mais au risque d’accepter aussi que mon ami H, qui voit pourtant beaucoup mieux que moi, soit d’autant mieux traité à une époque où les offensives de restrictions budgétaires pourraient, d’ores et déjà, modifier substantiellement la donne d’ici cinq ans;
- contester la décision sur la base de l’inégalité de traitement entre nous, au risque d’inciter la MDPH à rouvrir le dossier d’H, à considérer que ses droits avaient été surévalués et à les ramener également à cinq ans sans améliorer pour autant ma propre situation, de quoi être perdants tous les deux et créer des rivalités inutiles que nos parents ont parfois si bien exploitées à leur unique avantage;
- ou contester la décision en chargeant encore un peu la barque par rapport au contenu du dossier initial, au risque d’aboutir à un réexamen de fond de ma situation pendant lequel on pourrait éventuellement trouver à redire à mon train de vie…
Au final, après avoir amplement exploité le délai de recours de deux mois pour contester la décision au motif que le certificat médical de mon ophtalmologiste, qui me suit déjà depuis ma naissance et se trouve donc être assez bien placé pour juger de l’évolution de mon acuité visuelle, témoignait assez clairement d’une détérioration de ma vue par rapport à ses examens de 2004 et que les dix ans me donneraient au moins le temps de faire face à ce que la poursuite de ce mouvement baissier impliquera vraisemblablement par la suite, pour peu que s’y ajoutent encore les aléas de l’âge (ce qui est loin de n’être que pure exagération parce que je constate bien, chaque jour un peu plus, combien il m’en coûte désormais de vouloir continuer de jouer avant tout la carte du malvoyant, même si les vertus euphorisantes de mes performances sportives, informatiques ou financières, qui ont pris, en fin de compte, la place de mes résultats scolaires et professionnels d’entant au sein de la pharmacopée des activités psychotropes, me donnent souvent l’impression de pouvoir contrecarrer ou transcender les limites étroites de mes aptitudes physiques), j’ai obtenu gain de cause le 17 septembre dernier dans la mesure où la MDPH m’a fait savoir qu’il s’agissait apparemment d’une « erreur interne » parmi tant d’autres depuis la mise en œuvre de la loi « handicap » du 11 février 2005!
Enfin, pour ce qui est de mes prouesses informatiques, et plus précisément de ma capacité à dévorer les dernières trouvailles de chez Apple, mon euphorie aux élans visionnaires du mois de juillet, qui s’inscrivait dans le prolongement direct de l’acquisition de mon nouveau MacBook Pro, a fait place à une approche bien plus rationnelle privilégiant l’utilité réelle au marketing des potentialités, car après avoir longuement éprouvé Mac Os X Snow Leopard, la dernière mouture du système d’exploitation de la firme à la pomme croquée, j’ai bien dû me rendre à l’évidence qu’il faudra probablement attendre la sortie de Mac OS 11, donc éventuellement une date aussi marquante que le 11/11/2011, pour convertir un Macintosh en un terminal d’accès au « Web 3.0 » et une véritable extension du cerveau humain par le biais de son OS d’origine, et que dans l’intervalle, j’allais malheureusement encore avoir besoin de Windows pour appréhender, entre autres, des pages web complexes ou des contenus Adobe Flash, si bien que j’ai dû me résoudre à partitionner le disque dur de mon cher laptop à l’aide de l’utilitaire BootCamp et à acheter une copie de Windows Vista avec mise à jour gratuite vers Windows 7 pour disposer d’une panoplie complète d’outils aptes à se substituer avantageusement au vieil ordinateur portable que je venais de céder à mon père pour l’initier à Internet à moindre coût, et que j’envisage à présent de sauter dans le train du logiciel libre en consacrant une partition de mon iMac à des expériences sur des distributions Linux comme Fedora et Ubuntu.
En conclusion, je dirais que 2009, année de mi-mandat pour un Nicolas Sarkozy qui a déjà commencé à sortir du bois des discours démagogiques et de l’enfumage par l’action tous-azimuts en vue de la prochaine campagne présidentielle, quitte à chasser, lui aussi, sur les terres frontistes en lançant un débat nauséabond de plus sur l’identité nationale, et qui ne pourra pas éternellement transférer à d’autres la responsabilité de notre piètre situation, maintenant que la crise, qu’il n’a pas forcément jugulée mieux que les autres, est supposée déboucher sur une récession prolongée dont les retombées ne se gèreront plus tant au niveau de je ne sais quel sommet mondial ad hoc, mais à celui, bien plus modeste et ingrats, de ces agents du « Pôle Emploi » qui n’en peuvent déjà plus d’avoir dû encaisser le choc de la fusion ratée entre ASSEDIC et ANPE, a réellement constitué, de part son intensité, la porte de sortie d’une horrible décennie de souffrances, de remises en question et de reculs, et qu’il est, plus que jamais, temps de tourner une page de taille dans les grands livres de la destinée de l’Humanité et de ma vie d’adulte, de sorte que je vous renvoie à présent, pour ce faire, au chapitre suivant, où j’essaierai de vous dresser quelques perspectives d’avenir pour les années 2010!
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