Twitter 1.0 : mon irremplaçable amitié avec Céline, les Printemps Arabes et ma brève envi de me remettre à écrire…

Première partie de ma trilogie twittérienne en devenir, actualisée en dernier lieu le 29/03/2014, dont vous pouvez également lire dès à présent le prologue et le deuxième volet

Il y a des jours où Twitter m’a semblé si dépeuplé, tant elle me manque, ma si chère Céline, depuis ce 23 juin 2013 où elle y a posté son dernier message… Mais aussi longtemps qu’elle ne perdra pas sa raison d’exister et de lutter dans le vrai monde, moi non plus, je n’aurai aucune raison de vous abandonner !!!

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Il était une époque, pas si reculée qu’elle n’en a l’air, où ma rage d’écrire et de partager avec l’Humanité les moindres fruits de mon hyperactivité cérébrale se manifestait avant tout par la rédaction d’articles de blog où de textes prédestinés à atterrir au musée des œuvres électroniques négligées, faute d’être tombés entre les mains, les yeux ou les coeurs de lecteurs assez curieux, patients, attentifs et bien intentionnés à mon égard, mais dont je continue néanmoins à assumer discrètement la paternité et le contenu pour y avoir consacré tellement de temps, de fougue, de passion et d’engagement personnel. Puis, il y a un an, environ, est arrivée cette phase où la célèbre plateforme de microblogging Twitter a pris tant d’importance dans mon existence virtuelle que j’en ai presque oublié la possibilité de communiquer autrement que via des messages de 140 caractères, prolongés, le cas échéant, par des publications sur TwitLonger ou Amplify.com, subjugué que j’ai soudain été par l’incroyable perspective d’entraîner d’illustres inconnus dans les dédales de ma pensées sous une forme plus accessible au commun des mortels et d’aborder, quasiment en temps réel, au rythme de mes réflexions et des rebondissements de l’actualité, une palette de sujets assez vaste pour couvrir avec une régularité de métronome à peu près tous mes centres d’intérêts, sans réprimer pour autant mes envies de créativité et d’originalité en décidant, par exemple, au paroxysme de mon épanouissement, de live-tweeter les déboires de l’équipe de France et le déroulement des principales rencontres de la Coupe du Monde de football sous forme d’alexandrins, avec un léger parti-pris pour la sélection allemande en raison de mes racines familiales germaniques…

Puis, un certain mercredi 1er décembre dernier, alors que ma vie, qui avait déjà relevé de la descente aux enfers depuis le non-renouvellement de mon contrat de traducteur à la Commission européenne en mai 2001, semblait condamnée à se résumer aux ténèbres éternelles parce qu’un charlatan d’ophtalmologiste, pour qui la carte de son parti comptait infiniment plus que la dignité de ses patients, avait décidé de sacrifier progressivement l’acuité visuelle du seul œil qu’il me reste pour me faire payer au prix fort les quelques activités associatives que j’avais menées avec ses adversaires politiques dans les années 1990 et mon refus de me faire jeter sans autres formalités dans la catégorie des aveugles complets, encouragé en cela par son statut de conseiller général en lien direct avec tout ce que le Département compte de structures administratives et d’associations de personnes handicapées à la solde des pouvoirs publics, capables de me pourrir l’existence au quotidien en vertu d’une « vision » totalitaire de la déficience visuelle, selon laquelle la cécité intégrale constituerait le seul remède valable à la pathologie de la malvoyance profonde, et les tracas à répétition autour de mes allocations une réponse adéquate à mon désir de discerner encore un tout petit peu plus qu’ombre et lumière…, alors que mon unique salut, / la perte de tout espoir sérieux de guérison dépendait, à ce moment-là, d’un rendez-vous chez le Pr Sahel, spécialiste de réputation mondiale, accessoirement conseiller scientifique attitré de la sacrosainte Fédération des Aveugles de France, en mesure de calmer les ardeurs du Conseil Général et de l’association locale des aveugles en cas de besoin…, rendez-vous pris, de surcroît, pour un certain lundi 13 décembre, jour de la sainte patronne de la lumière, ma route a soudain croisé, au détour de son abonnement à mon flux Twitter, celle d’une dénommée Céline, dont la simple présence a suffi à aiguiser ma curiosité en raison d’une étrange cabriole de VoiceOver, l’utilitaire de lecture d’écran par synthèse vocale intégré à Mac OS X…

Imaginez, en effet, qu’une voix de synthèse, pour humaine que soit, vous restitue le contenu d’un site web, ligne par ligne ou, au mieux, un paragraphe après l’autre, et qu’elle s’exclame soudain « Céliiiiiiiiine !!! », dans toute la mesure permise par les prouesses d’une machine, à la lecture d’un pseudo Twitter composé du prénom « Celine » (sans accent aigu) et d’une série d’idéogrammes chinois parce qu’elle prend ces caractères « non-standards », étranger à l’alphabet latin, pour des espèces de mélanges entre points d’interrogation et d’exclamation, un peu comme si je vous disais, d’un air à moitié angoissé, à moitié agacé: « Mais qu’est-ce que tu fabriques, Celiiine ???!!! Ça fait trois heures que je t’attends ! » ! Comment ne pas être particulièrement attentif à chacun de ses messages dans ces conditions-là, indépendamment de leur teneur, et ne pas prendre toute une soirée à les décoder à un moment où je ne voyais même plus assez clair pour activer mes droits d’accès au match en retard de Ligue 1 OM-Rennes via mon décodeur TV ?

Tiré de ma léthargie extrême, de cette sorte d’état second où je végétais d’un jour à l’autre dans l’attente du verdict médical, quelque-peu amusé et agréablement distrait par ce curieux bug technologique, aussi belge que le fabricant de ma synthèse vocale, motivé à remobiliser mes dernières forces à la découverte de ses écrits, j’ai donc été particulièrement intrigué et captivé par l’éclectisme de son fil Twitter, sa capacité à lancer d’interminables discussions sur la base de quelques phrases postées inopinément, sans cohérence évidente entre elles, et son art de manier si élégamment les armes du rire, des jeux de mots, des slogans détournés, des observations et des anecdotes diverses dans un souci évident de « provocation positive », c’est-à-dire pour susciter des réactions sans jamais créer un climat d’incompréhension, d’intolérance, de haine ou de mépris…, avant de me résoudre à dévorer goulument son blog en bon amateur de gastronomie littéraire fine et d’y laisser, illico, le premier d’une longue liste de commentaires passionnés, empreinte numérique initiale dont je suis encore on ne peut plus fier à l’heure qu’il est, un exploit pour qui sait combien je suis souvent tombé de très haut dans mes rapports avec les autres, notamment les femmes (mais là, pour une fois, même mes attentes les plus folles ont bien fini par être dépassées, car jamais je n’aurais pensé être à nouveau apte à faire d’une femme, objet de méfiance sui generis, une vraie amie dont je ne supporterais plus de me passer à l’heure qu’il est).
Le propre des relations humaines étant d’obéir déraisonnablement à des raisons que la Raison ignorera à jamais, autrement dit, d’être irrationnelles et fondamentalement inexplicables, il se trouve que ce sont, tout d’abord, mes lectures et cette façon si engageante de Céline de me mettre en confiance qui m’ont incité à la considérer comme une véritable amie, tellement pus proche de moi que beaucoup d’autres personnes dans la « vraie vie », et à lui faire part, bien trop vite et brutalement, de tout ce que j’avais sur le cœur depuis des années, au risque de trop lui en demander d’emblée et de lui donner une occasion en or de reprendre son chemin en quelques clics grâce à l’anonymat et au caractère intrinsèquement furtif des rencontres sur la Toile. Mais son exceptionnelle grandeur d’âme a précisément consisté à ne pas me fuir dès la première occasion d’être mal à l’aise avec moi, à faire tout son possible pour ne pas répondre par la violence gratuite à un flot de paroles que mon état de surtension nerveuse chronique avait souvent rendu assez violent et agressif, à ne jamais profiter, et encore moins abuser de ma position de faiblesse pour exercer sur moi un pouvoir autre que celui de la fascination et de l’exemplarité morale, à ne ménager aucun effort pour dépasser ses propres appréhensions, à me faire transformer la force de ma colère et de mon désespoir en autant d’énergie positive et créatrice, à me faire croire à une issue heureuse, génératrice de perspectives nouvelles, à me rester plus fidèle que jamais, allant jusqu’à être la première personne à écrire sur ma timeline publique, en guise de vœux de Nouvel An: « j’aime beaucoup te lire; suis heureuse et fière de te compter parmi mes amis! », à m’écouter, me conseiller et m’offrir le simple réconfort de sa présence quotidienne, parfois via l’échange d’une bonne dizaine de messages privés par jour, à accomplir l’incroyable prouesse de me détendre et me faire rire pour m’amener à dédramatiser, de temps à autres, le poids de ces heures si lourdes que je sentais passer chaque seconde, et à être au fait de certaines choses dont peu de gens ont pu ou voulu prendre conscience auparavant. Alors, s’il va de soi que cela n’allait avoir aucune incidence sur ma situation médicale objective, assortie d’une angoisse existentielle de plus de quatre mois parce que personne n’osait plus rien prévoir (diagnostic d’une cataracte à Paris, renvoi chez un collègue du Pr Sahel à Strasbourg afin de réaliser des examens complémentaires préalables à toute opération au plus près de mon domicile, histoire d’éviter les allers/retours incessants en TGV Est, indices d’un léger décollement de rétine de nature à compromettre sérieusement la faisabilité de l’intervention, deux mois d’attente pour obtenir un créneau d’IRM dans notre charmante capitale européenne, pour lever l’incertitude quant à l’état de ma rétine et décider, au final, de tenter l’opération envers et contre tout, le mercredi 20 avril…), il n’empêche que j’avais probablement besoin de contacts si chargés en émotions fortes et sincères pour continuer à éprouver le courage et l’envie de mener le perpétuel combat de la vie, mais que Céline, à elle seule, ne serait jamais arrivée à m’aider à créer un environnement virtuel serein, paisible, positif et attrayant si nos échanges avaient continué à fonctionner en vase clos, et n’avaient eu de public que les apparences !

C’est pourquoi je n’ai alors pas tardé à chercher activement, dans son entourage, mais pas seulement, d’autres personnes avec qui je puisse créer, par la fabuleuse entremise de l’écriture, le seul endroit sur Terre où l’on me juge encore davantage sur mes idées et mes qualités humaines objectives que sur les dommages collatéraux d’un handicap de plus en plus lourd à porter, indépendant de ma volonté; avec un succès si flagrant que ce qui me semblait tenir, au départ, d’une sorte de « shoot de fin de soirée » (comme d’autres réclament leur dose journalière de stupéfiants) s’est vite transformé en une expérience unique que j’espère bien pouvoir poursuivre encore longtemps, notamment sur l’espace supplémentaire offert par le présent blog.

Galvanisé par la dynamique révolutionnaire de toutes celles et tous ceux qui, des régions françaises affectées par les permis d’extraction de gaz de schiste à la Place Tahrir du Caire, ont eu le courage de se soulever contre ce qu’on leur présentait pourtant comme l’essence même du destin de la Société, réconcilié au moins partiellement avec le genre humain pour avoir perçu, chez certain(e)s de mes semblables, des relents d’aspiration à un monde meilleur, plus humain, solidaire et supportable, ou simplement moins hostile aux plus vulnérables d’entre nous, pressé d’en découdre avec la tyrannie d’un corps qui avait fini par prendre l’ascendant sur les vestiges de normalité socio-biologique que mon esprit s’acharnait à conserver par un sain instinct de survie, impatient de mettre toutes les chances de mon côté pour étendre à l’univers réel l’atmosphère positive et libératrice que j’avais réussi à créer autour de ma présence sur Twitter, je m’étais habitué à l’idée que malgré les faibles chances de succès que l’on me prédisait à la suite de mon opération du fait de sa complexité, le pire serait de laisser les choses en l’état pour le seul bonheur de ceux qui réclamaient déjà ma tête de mon vivant. C’est donc avec un soupçon de résignation dans la perspective d’un échec, mais réchauffé par la flamme de l’espoir et la sensation de ne pas être entièrement abandonné à mon sort, pour avoir reçu tant de marques de soutien, d’affection et de tendresse de la part de personnes dont certaines habitent à l’autre bout du Globe, que je suis parti me faire opérer en ce mémorable 20 avril, pour quitter l’hôpital dès le lendemain, sous de premiers signes plutôt encourageants, bien qu’il m’ait fallu près d’une semaine pour réaliser combien la situation s’était réellement améliorée… Autant dire que pour moi, le 21 avril revêt enfin une signification infiniment plus heureuse que ce souvenir, continuellement réchauffé par l’actualité, de ce triste dimanche où Jacques Chirac s’était un peu trop bien servi de Jean-Marie Le Pen pour écarter Lionel Jospin du second tour de la présidentielle et se faire élire avec un vrai score de république bananière, que je n’ai jamais pris autant de plaisir à célébrer Pâques, cette magnifique fête du renouveau et de l’espérance retrouvée !!!

Certes, mon gain d’acuité visuelle reste assez limité par rapport à ce que je percevais il y a une petite quinzaine d’années, de quoi enterrer, à court et moyen terme, le rêve de mener une vie proche de celle d’un bien-portant, de passer le permis de conduire pour être totalement indépendant dans mes déplacements au lieu de m’en remettre à quelques âmes charitables motorisées, aux taxis ou aux transports en commun sur des trajets hors de portée de mes pieds, et de reprendre une activité professionnelle normale sans devoir cumuler un triple handicap (ne pas être assez productif pour satisfaire aux cadences infernales du marché de la traduction, me le faire reprocher sans arrêt par une clientèle exigeante et pointilleuse par nature dont le but n’est en rien de donner dans le social ou l’humanitaire lorsqu’elle me confie une mission, gagner quelques centaines d’euros de moins par mois qu’en percevant des allocations qui ne devraient même pas être soumises à des plafonds de revenus si l’État prenait à la lettre ses beaux discours sur l’intégration sociale ou l’égalité des chances). Mais il n’empêche qu’en cette seconde moitié de printemps 2011, à un moment où les cicatrices de l’opération sont suffisamment bien guéries pour me mettre enfin en mesure de goûter immodérément aux fruits de la réussite médicale, je parviens à nouveau à lire et trier mon courrier à l’aide d’un dispositif capable d’agrandir jusqu’à 30 fois les caractères d’imprimerie, à utiliser occasionnellement le zoom de Mac OS X en vue de pousser enfin les portes de tous ces sites bourrés d’animations Flash et autres réjouissances multimédias qui me restaient au moins partiellement inaccessibles jusqu’à présent, à contempler la variété des couleurs et des formes d’arbres ou de plantes que la Nature nous offre en ce moment, à m’orienter au moyen de quelques repères visuels au lieu de m’en remettre quasi systématiquement à la canne blanche, outil stigmatisant s’il en est ! Et quoi qu’en disent tous ceux qui ont des idées bien arrêtées sur la question, à commencer par ces despotes de la cécité que les pouvoirs publics ont volontairement placé à la tête d' »associations représentatives » censées faire la pluie et le beau temps en leur nom en échange de subsides pour le moins généreux, quoi qu’en disent ceux qui n’ont eu de cesse d’attendre qu’un « faux aveugle » comme moi perde enfin toute raison de faire bon usage de sa vue et s’excuse éventuellement de ne pas encore s’être crevé l’oeil de sa propre initiative pour précipiter l’évolution naturelle des choses, quitte à éteindre définitivement en moi la lumière du respect de ma propre vie à force d’avoir voulu m’imposer, outre la cécité physique, celle de leur propre esprit, chacun de nos sens est si inestimable que de retrouver mon aisance cognitive d’il y a cinq ans, environ, me rend enfin ma fierté d’exister, me redonnant ainsi la possibilité d’appliquer à la « vraie vie » la démarche droite, ferme et assurée que tant de personnes avaient déjà su admirer en moi via les mondes virtuels de Twitter ou Facebook !

En conclusion: s’il y a de fortes chances que je ne ressorte pas indemne de tout ce que j’ai subi depuis de trop longues années, que je ne pardonne pas de sitôt à la Société de m’avoir refusé des droits humains aussi essentiels que celui de bénéficier des progrès de la médecine, que je mette encore beaucoup plus longtemps à pardonner au « monde des aveugles » (ou du moins à ses représentants si bien en place) d’avoir nié ma légitime aspiration à tirer pleinement parti de la multiplicité de mes sens, comptez néanmoins sur moi pour appliquer à la lettre cette phrase de Céline à laquelle j’ai repensé dès le réveil de l’opération, alors qu’on avait oublié de me prévenir que l’oeil serait recouvert d’une coque opaque afin de le protéger de la lumière = que je me retrouverais totalement plongé dans le noir, qui m’avait alors valu de m’exclamer « Céline, aide-moi !!! » quelques secondes plus tard, faute d’avoir su formuler plus rationnellement ma peur que tous les efforts aient été vains…, cette phrase qui devrait sonner comme une évidence si seulement nous ne vivions pas dans un monde où l’Humanité a décidé de faire triompher l’obscurantisme pour accélérer son autodestruction :

Nous sommes tous des aveugles sans notre âme qui est notre lumière

!

Car si à toute chose malheur est bon, j’espère, au moins, que mes souffrances auront fait grandir mon âme, et que de recouvrer un peu de vue me rendra toujours plus vigilant, plus attentif à ce qui se passe autour de moi, plus intolérant envers l’intolérance, méprisant envers le mépris et intraitable avec toutes les idéologies qui se réduisent à propager la haine !!!

Tel sera aussi l’objectif de ce blog à l’avenir; alors, après avoir suivi mon chemin de croix, rendez-vous très bientôt pour y parcourir une longue route pavée d’eau de prose !!!

>Pékin 2008: entre réflexions collectives et réaction individuelle

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ou comment les Jeux Olympiques de Pékin, le nouvel ordre géopolitique « post-subprimes » et l’envie d’en découdre consciencieusement avec la logique du loser m’ont conduits, in fine, à perdre 8 kilos et à parcourir 90 km sur mon vélo d’appartement…

À l’heure où la Terre entière ne semble plus avoir d’yeux que pour la Chine et ses Jeux Olympiques d’Été, à la fois grandioses, terrifiants et ô combien caractéristiques d’une nouvelle donne géopolitique globale au vu de laquelle l’Empire du Milieu n’aura jamais aussi bien porté son nom, tant les sujets d’Hu Jintao sont parvenus, grâce à leurs produits, leurs usines, leur main-d’œuvre inépuisable, leur capacité d’adaptation et leurs talents de copistes / espions industriels à grande échelle, et non sans une certaine négligence complice de nos élites politiques, économiques et financières occidentales, obnubilées par la croissance exponentielle de leurs bénéfices, les résultats immédiats de leurs actions et l’impérieuse nécessité d’administrer, sous forme de « mesures d’accompagnement social du chômage », des remèdes de plus en plus passagers à une automatisation des tâches menée, entre autres, sous couvert d’une soit-disante lutte contre la pénibilité ou le caractère abrutissant du travail, à se placer résolument au centre d’un monde désormais multipolaire où la longue marche triomphale du capitalisme postindustriel, à jamais censée aller de pair avec l’écrasante hégémonie des États-Unis d’Amérique, mère-patrie de l’idéologie néolibérale et garant autoproclamé du salut de l’Univers sur la foi d’un mandat prétendument divin, s’est transformée en une âpre compétition pour quelques parts de marchés supplémentaires (à l’instar de ses courses animées par des athlètes devenus de véritables machines à pulvériser de quelques centièmes de secondes des records du monde d’ores et déjà hallucinants), et où la Chine, à défaut de disposer à domicile des matières premières ou des sources d’énergie susceptibles d’alimenter ses besoins présents et futurs, s’est au moins donnée les moyens d’avancer au rang des superpuissances du XXIe siècle en contrebalançant cette dépendance néfaste par le développement massif d’un tissu industriel hautement productif, fortement exportateur, générateur de millions d’emplois et tourné vers l’avenir, au lieu de se contenter, comme la France tend bien trop souvent à le faire, de s’extasier sur la richesse de son agriculture et sur quelques fleurons industriels issus de sa grandeur d’autrefois, quitte même à ignorer délibérément les agissements de la Russie ou du Soudan pour peu que ceux-ci continuent à lui fournir généreusement tout le gaz et le pétrole qu’il lui faut…; bref, à l’heure où le nouvel axe sino-russe devient le nouveau centre névralgique de la Planète pendant que les « seigneurs » américains et leurs vassaux européens peinent à défendre leurs partenaires géorgiens, ukrainiens ou afghans, rejetant l’Europe dans une torpeur ancestrale et l’Amérique dans les cordes du protectionnisme outrancier, et faute de pouvoir réellement agir, dans l’immédiat, sur le destin du Monde et les décisions des autres, j’ai pris, en mon âme et conscience, le parti de m’en tenir à la promesse, exprimée lors de mes vœux de Nouvel An, d’accomplir des performances exceptionnelles pour toute la durée des Jeux au lieu de me contenter d’assister passivement à celles de personnes dont seuls nos chaînes de télévision, comblés de joie à l’idée de meubler le vide sidéral de la grille d’été par une douzaine d’heures de direct quotidien, voire une couverture ininterrompue pour Canal + Sport et Eurosport, contribuent à une célébrité plus ou moins éphémère, grandement conditionnée par une stratégie opportuniste de gestion de carrière consistant délibérément à se priver de produits dopants au bon moment ou à passer le plus longtemps possible à travers les mailles du filet à force d’être encore plus malins que les organismes censés contrôler leurs agissements dans l’intérêt de la pureté originelle du sport…

Mon objectif ultime étant de ne plus gaspiller mon temps à échouer dans les domaines où je n’arriverai probablement jamais à satisfaire les attentes de mon entourage, mais de réaliser en revanche, ne serait-ce que par esprit de contradiction salutaire et pour me réapproprier le goût du défit, ce dont personne ne m’estime vraiment capable, à savoir perdre une bonne vingtaine de kilos pour atteindre mon poids idéal de 65 kg, fluidifier les contours de mon corps par une pratique intense de toutes sortes d’activités physiques et me mettre ainsi dans une posture bien plus favorable pour mener les combats de demain au lieu de m’attendre d’emblée à encaisser une défaite de plus, de quoi redonner, en partie du moins, une signification contemporaine à l’idéal de Pierre de Coubertin, fondateur et principal idéologue des olympiades modernes, selon lequel l’utilité du sport n’est pas forcément de remporter des victoires contre les autres, mais de contribuer avant tout à se dépasser soi-même, j’ai entamé, dès mon retour de mes vacances dans l’Allgäu (elles aussi des plus sportives au demeurant), un « programme olympique personnel » (POP) composé, pour l’essentiel, de 3 à 5 heures hebdomadaires de vélo elliptique, de vélo d’appartement, de 30 à 60 minutes quotidiennes d’entraînement aux poids et haltères, de pompes, abdos et autres réjouissances classiques de la musculation, de natation et de nombreuses randonnées pédestres à dénivelé variable, et complété notamment par un savant régime à base de plusieurs litres d’eau par jour, de fruits et légumes, de céréales, de viande et féculents en quantités modérées et de diverses barres énergétiques de type Ovo Sport. Ce faisant, et si l’on y ajoute les efforts entrepris depuis l’Euro 2008 de football, j’ai déjà réussi à réduire mon surpoids de plus de 8 kilos en 10 semaines, et je viens d’accomplir un véritable tour de force sur mon vélo d’appartement en y parcourant 90 km en un peu plus de 3h, soit 5 km de plus que mon précédent record personnel, aidé en cela par l’action combinée d’un puissant ventilateur aux capacités rafraîchissantes indéniables, de mon nouveau cardiofréquencemètre, aussi suisse que l’Ovomaltine, et de mon fidèle compagnon électroacoustique, plus connu sous sa dénomination commerciale d’iPod Vidéo 30 GO, qui m’encourage à développer une symbiose parfaite entre le rythme de mes pulsations cardiaques et celui de mes morceaux de musique préférés.

En conclusion: si déjà notre cher Président de la République n’a rien trouvé de mieux que de prétendre ne pas se faire dicter son agenda par les dirigeants chinois / être libre de rencontrer le Dalaïlama quand bon lui semble et vouloir boycotter la cérémonie d’ouverture des JO par solidarité implicite avec les victimes du régime post-maoïste, avant de se raviser, à peine quelques semaines plus tard, au nom des impératifs liés à la présidence du Conseil européen et de l’impossibilité d’ignorer un peuple représentant, à lui seul, un bon cinquième de l’Humanité, au risque de décrédibiliser la cause tibétaine tout en passant vraisemblablement, auprès des décideurs pékinois, pour une girouette à qui il devient difficile de faire confiance pour acquérir des A 380 ou des réacteurs EPR de qualité, si déjà les médias français commencent à nous raconter de temps à autres, , comme si de rien n’était, que les Jeux Olympiques ne se déroulent pas vraiment à Pékin, mais à Beijing, ce qui constitue bien plus qu’un mauvais anglicisme dans la mesure où le nom de Beijing traduit, en réalité, la volonté du régime de matérialiser la suprématie du cantonnais sur le mandarin, un choix politique que personne ne nous obligerait pourtant à reproduire en français, et si déjà le Racing Club de Strasbourg, qui s’est illustré, comme tout le monde le sait, par une fin de saison catastrophique, synonyme de descente en Ligue 2, n’a pas vraiment brillé par son esprit d’équipe et sa volonté de mettre en pratique l’idéal olympique du dépassement de soi, tel que je l’évoquais plus haut, tant l’individualité de certains joueurs se traduisait avant tout par de l’égoïsme, et non par le goût de l’effort et du progrès collectif, mes exploits personnels, en revanche, m’auront au moins permis de défier ce que j’estimais être mes limites, de me doper à la force de mes convictions et via la production d’endorphines sans user pour autant de substances illicites en provenance du monde des sportifs professionnels, et de jeter ainsi les bases d’un chantier pharaonique visant à transformer le corps, qui m’apparaît encore bien trop souvent comme une contrainte, en un outil de performance et de réussite personnelle!!!!